VINGT-TROISIÈME JOURNÉE.
Mercredi 19 décembre 1945.

Audience du matin.

Dr FRITZ SAUTER (avocat de l’accusé von Schirach)

Monsieur le Président, hier on a projeté sur l’écran de cette salle un schéma montrant la structure du Cabinet du Reich, qui est l’une des organisations accusées. Sur ce tableau, sous la mention : « Autres participants aux réunions du Cabinet » figurait le nom de l’accusé von Schirach. Or l’accusé von Schirach m’a déclaré et m’a prié d’informer le Tribunal que jamais il n’a assisté à une réunion du Cabinet du Reich, et que jamais il n’en a été nommé membre, et qu’il ne prit jamais la moindre part à une décision de ce Cabinet.

LE PRÉSIDENT

Le Tribunal considère qu’il est prématuré de soulever ce point. Ce n’est pas à cette phase du Procès qu’il convient de discuter pour savoir si votre client était membre du Cabinet du Reich ou non. Le débat sur l’ensemble de la question aura lieu après la présentation des preuves et après l’exposé par le Ministère Public des arguments tendant à prouver le caractère criminel du Cabinet du Reich. C’est alors que vous pourrez, ainsi que tout autre avocat de l’un quelconque des accusés, exposer à votre tour vos arguments. Nous ne voulons pas, pour le moment, que l’on nous présente des arguments sur le caractère criminel de cette organisation, mais des preuves. Est-ce clair ?

Dr FRITZ SAUTER

Parfaitement. Je reviendrai donc sur ce point au cours de l’interrogatoire des témoins et prouverai que l’accusé von Schirach n’a jamais été membre du Cabinet du Reich. Je vous remercie.

COLONEL STOREY

Plaise au Tribunal. Hier après-midi nous avions commencé avec la participation des SA au premier point de l’accusation : diffusion de l’idéologie nazie ou propagande. On trouve dans un article paru dans Der SA-Mann, page 1 du numéro de janvier 1934, document PS-3050, le passage suivant qui se trouve encadré de rouge à la page 25 de la traduction anglaise ; l’article est daté du 6 janvier 1934 :

« La nouvelle Allemagne n’existerait pas sans les SA et la nouvelle Allemagne ne pourrait continuer à exister si les SA, conscients d’avoir accompli leur devoir, se retiraient maintenant à l’écart, avec calme, désintéressement et modestie, ou si le nouvel État les renvoyait chez eux tout comme des mercenaires qui ont terminé leur tâche. Au contraire, selon la volonté du Führer, les SA demeurent garants de la révolution nationale-socialiste devant les portes du pouvoir et le demeureront toujours, car il reste encore de gigantesques tâches à remplir, impossibles à concevoir sans la présence et la participation active des SA. Tout ce qui a été accompli jusqu’à maintenant, la prise du pouvoir gouvernemental, l’élimination des éléments responsables des lamentables événements des années d’après-guerre pour avoir soutenu le marxisme, le libéralisme et le capitalisme, tout cela ne constitue que la condition préalable, le tremplin en vue d’atteindre les véritables objectifs du national-socialisme.

« Conscients du fait que, sans la prise du pouvoir par Adolf Hitler, l’édifice national-socialiste aurait été effectivement construit dans le vide, le mouvement et les SA, soutiens actifs de sa volonté, ont en premier lieu tendu tous leurs efforts dans ce but considéré comme point de départ pour de nouveaux efforts et comme base pour la réalisation de nos désirs…

« De là découle la nouvelle mission des SA pour parachever la révolution allemande. En premier lieu, garantir la puissance de l’État national-socialiste, contre toutes les attaques venant tant de l’intérieur que de l’extérieur. En second lieu, constituer l’institut supérieur d’éducation du peuple pour un national-socialisme vivant. »

Cette fonction de propagandistes du Parti était plus qu’une responsabilité que les SA assumaient pour leur compte. C’était une responsabilité reconnue par la loi allemande. Le document PS-1395 est une copie de la loi assurant l’unité du Parti et de l’État que j’ai déjà citée. Elle fut promulguée par le Cabinet du Reich en 1933. Je vais en lire l’article 3, page I de la traduction anglaise :

« Les membres de la NSDAP et des SA, y compris les organisations qui en dépendent, en tant que force maîtresse et dirigeante de l’État national-socialiste, encourent une grosse responsabilité vis-à-vis du Führer, du Peuple et de l’État. En cas de manquement à ces devoirs, ils sont déférés devant une juridiction spéciale du Parti et des SA. Le Führer peut étendre ces dispositions aux membres d’autres organisations. »

Tels étaient les membres des SA, soutiens de la conception idéologique du parti nazi, soldats de l’idée, pour employer la terminologie des écrivains nazis. Permettez-moi de souligner que les SA constituaient un véritable organisme de propagande, le principal organisme utilisé par les conspirateurs pour répandre leur fanatisme parmi le peuple allemand. J’ai à peine besoin de signaler l’importance de leur rôle dans le succès effectif de la conspiration, car il n’est que trop évident que les nazis ne seraient pas parvenus à atteindre, dans leur conspiration, le degré de réussite auquel ils sont arrivés, si l’esprit du peuple allemand n’avait pas subi d’influence néfaste et pernicieuse et n’avait pas été contaminé par leur malfaisante idéologie.

Je passe maintenant aux autres activités des SA que j’ai déjà énumérées. La suivante consiste dans leur utilisation au cours des premières phases de la conspiration comme « bras de fer » de la NSDAP. Dans les débuts du mouvement nazi, l’emploi des SA comme instrument de propagande du Parti impliquait concurremment l’usage de la violence corporelle et de la brutalité. Comme l’a dit Hitler dans Mein Kampf, cet extrait figure à la page 4 du document PS-2760 (USA-256), page 4 de la traduction anglaise :

« Le jeune mouvement, dès le premier jour, a adopté le point de vue que son idéal devait être proposé sous sa forme spirituelle, mais que ce programme spirituel devait, au besoin, être renforcé par l’emploi d’un “bras de fer”. »

Je vais lire le reste de ce paragraphe :

« Fidèle à sa foi dans la signification prodigieuse de la nouvelle doctrine, le mouvement est convaincu que pour atteindre ce but, aucun sacrifice ne saurait être trop grand. »

C’est ainsi qu’aux premiers jours du mouvement, pour que les nazis puissent mieux répandre leur idéologie fanatique, les SA furent employés comme groupe terroriste chargé de conquérir pour les nazis la maîtrise et le contrôle des rues. Cela revient à dire qu’une des tâches des SA fut d’attaquer et de terroriser tous leurs adversaires politiques. L’importance de ce rôle apparaît dans le document PS-2168 (USA-411), rédigé par le SA-Sturmführer Bayer sur les ordres de l’État-Major SA. Je cite, à la page 3 de la traduction anglaise du document PS-2168, le troisième alinéa en partant du bas :

« La maîtrise des rues constitue la clé du pouvoir dans l’État. Pour cette raison, les SA sont entrées en action et ont combattu. Le public n’aurait jamais eu connaissance des discours révolutionnaires et de la propagande de la petite faction du Reichstag ni des désirs et des buts du Parti, si le pas cadencé et les chants guerriers des compagnies de SA n’avaient pas retenti dans les rues pour orchestrer la critique implacable du régime alors en vigueur. On voulait passer le jeune mouvement sous silence. La presse ne parlait pas du travail des nationaux-socialistes, encore moins des buts fondamentaux de leur programme. On voulait tout simplement qu’aucun intérêt ne s’éveillât à leur sujet. Mais, grâce au pas martial des SA, les citoyens même les plus endormis durent constater, pour le moins, l’existence d’une troupe combative. »

