Parabole du semeur


Cotentin, Lessay


1902


Georges Desdevises du Dézert


Le s’meux ’tait sorti pou sumaî.

Et durant qu’i ’sumait, y eut du grân qui tumbit l’ long du q’min, et l’z ouoiziâs s’en futent el’mougî.

Y en eut d’aôt’ qui tumbit dans les cailloux, iou que n’y avait pas biau fair’ ed terre ; pas mains, i’ l’vit, vu qu’la terr’ n’tait paî épaisse, mais sitôt que l’ solé fut levaî, coumm’ el grân n’avait paî d’rachaines, l’ solé l’ tchut et l’ séquit.

Y en eut d’aôt qui tumbit dans l’z épaines, et l’z épaines s’en vîntent à craître et l’étouffitent.

Y en eut itou qui tumbit dans la bounn’ terre, iou qu’i vint à fruit, et y avait des grâns qui dounnaient chent pour un, et d’aôt’s sessante, et d’aot’s trente. Que ç’ti lo entende qui n’est pai jodu.


Source : Armand Gasté, « Préface », in Arthur Marye, Contes et récits normands. V’la d’qué rire, 1902, Caen, Louis Jouan, p. X.


Georges Desdevises du Dézert (1854-1942) était un historien, romancier et poète, originaire de Lessay, au nord de Coutances. Docteur en droit et licencié ès lettres, il est un temps professeur d’histoire à Lorient, puis à Clermont-Ferrand à partir de 1892, où il devient doyen de la faculté de lettres en 1907. En Normandie, il a souvent utilisé le pseudonyme de Jean Lalouette. Il est l’auteur de Mon vieux Lessay. Le Pays, les gens, la vie (1928).