Parmi les fonds de l’Institut Mémoire de l’Édition Contemporaine, les archives des Associations et syndicats de journalistes et plus précisément celles du Syndicat professionnel de la critique dramatique et musicale ont été retenues pour leur intérêt national et international, ne présentant pas de difficultés en terme de droits.
Le but de cette encyclopédie numérique est de restituer l’importance du critique dans la société de son temps. Le critique théâtral à la fin du XIXe siècle, au moment de l’explosion de la presse, devient l’un des personnages importants du journalisme : personnalité à part, très respectée lorsqu’il s’agit du feuilletoniste au point comme Robert de Flers de devenir rédacteur en chef littéraire du Figaro. Le critique se trouve au centre de la vie intellectuelle et artistique par ses articles mais souvent aussi au centre de la vie politique de la Troisième République suivant la place qu’il occupe dans l’organe de presse auquel il appartient. Le théâtre est, dans ces années-là, un enjeu qui dépasse très largement le seul domaine du spectacle. Léon Blum, avant de devenir le chef du gouvernement français fut pendant vingt ans un critique dramatique influent.
La diversité des documents autorise une nouvelle approche de la critique dramatique et musicale, loin des sentiers battus de l’étude littéraire et esthétique et permet de mettre en œuvre diverses méthodes d’analyse, à la fois historique (la création du syndicat de la critique est contemporaine de l’explosion de la presse), sociologique (transformation du rôle du critique, de la scène et du public de théâtre) et politique (le théâtre ne sera « libre » qu’en 1906, date de l’abolition de la censure mais continuera à faire l’objet d’un attention particulière de la part du gouvernement et certains critiques se transformeront en « censeurs »). L’étude de ce fonds permet également une approche médiologique puisque la critique théâtrale et musicale se développe en même temps que la transformation du journal en mass média grâce aux nouveaux moyens techniques et se modifie au fur et à mesure des découvertes scientifiques et technologiques- développement des chemins de fer, TSF, télévision…
À partir de chaque entrée consacrée à un critique, on retracera le réseau de sociabilités (intellectuelles, artistiques, politiques) qu’il entretient, la géographie des journaux et revues (chaque publication faisant elle aussi l’objet d’une fiche détaillée) dans lesquels il écrit, de façon à dessiner une « cartographie » de la société française à travers la vie professionnelle des critiques. En plus des fiches sur les critiques et celles concernant les publications, des articles thématiques seront consacrés aux statuts du syndicat, aux parrainages, aux prix, jurys, à la hiérarchie entre les différents critiques- soiristes, échotiers, feuilletonistes- à l’emploi des pseudonymes, aux critiques de province, aux critiques étrangers, aux femmes critiques, aux critiques/auteurs, aux critiques/politiques, aux critiques/metteurs en scène, aux critiques/universitaires, aux critiques/caricaturistes, aux critiques entre 39-45 (collaboration et épuration), aux critiques dramatiques qui deviennent critiques cinématographiques…
Responsable du programme ENCr, Chantal Meyer-Plantureux, professeur en Arts du Spectacle, Université Caen-Normandie, laboratoire HisTéMé.
Conseil scientifique, Myriam Juan, MCF en Études cinématographiques, Université Caen-Normandie, laboratoire LASLAR, Benoît Marpeau, MCF en Histoire contemporaine, Université Caen-Normandie, laboratoire HisTéMé, Marie Duval, doctorante, Université de Caen-Normandie, laboratoire HisTéMé, Marco Consolini, professeur en Études théâtrales, Université Sorbonne Nouvelle Paris III, laboratoire IRET et Cristina Tosetto, chercheuse associée CLARE, Université Bordeaux Montaigne.
Responsabilité technique : pôle Document numérique, Université Caen-Normandie.