L’importance du travail des SA dans les débuts du mouvement a été soulignée par Goebbels dans un discours qui parut dans Das Archiv, en octobre 1935. C’est notre document PS-3211 (USA-419). La citation se trouve à la première page de la traduction anglaise :

« Nos adversaires en politique intérieure n’ont pas disparu pour des raisons mystérieuses et inconnues, mais parce que le mouvement possède un bras de fer dans ses organisations. Et le plus puissant bras de fer du mouvement, ce sont les SA. La question juive ne sera pas résolue individuellement, mais par des lois, car nous sommes un gouvernement antisémite. »

Des preuves circonstanciées de l’activité des SA au cours de la toute première phase du mouvement nazi, de 1922 à 1931, se trouvent dans une série d’articles parus dans le journal Der SA-Mann sous le titre : « Les expériences des combats des SA que nous n’oublions pas ». Chacun de ces articles est le compte rendu d’un combat de rue ou de réunion publique livré par les SA contre un groupe d’adversaires politiques dans les débuts de la lutte nazie pour le pouvoir. Ces articles démontrent que, durant cette période, les SA avaient pour rôle d’employer la violence corporelle pour anéantir et supprimer tous les moyens d’expression de la pensée qui paraissaient opposés aux buts ou à l’idéologie des nazis. Un certain nombre des ces articles ont été traduits, et leurs titres sont suffisamment explicites pour prouver la nature des activités des SA dans les débuts du mouvement. J’aimerais citer un petit nombre de ces titres, en donnant les références dans le gros volume relié de la collection de ce journal. En voici un du 24 février 1934, page 4 : « Nous maîtrisons la terreur rouge ». Du 8 septembre 1934, page 12 : « Batailles nocturnes dans les rues à la frontière tchèque ». Du 6 octobre 1934, page 5 : « Bataille de rue à Chemnitz ». Un autre du 20 octobre 1934, page 7 : « Les SA victorieux ». J’en passe plusieurs. En voici un autre du 26 janvier 1935, page 7 : « Les SA conquièrent Rastenburg ». Un autre du 23 février 1935, page 5 : « La 88e Compagnie reçoit son baptême du feu ». Un du 20 octobre 1934, page 7 : « Les SA contre la sous-humanité ». Pour terminer, je citerai l’article du 10 août 1935, page 10, dont le titre est : « Le dimanche sanglant de Berlin ». Un dessin symbolique du SA « Le maître des rues » accompagne l’article du 11 septembre 1937, page 1.

Quant à la nature de ces articles, voici, à titre d’exemple, dans l’édition de Franconie du SA-Mann du 30 octobre 1937, page 3, un article intitulé : « Le 9 novembre 1923 à Nuremberg ». J’aimerais citer les pages 14 et 15 du document PS-3050, qui est la traduction anglaise de cet article :

« Nous avons passé la nuit au Colosseum. (Il s’agit de Nuremberg). Puis le matin, nous avons appris ce qui s’était passé à Munich. “C’est à Nuremberg maintenant qu’une révolution doit être faite !” avons-nous dit. Tout d’un coup arrivèrent les policiers du poste de la Maxtor qui nous dirent qu’il vaudrait mieux rentrer chez nous, que le “putsch” avait échoué à Munich. Nous ne l’avons pas cru et nous ne sommes pas rentrés chez nous. Alors intervint la Police d’État, baïonnette au canon, qui nous fit évacuer la salle. L’un de nous cria : “Allons au café Habsbourg”. Mais le temps que nous y parvenions, la police l’avait déjà entièrement encerclé. Quelques-uns crièrent alors : “Détruisons ce local juif ! Les Juifs à la porte !” La police commença alors à nous happer. Nous nous sommes alors partagés en petits groupes et avons rôdé à travers la ville et partout où nous pouvions attraper un rouge ou un Juif que nous reconnaissions, les coups se mettaient à pleuvoir.

« Le soir, malgré l’interdiction de la police, nous nous rendîmes à une réunion à Fürth. Sur la promenade Hornschuch, la police tenta à nouveau de nous arrêter. Nous n’en avons d’abord pas tenu compte. Puis, tout de suite après, dans notre colère, nous avons attaqué la police et l’avons contrainte à la fuite. Nous nous dirigeâmes vers la salle Geissmann. Là aussi, ils essayèrent de nous barrer la route. Mais les hommes du Landsturm, qui se trouvaient également là, attaquèrent comme des possédés les policiers et les chassèrent des rues. Après la réunion, nous nous sommes séparés et sommes allés aux abords de la ville d’où, en colonnes serrées, nous avons repris la direction de Nuremberg. Dans la Willstrasse, près du Plärrer, la Police intervint à nouveau. Nous l’avons simplement écartée de notre route. Elle n’osait pas nous attaquer, car cela aurait signifié un bain de sang. Nous étions décidés à ne pas nous laisser faire. À Fürth, on avait déjà remarqué que “cela sentait le roussi”. Une foule considérable nous accompagnait dans notre marche. Nous avancions avec nos drapeaux déployés et faisions résonner les rues de nos chants :

« Camarade, tends-moi la main. Notre désir est de rester unis. Même si l’on nous méconnaît, l’esprit ne doit pas mourir. La croix gammée sur le casque d’acier, le brassard noir-blanc-rouge, nous sommes les Sections d’Assaut de Hitler. »

J’en arrive maintenant à l’utilisation des SA pour affermir la puissance du Parti. La troisième fonction des SA fut de mettre à exécution plusieurs plans destinés à renforcer le contrôle nazi sur l’État allemand, y compris en particulier la dissolution des syndicats et la persécution des Juifs.

Les groupes des SA furent chargés de détruire l’opposition politique par la force et la brutalité, partout où c’était nécessaire. On en trouve un exemple dans le document PS-3221 (USA-422). C’est l’original d’une déposition sous serment faite dans l’État de Pennsylvanie, aux États-Unis d’Amérique, par William F. Sollman, et que je citerai en entier.

« William F. Sollman, Pendle Hill School, Wallingford, Pennsylvania, ayant dûment prêté serment conformément à la loi ; fait la déposition suivante :

« De 1919 à 1933, j’ai été social-démocrate et membre du Reichstag. Avant le 11 mars 1933, j’étais directeur général d’une chaîne de journaux quotidiens, dont le siège se trouvait à Cologne et qui luttaient contre le parti nazi. Le 9 mars 1933, des membres des SS et des SA vinrent à mon domicile à Cologne et détruisirent l’ameublement et mes dossiers personnels. Je fus en même temps emmené à la Maison Brune de Cologne où je fus torturé, battu et roué de coups de pieds plusieurs heures durant. Ensuite, on me mena à la prison gouvernementale de Cologne où je fus soigné par deux médecins et relâché le jour suivant. Le 11 mars 1933, je quittai l’Allemagne. Signé sous la foi du serment. »

Avant l’organisation de la Gestapo sur une échelle nationale, les locaux de réunion des SA furent désignés comme lieux de détention et les membres des SA furent employés comme geôliers des communistes et autres adversaires déclarés ou présumés du parti nazi. Ce genre d’activité est exposé dans le document PS-1759 (USA-420), original d’une déclaration sous serment de Raymond H. Geist. M. Geist, ancien Consul des États-Unis à Berlin, se trouve maintenant à Mexico. J’aimerais citer plusieurs passages de cette déposition. Le premier se trouve à la page 5 de la traduction anglaise vers le milieu de la page et commence ainsi :

