Interdisciplinary perspectives in visual media studies
MRSH, 2007, Cahiers de la MRSH, n° spécial, 216 pages, ISSN 1250-6419
Renée Dickason & Benoît Raoulx (eds)
Retour sur un ouvrage interdisciplinaire en visual media studies publié en 2007
L’ouvrage Screening Social Spaces, Interdisciplinary Perspectives in Visual Media Studies a été publié en 2007 par la Maison de la Recherche en Sciences Humaines de Caen. Il est issu d’un programme « Espace et paroles : terrains et médias audiovisuels » (2004-2006) qui a permis la rencontre de chercheurs en géographie, en anglais, en ethnopoétique.
Ces dernières années, l’intérêt pour les médias audiovisuels en sciences sociales et humanités – parfois qualifié de « tournant visuel » – justifie la mise à disposition pour un public plus large de ces contributions réunies en un ouvrage.
Le programme Film et Recherche en Sciences Humaines (FRESH), créé en 2012, porté par la MRSH, la MSHB et le Centre d’anthropologie de Sousse (Tunisie), est issu de rencontres interdisciplinaires – tant académiques qu’extra-académiques.
Rencontres entre la géographie sociale et le cinéma documentaire d’abord, dès les années 2000 et le premier atelier d’écriture organisé en 2004 avec la Maison de l’Image Basse-Normandie, coopération qui va se développer jusqu’à aujourd’hui. Le cinéma documentaire a permis de nouvelles formes d’écriture et d’intervention au sein de la recherche.
Rencontres aussi avec les sociolinguistes, qui vont se multiplier, notamment dans le cadre des Journées Internationales de Sociolinguistique urbaine (JISU, 2009) et les liens avec l’équipe PREFics de l’université Rennes 2. Rencontres avec les anglicistes, à la MRSH de Caen. Sous l’impulsion de Renée Dickason (aujourd’hui à Rennes) car les anglicistes avaient depuis longtemps travaillé sur les médias visuels. Ce champ s’est considérablement développé depuis dans les sciences humaines et sociales, en raison de l’« explosion » des médias comme des technologies numériques. Les séries télévisées, par exemple, sont devenues un thème à la mode, accompagnant les changements dans les modes de consommation de produits visuels.
Cet ouvrage rappelle aussi l’intérêt de développer l’interdisciplinarité. Le langage de chaque discipline peine à considérer ce qui n’est pas déjà dans le « cadre », hors-champ. Partager des méthodes et méthodologies permet d’accélérer les évolutions des disciplines pour rendre compte des nouveaux enjeux. Cet ouvrage montre aussi la variété des approches des médias visuels, à la fois objet d’étude – du cinéma documentaire, des séries télévisées, des soap operas, aux spots électoraux et aux films de science-fiction – et méthode de recherche, en géographie ou ethnopoétique par exemple. Les dimensions spatiales permettent de tisser des liens entre les contributions et de renouveler les approches de chaque champ disciplinaire.
Enfin, au-delà du visuel comme champ d’étude spécifique, les chercheurs en sciences sociales et humaines ne peuvent occulter la place des médias visuels dans la construction des sociétés et de l’espace, des rapports sociaux et des rapports à l’espace, construits à plusieurs degrés. Ces questionnements concernent aussi l’enseignement, bousculé désormais par les pratiques numériques des étudiants et la massification des images. Plus que jamais, il est nécessaire d’éduquer le regard dans la formation générale des étudiants, afin de maîtriser les enjeux posés par les médias visuels, de se les approprier comme mode d’expression et de réflexion.
Cet ouvrage n’étant plus aujourd’hui édité, il est téléchargeable en ligne depuis cette page.
Benoît Raoulx