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Description (langue originale) : Dans la déposition de Charles Tiran, on peut lire : « Le lendemain, les paroissiens de Hautot-Saint-Suplice, ayant appris que les paroissiens d'Autretot avaient eu du blé à trois livres dix sols chez Charles Tiran, laboureur à Veauville-lès-baons, se présentèrent à sa ferme. Le déposant leur dit : 'Sy j'ay donné mon bled à trois livres dix sols, croiez vous que je l'aye fait de bonne volonté ? A quoi ils répondirent : 'nous ne savions point cela, au contraire, nous avons cru que vous le donniez de bonne volonté, mais sy vous n'estes pas content de trois livres dix sols, nous vous donnerons quatre francs. Ce que le déposant accepta et leur fit distribuer le blé. Puis dans l'après midi, il vint une troisième bande mais qui estoit d'Yvetot, composée d'environ quatre vingt personnes, tant hommes que femmes et petits garçons tireurs de fleurs dans les métiers de siamoises. (...) Le déposant qui estoit à sa porte, leur demanda ce qu'il voulait, ils lui répondirent : 'nous venons vous demander du bled à un écu le boisseau, et si tu ne veux pas nous en donner de bonne amitié, nous en aurons de force, enfin nous en aurons et nous en voulons'. Le déposant leur ayant représenté que leurs demandes n’estoit pas juste et qu’il ne pouvoit pas leurs en donner à un meilleur marché qu’il n’avoit toutte la matinée, ils persistèrent à vouloir l’avoir pour un écu, sur quoy, le déposant ajouta, vous venez avec des bastons, il y atoute apparence que c’est pour nous maltraiter. Qu’ils répondirent « que c’estoit point la leurs intentions, qu’on leurs avoit dit qu’il avoit laché ses chiens d’acache, et que c’estoit pour cette raison la qu’ils avoient pris des bastons, mais que puisque cela n’estoit pas vray, ils vouloient lui faire voir qu’ils n’avoient pas de mauvais dessein ». C’est pourquoy ils jetterent tous leurs bastons sur le fumier. Le déposant voiant qu’il en falloit passer par là, ainsi mieux aima mieux encore livrer son bled à un écu que tout perdre, il fit monter ses domestiques dans le grenier pour mesurer le bled. Deux des séditieux montèrent dans le grenier pour le voir mesurer et quand il l’etoit mesuré et mis dans la poche, ils l’apporchoient de la fenestre et le jettoient à celuy a qui la poche appartenoit. Et le déposant et sa femme recevoient l’argent. Le déposant fut si épouvanté des menaces que les séditieux lui firent qu’il ne put reconnoistre personne que ceux qu’il a cy dessus nommez et qu’il ne peut dire la quantité de bled qu’il livra. Sur les cinq heures et demie du soir, il vint encore une quatrième troupe à la teste desquels estoient a ce que lui a dit Marin Capron, boucher, les nommez Pierre le Roy, journalier, et un autre le Roy siamosier d’Yvetot qui demandèrent du bled. Le déposant leur ayant dit qu’il estoit déjà venu trois troupes chez luy qui lui avoient pris tout son bled de sorte qu’il ne lui en restoit plus qu’en viron cinquante boisseaux qui estoient pour son usage, mais les séditieux lui dirent qu’ils en vouloient voir pour eux mesurer ce qui en estoit. Pourquoy deux ‘entre eux se détachèrent et montèrent dans le grenier pour faire la visitte - estant redescendu, ils dirent aux autres qu’il estoit vray qu’il n’y en avait pas plus que le déposant l’avoit dit mais Pierre le Roy dit « je ne suis pas content de ses visites là, je veux monter la haut et voir par moy mesme ». L’ayant fait, et estant redescendu, il dit aux autres nous sommes quarante six nous en prendrons moins et nous aurons toujours chacun nostre boisseau. Le déposant ayant ajouté « mais quels prix messieurs comptez vous le payer ? ». Le Roy qui portoit toujours la parole pour les autres répondit « à un écu et pas davantage ». Le déposant leur dit « il n’y a pas d’apparence de vous donner le bled pour ce prix là puisqu’il vaut six grands et que je l’ai distribué toutte la journée à quatre ». Le Roy répondit « Sy ton bled à bled à quatre francs tu le donnera bien pour trois livres, nous n’en donnerons pas davantage et nous en aurons et si tu ne veux pas nou sen donner de bonne volonté nous allons mettrehache en bois ». Et entrèrent aussitost en foule et en grand nombre dans la maison du déposant ce qui lui fit tant de peur qu’il envoia chercher tout aussitôt ses domestiques pour le leurs livrer au prix qu’ils demandoient. Les deux le Roy montèrent dans le grenier et firent faire la livraison comme elle avoit été faitte par les autres bandes cy dessus. Et pendant le temps que les deux le Roy estoient dans le grenier à faire mesurer le bled, les séitieux qui estoient en bas murmuroient entre eux et disoient « ces B… là vont nous mesurer comme ils voudrons et se mesureront beaucoup mieux que nous, si nous croions cela nous les reverrerions ». Ajoute le déposant que ces gents là n’estoient pas dans la misère puisqu’ils changeroient un louis pour un écu, ajoute le déposant qu’il a livré cette journée environ quatre cent boisseaux de bled ».

Description (anglais) : -