« Dans les débuts du régime hitlérien, seules parmi les organisations, les SA (Sections d’Assaut) eurent des réunions dans toute l’Allemagne. En attendant le jour où la Gestapo put être organisée sur une échelle nationale, les milliers de lieux de réunion des SA locales devinrent des lieux de détention. Il y en avait au moins cinquante à Berlin. Des communistes, des Juifs et autres, que l’on savait ennemis du parti nazi y furent internés, et, s’il s’agissait d’ennemis suffisamment importants, ils étaient immédiatement transférés au Quartier Général de la Gestapo. Au cours des années 1933 et 1934, quand la Gestapo fut complètement installée, les SA furent peu à peu éliminées en tant qu’agents d’arrestation et les SS furent incorporées dans la Gestapo en qualité d’éléments d’administration et d’exécution. Vers la fin de 1934, les SA avaient bel et bien été éliminées et les SS, qui portaient d’élégants uniformes noirs et que l’on appelait les gardes d’élite, devinrent à peu de chose près des fonctionnaires de la Gestapo. »

Je passe maintenant à la page 7 du même document, page 7 de la traduction anglaise. Elle commence…

LE PRÉSIDENT

Colonel Storey, cela signifie-t-il que les sections de SA furent dépossédées de ces fonctions dans les arrestations ou bien qu’elles le furent aussi de leurs autres fonctions ?

COLONEL STOREY

Non, Monsieur le Président. À ce que je comprends, les SA atteignirent le sommet de leur popularité en 1934, mais immédiatement après la « purge » de Röhm, elles commencèrent à décliner. Pendant ce temps, les SS qui, à l’origine, avaient constitué une fraction des SA, puis avaient pris de l’importance, devinrent en fait la fraction dominante qui se mit à croître et à se développer après cet événement.

Je crois donc que ce document démontre qu’après 1934, les SA commencèrent rapidement à perdre de leur importance. J’aimerais, maintenant, à la page 7 de la traduction anglaise, citer une partie du rapport du Consul commençant vers le milieu de la page :

« Un autre Américain, M. Herman I. Roseman a fait sous serment la déclaration suivante :

« Hier, 10 mars 1933, vers 4 h 30 de l’après-midi, je sortais du KDW avec ma fiancée, Fräulein Else Schwarzlose, domiciliée à Wilmersdorf (il donne l’adresse complète). Un homme en uniforme des SA me marcha volontairement sur le pied, et après m’avoir infligé cet outrage, me dit pardon. Je lui répondis “Bitte”, et je continuai à marcher. Il me suivit alors et me donna un coup de pied en disant : “Na und ?” (Et alors ?). Un policier vit la scène, mais continua sa route sans prêter attention à cette voie de fait commise à mon encontre. Je sortis alors mon passeport de ma poche, le montrai à un second policier en lui disant que j’étais citoyen américain, mais il ne s’arrêta pas ; apparemment, il n’était pas en mesure de m’accorder protection, à moins qu’il ne voulût point le faire. Le SA m’assaillit à nouveau, me frappa au visage, me blessa à l’arcade sourcilière et se livra à d’autres voies de fait sur ma personne. Pendant que je poursuivais mon chemin, ces attaques continuaient ; nous rencontrâmes un autre policier. Je m’adressai à lui en lui montrant mon passeport : “Je suis Américain et j’ai le droit d’être protégé”. Il haussa les épaules et me dit : “Qu’y puis-je ?”. À ce moment-là le SA, jugeant sans doute que l’agression avait suffisamment duré, s’éloigna.

« À ma requête, le policier nous conduisit, ma fiancée et moi, jusqu’au poste de police, 13, Bayreutherstrasse. Nous avons fait notre déclaration à l’officier de service, qui, après l’avoir écoutée, déclara qu’il regrettait, mais ne pouvait rien faire. Mon visage saignait. Le policier déclara qu’il avait des ordres de ne jamais intervenir dans les affaires auxquelles étaient mêlés des membres des SA. Je lui demandai alors ce que je devais faire pour ma protection. Il me dit qu’il n’y avait rien à faire, sinon d’attendre que la situation s’améliorât. Il ajouta que la police était absolument impuissante, qu’elle était sous la dépendance des SA et qu’il y avait des SA (Sturm Abteilungen) au sein même de la police. Sur ce, je suis parti… »

Et à la page suivante, page 8, il s’agit encore d’une américaine, madame Jean Klauber, dont je cite une partie de la déposition :

« Dans la nuit du vendredi 10 mars 1933, elle et son mari reposaient, lorsqu’ils furent réveillés par le tintement prolongé de la sonnerie de leur appartement. Ils entendirent de grands coups frappés à la porte de la rue dont on réclamait l’ouverture immédiate et que l’on menaçait de défoncer sur le champ. La porte de la rue fut ouverte par la femme du portier ; quatre ou cinq hommes entrèrent et se précipitèrent vers l’appartement du témoin, à la porte duquel ils sonnèrent et frappèrent à nouveau de grands coups. M. Klauber demanda qui était là ; on lui répondit : “La Police”. Il ouvrit sa porte et quatre ou cinq hommes en uniforme brun, dont l’un avait un manteau sombre et un fusil, firent irruption en bousculant M. et Mme Klauber. L’un demanda à Mme Klauber où se trouvait le téléphone. Elle lui indiqua la pièce où il se précipita aussitôt. À ce moment, un des hommes la renversa. Ils entrèrent dans la chambre à coucher, M. et Mme Klauber les y suivirent ; là, ils leur demandèrent leurs passeports. M. Klauber se dirigea vers l’armoire pour prendre le sien. Il fut arrêté par les intrus, qui lui demandèrent s’il avait des armes sur lui. Comme il était seulement vêtu d’un pyjama, il accompagna sa dénégation d’un geste montrant son vêtement. Il se dirigea alors vers le meuble, l’ouvrit et prit un des quatre costumes suspendus à l’intérieur, dans lequel il pensait trouver son passeport. À ce moment, il fut assailli par derrière par tous les intrus sauf un, qui lui portèrent de sérieux coups avec leurs matraques de police, tandis que l’homme au pardessus et au fusil faisait le guet. Ils proféraient tout haut des paroles telles que : “Regardez, quatre costumes ; alors que depuis quatorze ans nous crevons de faim”.

« Mme Klauber leur demanda les raisons de leur conduite. Ils répondirent “Juifs, nous vous haïssons. Il y a quatorze ans que nous attendions ce moment et, cette nuit, nous allons pendre beaucoup d’entre vous”.

« Quand ils s’arrêtèrent de frapper M. Klauber, celui-ci avait perdu connaissance. Ils réclamèrent alors à nouveau les passeports de Mme Klauber qui trouva son passeport américain et son passeport allemand, que les autorités locales avaient exigé d’elle en tant qu’épouse d’un citoyen allemand et que lui avait délivré la police de Munich après son arrivée. Les intrus les prirent tous les deux, malgré les protestations de Mme Klauber qui assurait qu’elle était américaine. Elle rechercha le passeport de son mari, le sortit de son portefeuille et, dans son désarroi, tendit ce dernier. Bien qu’il contînt beaucoup d’argent, ils le refusèrent et redemandèrent le passeport, Mme Klauber le trouva et le leur donna.

« Les agresseurs revinrent alors vers le corps de M. Klauber toujours inanimé, disant : “Il n’en a pas encore assez”, et le frappèrent à nouveau. Puis ils s’en allèrent en disant : “Nous n’avons pas encore fini”. Et juste avant de partir, s’adressant à Mme Klauber, l’un deux dit : “Pourquoi avez-vous épousé un Juif ? Je les hais”, et il lui donna un coup de matraque sur la mâchoire. »

La déposition du témoin se termine là, le paragraphe suivant est constitué par la déclaration du Consul des États-Unis :

« Je peux personnellement certifier que la police avait ordre de ne pas intervenir ; il y avait même des sanctions officielles en cas d’intervention. Des dépositions sous serment émanant de nombreuses victimes attestent ce fait. Je connaissais deux agents de police qui prenaient leur fonction au coin de la Bellevuestrasse et de la Tiergartenstrasse, non loin du Consulat général. Ils m’ont dit qu’ils avaient reçu, ainsi que toutes les autres autorités de police, l’ordre formel de ne pas contrecarrer les SA, les SS ou les Jeunesses hitlériennes. »

De plus, les membres des SA servirent de gardiens dans les camps de concentration durant la période de la consolidation du pouvoir et participèrent à la persécution et aux mauvais traitements des personnes internées. Je cite maintenant le document PS-2824 (USA-423), qui est un livre intitulé : Le camp de concentration d’Oranienburg, écrit par le SA Sturmbannführer Schäfer, commandant du camp de concentration d’Oranienburg. Je cite un passage de la première page de la traduction anglaise :

« Les plus sûrs parmi les SA, les plus anciens, furent choisis pour être mis à demeure dans les camps, pour en être les gardiens permanents. Nous avons ainsi créé des cadres de gardiens éprouvés, toujours prêts à être utilisés. »

D’autres preuves sur le rôle des SA dans les camps de concentration apparaissent dans le document PS-787 (USA-421). C’est un rapport adressé à Hitler par le Procureur Général de Dresde, concernant l’ouverture d’une information contre un certain Vogel, accusé d’avoir maltraité des personnes internées dans un camp de concentration, je cite :

« Le 14 mars 1935, le Parquet de Dresde a inculpé… l’Oberregierungsrat, Erich Vogel de Dresde, de coups et blessures au cours de son service. Cette information était basée sur les faits suivants :

« Vogel est fonctionnaire des services de la Gestapo de l’État de Saxe, depuis leur fondation ; il est le chef de la 11e section principale, primitivement appelée “Zub” (Zentrale für Umsturzbekämpfung – Section Centrale contre les menées subversives). Dans le cadre de la répression des atteintes à la sûreté de l’État, Vogel entreprit en 1933 plusieurs actions dénommées “actions frontalières”, au cours desquelles de nombreux individus politiquement indésirables et suspects, ou auteurs d’infractions politiques dans les territoires frontaliers, furent mis en détention préventive et amenés dans le camp de Hohnstein prévu à cet effet. On en vint au moins depuis l’été 1933 à y faire subir aux prisonniers de mauvais traitements particulièrement pénibles. Les internés étaient non seulement, ainsi que dans le camp de détention préventive de Bredow, près de Stettin, battus sans aucune raison avec des fouets et autres instruments jusqu’à ce qu’ils perdissent connaissance, mais encore torturés de bien d’autres façons à l’aide, par exemple, d’un appareil spécialement construit pour laisser tomber des gouttes sur le crâne des prisonniers, qui devaient se tenir dessous jusqu’à ce qu’ils en ressortissent avec des blessures purulentes sur le cuir chevelu. Les hommes et les chefs SA, coupables de ces faits, furent condamnés à des peines variant de neuf mois à six ans de prison par la première chambre criminelle du Landgericht de Dresde, le 15 mai 1935… Vogel, que ses fonctions amenaient souvent dans ce camp, participa à ces mauvais traitements, tout au moins à ceux qui étaient infligés dans la salle des entrées du camp, au cours des formalités d’écrou, et dans le magasin, durant la distribution des couvertures. À ce sujet, on doit souligner que Vogel était connu de tout le personnel du camp, précisément à cause de ses fonctions de chef du Zub et que sa conduite devint, dans une certaine mesure, le modèle qu’imitèrent de la façon décrite plus haut les chefs et les hommes des SA. »

J’aurais voulu lire complètement ce document ; mais à mon grand regret, je ne l’ai pas ici. Je ne possède que le court extrait que je voulais lire à la fin de mon exposé. En voici la suite :

« Vogel, demeurait longuement dans la salle des entrées à observer tout ce qui se passait, sans intervenir. En sa présence par exemple, le SA Mutze porta de tels coups à un homme, sans qu’il y eût provocation de sa part, que celui-ci finit par s’effondrer. Comme il vient d’être dit, Vogel non seulement ne s’opposa nullement à ces sévices sur les prisonniers, mais alla jusqu’à faire des plaisanteries sur ce sujet et à déclarer qu’il était amusé de la manière expéditive dont les choses se passaient en ce lieu.

« Dans le magasin, Vogel prêta son concours actif aux actes de brutalité qui s’y déroulaient. Les SA utilisaient des fouets et autres instruments pour battre les prisonniers jusqu’à leur occasionner de graves blessures ; beaucoup tombaient sans connaissance et devaient faire de longs séjours à l’infirmerie. Vogel était souvent présent dans ce magasin quand on maltraitait les internés. Tout au moins dans les cas énumérés ci-dessous, il se livra personnellement à des voies de fait sur les détenus. »

Et plus loin :

« … Le prisonnier fut étendu en travers du comptoir, selon la manière habituelle, la tête et les bras solidement maintenus. Les SA se mirent à le frapper très longuement avec des fouets et autres instruments. Vogel joignit ses coups aux leurs pendant un certain temps et, après ces brutalités, souffleta à nouveau le prisonnier, à tel point que son visage devint vert et bleu. Ce prisonnier était le ferblantier Hans Kühitz, qui portait le sobriquet de “Johnny”. Au moment de son départ, Vogel donna au chef du magasin, le Truppenführer Meier, cinq à six Reichsmark en disant textuellement que les SA avaient bien “transpiré pour ce prix”. Cet argent fut distribué par Meier aux camarades SA qui avaient participé à ces mauvais traitements. »

Une autre charge assumée par les SA dans les premiers jours qui suivirent la prise du pouvoir par les nazis fut celle d’une police auxiliaire. C’est ce que nous montre le document PS-3252 (USA-424), qui est un livre sur Hermann Göring.

LE PRÉSIDENT

Colonel Storey, est-ce qu’il appert du document que vous venez de lire que l’inculpé a été condamné pour ces faits ?

COLONEL STOREY

Je crois que oui, Monsieur le Président.

LE PRÉSIDENT

J’estime que ce fait doit être mentionné.

COLONEL STOREY

Je crois, Monsieur le Président, qu’il l’a été. Le document dit au début que le Parquet de Dresde a inculpé Vogel de coups et blessures, et je pensais que l’énoncé de cette inculpation impliquait qu’une condamnation avait été prononcée.

LE PRÉSIDENT

Le document le dit clairement, mais je crois que vous auriez dû vous-même en faire part au Tribunal. Le document se termine à la fin du paragraphe 3.

COLONEL STOREY

Oui, Monsieur le Président. Le document dit bien qu’il a été condamné. Mon dessein, en produisant ce document, était de montrer les faits qui se sont déroulés.

Je passe maintenant au document PS-3252. Comme je l’ai indiqué, cet ouvrage de Erich Gritzbach s’intitule Hermann Göring, l’homme et son œuvre. Il y est dit que les rangs de la Sicherheitspolizei (Police de sûreté) étaient renforcés par les SA qui étaient désignés comme l’instrument le plus sûr du mouvement. J’aimerais citer, à la première page du document PS-3252, dans sa traduction anglaise, le quatrième paragraphe :

« La réorganisation actuelle de la Schutzpolizei (Police de protection), a été peu remarquée du public. Ses cadres ont été renforcés par les SA qui constituent l’instrument le plus sûr du mouvement. Cette police auxiliaire a apporté une aide effective, grâce à son esprit combatif, dans la lutte contre les communistes et autres ennemis de l’État, non seulement à Göring, mais à la Police active à laquelle, animée par son idéal national-socialiste, elle a rendu le service d’insuffler un esprit nouveau à son organisation rigide. »

Je passe ensuite à la participation des SA au pogrom de Juifs des 10 et 11 novembre 1938, que met en évidence le document PS-1721 (USA-425). C’est un rapport confidentiel d’un Brigadeführer SA à son chef de groupe, en date du 29 novembre 1938. En voici le début, mais je ne lis pas l’adresse du destinataire qui est le groupe SA du Palatinat (Kurpfalz) à Mannheim :

« Le 10 novembre 1938 à trois heures, l’ordre suivant m’est parvenu :

« Par ordre du Gruppenführer, toutes les synagogues dans la zone de la 50e Brigade doivent être dynamitées ou incendiées immédiatement.

« Les maisons voisines habitées par des aryens ne doivent pas être endommagées. L’action doit être exécutée en vêtements civils. Le désordre et le pillage doivent être évités. Le compte rendu d’exécution de ces ordres doit parvenir au Brigadeführer ou au service avant 8 h. 30.

« J’ai immédiatement alerté les Standartenführer et leur ai donné des instructions très précises. L’exécution de cet ordre commença sur le champ. Je rends compte ci-dessous que furent détruites dans la région… »

Suit une liste de 35 synagogues détruites. Je n’en citerai que quelques-unes :

« Synagogue de Darmstadt, Bleistrasse, détruite par le feu… Synagogue de Gräfenhausen, installation en ruines. »

Puis, au compte de la Standarte 145 :

« Synagogue de Bensheim, détruite par le feu. »

Ce sont encore quatre synagogues détruites par le feu. Puis, à l’actif de la Standarte 168, huit synagogues incendiées. À la Standarte 86, la principale synagogue de Beerfelden sautée et l’aménagement intérieur de plusieurs autres ravagé. Standarte 221 : la synagogue principale et la chapelle de Gross-Gerau incendiées, une autre abattue et son ameublement ravagé. Ce compte rendu est signé par le Führer de la 50e Brigade, dont la signature est illisible.

Dans la persécution des Juifs, les SA ont encore rempli un rôle d’organisme de propagande pour les nazis. Il entrait dans leurs attributions de créer et de répandre parmi le peuple un esprit et des sentiments antisémites sans lesquels les crimes épouvantables contre l’humanité commis sur les Juifs n’auraient certainement jamais été tolérés par aucun peuple civilisé. Des preuves substantielles et accablantes de ce rôle se trouvent dans les volumes reliés du SA-Mann. Durant toute la période embrassée par ces volumes, article après article, apparaît dans cette publication une propagande anti-religieuse particulièrement cruelle et haineuse, destinée à engendrer et à développer haine et hostilité contre la race juive. Je me contenterai de citer quelques titres de ces articles. Le 27 juillet 1935, page 4 : « Terminons-en avec les Juifs ». Cet article se trouve, Messieurs, dans le document qui porte le nº PS-3050, pages 16 à 18. Dans le numéro du 2 février 1935, page 5 : « Les Juifs, péril mondial ». Le 20 juillet 1935, page 4 : « Soucis Juifs ». Le 1er juin 1935, page 1 : « Les Juifs sont ici indésirables ». Suit la déclaration ci-après :

« Alors, il faudra poser encore à la sortie du dernier village allemand l’écriteau suivant : “Les Juifs sont ici indésirables”, alors enfin, aucun citoyen allemand ne repassera plus le seuil d’un magasin juif. Atteindre ce but, telle est entre autres une des missions du SA en tant que soldat politique du Führer. Outre ses paroles et ses explications, il y a son exemple. »

Plus loin, le 17 août 1935, page 1 : « Que Dieu protège les Juifs ». Un autre le 15 octobre 1935, page 6 : « Le visage des Juifs » avec un portrait d’un Juif tenant faucille et marteau.

Je n’en citerai plus qu’un ou deux. Voici celui du 23 novembre 1935, page 2 : « Le Benjamin camouflé – Le bolchévisme de la culture juive dans la musique allemande ». Le 2 janvier 1937, page 6, une illustration d’aspect repoussant avec pour titre : « La Roumanie aux Juifs ». Voici enfin, la dernière citation : le 3 février 1939, page 14 : « Les amis de la juiverie mondiale : Roosevelt et Ickes ».

Ce qu’il y avait de saisissant dans ces articles, c’était que l’idéologie dont ils étaient imprégnés n’était pas à l’usage exclusif des membres des SA ; au contraire, le plan tendait à inculquer cette idéologie inique aux membres des SA qui, à leur tour, devaient être employés à sa diffusion dans les esprits allemands. Ce fait est prouvé dans l’introduction d’une série d’articles antisémites dans le journal du 5 décembre 1936, page 6. Je vais seulement en lire le titre, qui figure à la page 28 de ce même document : « Les fossoyeurs de la culture mondiale ». À la page 28, je cite cet avertissement : « Nous recommandons à nos camarades d’accorder une attention toute particulière à cette série d’articles et de prendre soin de les diffuser ».

De plus, des campagnes intensives furent faites pour persuader le public d’acheter et de lire Der SA-Mann dont de nombreux numéros furent placardés dans les lieux publics, afin que tout le monde pût les lire. Dans le SA-Mann lui-même sont reproduites plusieurs photographies montrant des numéros spéciaux placardés sur les tableaux d’affichage municipaux et plusieurs autres photographies de panneaux publicitaires. Sur l’un d’eux, par exemple dans le numéro du 31 octobre 1936, on peut lire : « Der SA-Mann a sa place dans chaque maison, chaque hôtel, chaque auberge, chaque salle d’attente, chaque magasin ». De même, dans un numéro du 24 août 1935, page 3, une photographie représente un groupe d’hommes des SA sur des camions portant à l’avant de grandes pancartes. Sur l’une d’elles étaient écrits ces mots : « Lisez Der Stürmer et vous connaîtrez les Juifs ». À la même page, une photographie représente ce qui semble être une manifestation officielle avec une grande affiche disant : « Qui connaît le Juif connaît le diable ».

LE PRÉSIDENT

Le Tribunal a exprimé son désir hier de ne pas entendre de preuves faisant double emploi. N’est-ce pas ici le cas ?

COLONEL STOREY

J’avoue, Monsieur le Président, que c’est bien possible ; mais j’ai voulu souligner ces faits. Je vais négliger les autres citations et passer maintenant au dernier aspect du rôle des SA dans la conspiration.

LE PRÉSIDENT

Nous pourrions suspendre l’audience pendant dix minutes.

(L’audience est suspendue.)
COLONEL STOREY

Plaise au Tribunal. J’en étais arrivé au rôle des SA dans la conspiration, en l’espèce leur participation au programme de préparation à la guerre.

À ce sujet, le Tribunal a posé ce matin une question sur les activités des SA en tant que moyens d’arrestation et de police, et j’ai mentionné qu’elles avaient décru après 1934. Pour éviter tout malentendu, je tiens à préciser que l’importance des SA, en tant qu’organisation chargée de la police et des arrestations, a fortement décliné après 1934.

Nous en arrivons maintenant à la phase au cours de laquelle ils s’occupèrent de préparation militaire et c’est de cette période que je vais parler. Plaise au Tribunal. J’ai ici une publication officielle éditée par le Gouvernement britannique en 1943, intitulée Le Parti et les organisations nazies. J’aimerais citer des extraits de cette publication ayant trait à l’organisation et aux membres des SA. C’est la publication jouissant de la plus grande autorité que j’aie pu trouver et je désire en citer rapidement quelques passages :

« Les sections SA furent fondées en 1921 comme organisation para-militaire pour pourvoir à la protection des réunions et des chefs nazis, pour expulser les interrupteurs et les contradicteurs, pour combattre leurs ennemis politiques et pour assurer la préparation militaire, à une époque où l’armée régulière, la Reichswehr, était limitée à 100.000 hommes. Le chef suprême en est Hitler lui-même. Son adjoint est appelé “Stabschef” (chef d’état-major) des SA. De 1930 à 1934, ce fut Röhm ; de cette date jusqu’à sa mort, en 1943, Victor Lutze ; enfin, à partir d’août 1943, Wilhelm Schepmann. En janvier 1933, les SA n’avaient que 300.000 membres. Après la prise du pouvoir, leurs forces s’accrurent rapidement, elles sont à l’heure actuelle de un million et demi à deux millions d’hommes. » (JN-4.)

Cette publication date de 1933. Nous y trouvons encore les SA occupées à inculquer l’idéologie toute particulière des nazis dans les esprits allemands. Il leur incombait, à ce moment-là, de préparer moralement l’Allemagne au déclenchement d’une criminelle guerre d’agression. En tout temps, et particulièrement durant la période de 1933 à 1939, les chefs SA insistèrent sur le devoir et la responsabilité qui incombaient aux membres des SA, de créer et de répandre un esprit militariste dans toute l’Allemagne. En 1933, Hitler établit le soi-disant programme sportif des SA. D’après le Sturmführer Bayer, dans sa brochure que j’ai déjà déposée comme preuve sous le nº PS-2168 et dont je ne citerai qu’une phrase, page 6 de la traduction anglaise : « Elles étaient, à cette époque, chargées de développer et de maintenir la force et l’esprit agressifs par lesquels s’exprime l’attitude combative d’un peuple ».

En 1937, Hitler rénova ce soi-disant programme sportif des SA, comme le prouve le document PS-3050, qui est la traduction anglaise de l’un de ces articles de journaux ; la page 12 révèle qu’il fit une déclaration « pour développer un esprit militariste ».

Le livre d’organisation du Parti vise le même but. C’est le document PS-3220 (USA-323) ; je cite la partie de ce livre, paragraphes 1 à 3, page 1 de la traduction anglaise, commençant au premier paragraphe :

« Alors que l’organisation politique de la NSDAP doit assumer la direction politique active, les SA constituent l’organisme chargé de l’entraînement physique et de l’éducation morale du Parti, afin de réaliser le côté militariste des conceptions philosophiques du Parti.

« Conformément aux directives données par le Führer à l’occasion du congrès de la Liberté tenu par le Parti, les SA sont, en tant que soldats politiques volontaires, les garants du mouvement national-socialiste, de la révolution nationale-socialiste et de la résurrection du peuple allemand.

« En conséquence, dans les SA, le jeune Allemand est éduqué tout d’abord du point de vue philosophique et moral et entraîné pour devenir le soutien de la pensée nationale-socialiste.

« Également importants sont l’éducation et l’entraînement appropriés que les SA ont procurés aux hommes des classes qui ont terminé leur service militaire. Il s’agit pour eux, jusqu’à un âge avancé de se tenir prêts avec toute leur vigueur morale, intellectuelle et physique à servir le Mouvement, le Peuple et l’État. Ces hommes reçoivent au sein des SA le meilleur accueil. Tout ce qui pourrait les séparer du point de vue économique, culturel, professionnel ou social, disparaît dans les SA, grâce à l’esprit de camaraderie et de dignité humaine qui y règne.

« De cette façon, les SA constituent un facteur décisif dans l’élaboration d’une communauté populaire. Leur esprit, avec la tradition militaire dont il est imbu et sa faculté d’adaptation, doit rayonner dans toutes les organisations extérieures au Mouvement. C’est là l’une des principales missions des SA. »

Un certain nombre de ces articles, qui étaient manifestement destinés à la propagande de guerre, ont été traduits ; dans d’autres cas, on s’est contenté de traduire simplement les titres, ces titres étant par eux-mêmes suffisamment explicites pour révéler la nature et le contenu des articles. J’aimerais en lire quelques-uns qui se rapportent à notre sujet. On les trouve dans le document PS-3050 ; ils sont énumérés à la page 1 :

Au sujet de la théorie nazie du Lebensraum (de l’espace vital), il y a d’abord, dans le numéro du 5 janvier 1935, page 13, l’article intitulé « L’espace vital allemand ». Le numéro du 10 octobre 1936, page 15 : « Notre droit, nos colonies ». Un autre, du 14 octobre 1938, page 3 : « Espace et peuple ». « Des colonies pour l’Allemagne », du 2 janvier 1937, page 4. J’aimerais citer de courts extraits de cet article. Je crois qu’il se trouve à la page 2 de la traduction anglaise du document PS-3050.

« Récemment, l’ambassadeur d’Allemagne à Londres, M. von Ribbentrop, à l’occasion d’une réception de l’Amitié anglo-allemande, a exprimé à nouveau, dans un discours qui abordait tous les problèmes, le désir irrévocable de l’Allemagne de réclamer la restitution des colonies qui lui ont été arrachées.

« Peu après, le Président de la Reichsbank et ministre de l’Économie du Reich, le docteur Schacht, a publié, dans la revue anglaise Foreign Affairs, un article détaillé sur le problème colonial allemand. »

Cela se trouve, je crois, page 2 de la traduction anglaise :

« Quant au reste, le docteur Schacht a exposé les exigences catégoriques de l’Allemagne qui doit, afin de résoudre le problème des matières premières qui lui sont nécessaires, obtenir des colonies qui seraient administrées par elle et dans lesquelles aurait cours la monnaie normale allemande. »

Les articles qui sont groupés ensuite concernent le Traité de Versailles. Je n’en citerai que quelques-uns, page 3 de cette même traduction. En voici un du 7 avril 1934 : « Où en est notre combat pour l’égalité des droits ? » Le 30 juin 1934, page 15, un autre est intitulé : « Le Diktat de Versailles ». II est dit dans cet article :

« Le Diktat de Versailles a organisé la destruction politique, économique et financière de l’Allemagne en 440 articles adroitement et, on pourrait le dire, diaboliquement conçus. Cette œuvre d’ignominie est un modèle de répétitions interminables souvent contradictoires, exprimées sous des formes constamment différentes. Très peu de gens ont entrepris d’étudier à fond ce livre épais, car on ne peut le faire sans en réaliser l’abomination. »

Un autre titre du 7 juillet 1934, page 15 : « Les insupportables limitations imposées à notre flotte ». Un autre article du 19 janvier 1935, page 13 : « Versailles après 15 ans », dans lequel on peut lire le passage suivant :

« Ce mot terrible “Versailles”, depuis qu’un gouvernement aveugle a donné sa ratification, est devenu un mot maudit pour tous ceux qui ont compris la signification de ce monstrueux produit de la haine. Le “Diktat” de Versailles est, au plein sens du mot, le destin de l’Allemagne. Chaque Allemand a été éprouvé par ce destin durant les quinze années qui viennent de s’écouler. C’est pourquoi le dernier des Allemands doit prendre connaissance du contenu de ce Diktat, afin que le désir unanime de l’abolir anime le peuple allemand tout entier. »

J’omets l’autre citation. Le dernier article de cette série dont je parlerai est celui du 13 février 1937 : « Versailles sera liquidé ». Il se trouve, Messieurs, au dernier paragraphe de la page 4 de la traduction anglaise :

« Le mouvement national-socialiste a remporté une nouvelle victoire car il a, depuis le début de la lutte, inscrit sur son drapeau : “Liquidation du Traité de Versailles. Année après année, les SA ont pris part à ce combat”. »

Une troisième liste d’articles, décrivant de prétendus préparatifs de guerre entrepris dans d’autres pays, se trouve à la page 5 de ce document. Je n’en citerai que quelques-uns :

Le 26 janvier 1935, page 14 : « Entraînement militaire de la jeunesse anglaise », avec des photographies d’étudiants d’Eton portant le traditionnel costume d’Eton – chapeau haut de forme et redingote – et défilant avec des fusils. Un autre, relatif à « L’armée de l’Union Soviétique », est daté du 16 mars 1935, page 14 ; un autre, du 4 avril 1936, page 13 : « Le danger rouge à l’Est ». Le 29 août 1936, page 10 : « La Russie se prépare à la guerre mondiale ». Le 19 juin 1937, page 7 : « Le terrorisme rouge solidement cloué ». Je passe. Celui que je citerai ensuite a trait à la participation des SA à la phase agressive de la conspiration, à savoir la préparation par le SA de la jeunesse allemande, en vue de son utilisation dans une guerre d’agression. Je n’ai pas besoin, je pense, d’insister sur le fait que l’une des phases les plus importantes de la conspiration fut l’initiation de la jeunesse allemande à la technique de la guerre et sa préparation physique et morale à la conduite d’une guerre d’agression. C’est aux SA qu’était dévolue cette très lourde responsabilité. J’ai ici le document PS-3215 (USA-426). C’est un extrait de Das Archiv qui contient la définition par Hitler de la tâche des SA dans ce domaine : vous le trouverez à la page 1 de la traduction anglaise du document PS-3215. Il commence ainsi :

« Déjà en 1920, en fondant les troupes sportives nationales-socialistes ou Sportabteilungen SA, le Führer a fixé l’importante mission des SA à cette époque, lorsqu’il déclarait dans leur charte que : ces troupes sportives (SA) seraient un jour les soutiens de l’esprit combatif d’un peuple libre. »

Dans le même sens, le Führer disait dans son livre Mein Kampf :

« Donnez à la nation allemande six millions d’individus aux corps parfaitement entraînés au sport, animés de l’amour fanatique de la mère patrie et pleins d’un ardent esprit combatif ; un état national pourra, si c’est nécessaire, créer avec ces hommes une armée en moins de deux ans. »

Le caractère militaire des SA est prouvé par la structure même de leur organisation. Je renvoie au tableau mural qui constitue notre document PS-2168. Ce document est extrait de la brochure du Sturmführer SA, tirée d’un livre officiel. C’est à ce tableau seul que je renvoie et j’attire l’attention du Tribunal sur le fait que les SA étaient organisées en unités correspondant exactement aux unités de l’armée allemande. Comme le Tribunal le verra, ce schéma donne uniquement l’organisation des divisions. En observant cette sorte de pyramide, on trouve de haut en bas : la division, la brigade, le régiment, le bataillon, la compagnie, la section et le groupe. En outre, comme le Tribunal le remarquera, sont indiqués sur la droite des unités et services spéciaux comprenant cavalerie, transmissions, génie et service de santé. Il y avait aussi, comme Bayer le signalait dans sa brochure, trois écoles d’officiers. De même les membres des SA portaient des uniformes particuliers adaptés à leurs activités militaires, ils étaient armés et soumis à une instruction comprenant marches forcées et autres exercices militaires.

De plus, les membres des SA avaient à obéir à des règlements généraux de service qui ressemblaient fort aux règlements de service d’une armée. Ils sont compris dans le document PS-2820 (USA-427), que je dépose à l’appui. On les trouve à la page 3 de la traduction. Je ne vais en citer que quelques-uns. Ces règlements, appelés aussi règlements disciplinaires, établissaient des sanctions pour désobéissance aux ordres ou infraction aux règles de service. L’établissement de telles sanctions prouve le caractère militaire des SA. En voici quelques-unes : réprimande en privé, réprimande en présence de supérieurs adressée à l’appel de l’unité, interdiction du droit de porter l’uniforme, arrêts de rigueur, etc.

La préparation à la guerre grâce au programme d’entraînement des SA commença en Allemagne dès 1933, mais l’étendue de ce programme ne fut pas divulguée, car elle constituait alors une violation du Traité de Versailles. Le secret absolu dont ce programme fut entouré est indiqué dans le document D-44 (USA-428), que je dépose comme preuve.

À la page 1 de la traduction anglaise, il s’agit d’un ordre du Chef de l’État-Major du Commandement suprême des SA, qui se rapporte aux publications des SA :

« Comme suite à mon instruction Z II 1351/33, du 11 juillet 1933, je me vois déterminé à demander à toutes les autorités SA d’exercer la plus grande vigilance sur la publicité donnée au service des SA, non seulement dans la presse, mais aussi dans les bulletins spéciaux d’informations et avis des diverses unités SA.

« Ces derniers jours encore, le ministre de l’Intérieur, sur la demande du ministre des Affaires étrangères, a donné des instructions strictes à toutes les autorités du Reich pour que le contrôle le plus sévère soit exercé sur toutes les publications qui pourraient fournir aux autres pays l’occasion de prétexter des violations par l’Allemagne des stipulations du Traité de Versailles.

« Comme nous le voyons au cours des négociations de Genève, nos adversaires ont rassemblé toute une documentation qui a été amassée en Allemagne et leur a été communiquée. Ils l’utilisent contre nous à toute occasion durant les conférences.

« À ce point de vue, les feuilles d’information circulant dans les unités inférieures des SA, causent le plus vif souci. Je tiens tous les chefs supérieurs des SA responsables du soin d’exercer sur tous les bulletins d’information internes paraissant dans leur zone de commandement le contrôle le plus sévère avant leur impression. Et je suis contraint d’attirer l’attention sur d’éventuelles poursuites pour trahison prévues par les instructions officielles publiées ces derniers jours, dans les cas où de tels rapports, imprimés en toute bonne foi, seraient publiés et par conséquent exposés au danger de tomber entre de mauvaises mains.

« En principe, toutes les photographies des unités spéciales techniques des SA et des SS, en particulier des unités motorisées, des unités de transmission et éventuellement des escadrilles de l’air qui existent maintenant en dehors de ces formations, sont interdites ; de telles photographies sont susceptibles de prouver aux autres pays la formation présumée d’unités techniques constituées. »

C’est ainsi, aussi, que le secret fut réclamé dans un ordre affectant un officier de la Wehrmacht aux SA en janvier 1934, afin de participer au programme d’entraînement des SA. Ce document PS-2823 (USA-429) est une copie d’un mémorandum du Quartier Général des SA, daté de janvier 1934. Il désigne un officier de la Wehrmacht pour prêter son concours à l’entraînement militaire des membres des SA et il va jusqu’à prévoir, paragraphe 7 de la traduction anglaise :

« À des fins de camouflage, le lieutenant-colonel Auleb portera l’uniforme des SA avec l’insigne de son grade, en conformité avec les instructions plus détaillées du Chef suprême des SA. »

Le programme d’entraînement militaire des SA fut pendant plusieurs années poursuivi sous le travestissement d’un programme sportif. Ce plan fut conçu par Hitler dès 1920, quand il établit ce qu’il appela le programme des sports. Le fait que ce soi-disant programme des sports était en réalité étroitement lié à l’entraînement militaire de la jeunesse allemande et constituait effectivement un moyen pour y parvenir, est mis en lumière par ses caractéristiques telles que Lutze, chef de l’État-Major SA, les donnait dans un article écrit en 1939. C’est le document PS-3215 (USA-426), dont voici quelques extraits, page 2 de la traduction anglaise :

« Les dispositions du Führer relatives aux SA ont servi aussi à la poursuite de ce but, notamment celles de 1935 sur leur rénovation, celles de 1936 sur l’attribution des diplômes, celles de 1937 sur le nombre de séances d’exercices requis chaque année pour obtenir la médaille sportive des SA.

« Concurremment à ce décret du Führer pour l’amélioration physique et l’éducation militaire, des mesures appropriées ont été prises au sein des SA quant à leur organisation et à leur développement. En partant de l’idée que l’on peut obtenir l’augmentation et le maintien de la puissance militaire de notre peuple, principalement grâce à des exercices militaires et physiques, on a entrepris un entraînement spécial et systématique conçu dans ce sens.

« Dans 25 écoles de troupes et 3 écoles de Reichsführer SA, chaque année, depuis 1934, 22 à 25.000 Führer et Unterführer ont suivi les cours d’un enseignement spécial jusqu’à l’obtention de certificats d’enseignement et d’aptitude. Des directives très précises ont fixé les buts de cet entraînement à atteindre chaque année et organisé des compétitions annuelles sur le plan national.

« Parallèlement à l’entraînement du Corps des Führer et aux mesures d’organisation adéquates, l’entraînement pour le front fut poursuivi sur une très vaste échelle. »

Sur cet entraînement militaire compris dans le programme sportif, je cite maintenant le document PS-2354 (USA-430). Il expose les épreuves et les performances exigées pour obtenir l’insigne sportif. C’est à la page 2 de la traduction anglaise, dont je ne citerai, Monsieur le Président, que quelques passages :

« Groupe II : sports militaires : marche de 25 kilomètres avec paquetage ; tir avec armes de petit calibre ; lancement au but de grenades à main ; course de 200 mètres, avec masque à gaz, en terrains variés avec quatre obstacles ; course à la nage ou à bicyclette ; connaissances élémentaires des premiers soins à donner en cas d’accident. »

Je ne citerai pas les autres.

En 1939, le programme sportif des SA fut officiellement reconnu, dans un décret rendu par Hitler, comme programme d’entraînement militaire ; les SA furent destinés ouvertement à l’entraînement pré et post-militaire, c’est-à-dire à l’entraînement précédant et suivant le service dans la Wehrmacht. J’ai le document PS-2383…

LE PRÉSIDENT

Colonel Storey, vous venez d’attirer notre attention sur le document PS-3215, qui montre qu’à partir de 1934, 25.000 Führer et Unterführer furent entraînés dans les SA.

COLONEL STOREY

Oui, Monsieur le Président.

LE PRÉSIDENT

N’est-ce pas suffisant pour montrer le caractère militaire de cette organisation ?

COLONEL STOREY

Je le crois. Je voulais simplement citer de décret de Hitler. Puis-je en donner la référence pour le procès-verbal ? Je ne lirai pas ce décret.

LE PRÉSIDENT

Continuez. Quelle est cette référence ?

COLONEL STOREY

Il s’agit du document PS-2383 qui contient, page 11 de la traduction anglaise, une copie du décret donnant une existence légale au programme de l’entraînement pré et post-militaire.

C’eût été déjà un rôle important pour les SA, que d’assurer l’entraînement militaire de leurs seuls membres, mais leur programme ne se borna pas là. Toute la jeunesse allemande fut fébrilement enrôlée dans un programme d’entraînement militaire. Je ferai une brève citation du document PS-2354, le Livre d’organisation, page 2 de la traduction anglaise, dans lequel le chef d’État-Major Lutze dit :

« Afin de donner une expression concrète au développement de l’esprit combatif dans toutes les classes du peuple allemand, je décide, en outre, que cet insigne sportif des SA peut aussi être décerné et porté par des personnes qui ne sont pas membres du mouvement, pour autant qu’elles répondent racialement et idéologiquement aux exigences nationales-socialistes. »

Le document PS-2168 montre que la responsabilité d’appliquer ce programme à l’échelle nationale incombait au Führungshauptamt ou service principal de la direction des SA. Je cite, page 8 de la traduction anglaise :

« Ce dernier a, sur la base de l’insigne sportif des SA, à préparer l’entraînement physique complet de tous les Allemands capables de porter les armes. Pour atteindre ce but, il doit organiser des séances d’exercices physiques et de sport, de manière que toutes les couches de la population puissent y participer et être maintenues en état de porter les armes jusqu’à un âge avancé. Cette préparation guerrière ne doit pas se borner à un entraînement physique et moral, mais doit aussi donner une formation du caractère et de l’esprit. »

Je passe maintenant au document PS-3215, qui est un extrait de Das Archiv, pages 2 et 3 de la traduction anglaise, commençant au bas de la page 2 :

« À côté des compagnies de SA, il y avait les associations SA portant l’insigne sportif, dans lesquelles entraient tous les citoyens capables de porter les armes et prêts à répondre volontairement à l’appel des SA pour conserver leur valeur militaire. Jusqu’à présent, environ 800.000 citoyens n’appartenant pas aux SA ont pu poursuivre avec succès l’amélioration de leur condition physique, en même temps que l’entraînement militaire et politique des SA, en prenant pour base l’insigne sportif des SA. »

Le programme militaire des SA n’était pas celui d’une simple société où l’on apprenait à marcher et à manœuvrer. Il s’étendait à toute la technique de la guerre moderne. Ce fait paraît évident si l’on examine les articles sur l’entraînement militaire, ouvertement publiés dans Der SA-Mann. Je ne voudrais en citer que quelques titres énumérés aux pages 8 et 10 du document PS-3050. C’est une très longue liste, mais je n’en citerai que cinq ou six. En voici un du 17 février 1934, page 7 : « Tir au pistolet ». Un du 21 avril 1934, page 13 : « Ce que tout homme des SA doit savoir de l’aviation ». Le 19 mai 1934, page 13 : « La guerre chimique ». Le 2 juin 1934, page 14 : « Les moyens modernes de combat, considérés du point de vue de l’homme des SA ». Le 4 août 1934, page 13 : « La signification du blindage et du moteur dans la guerre moderne ». Je m’abstiendrai de citer les autres.

De même, les numéros du SA-Mann contiennent de nombreux articles et photographies montrant et décrivant la participation des SA aux exercices militaires, y compris marches forcées, grandes manœuvres, courses d’obstacles, tirs aux armes légères, etc. Je me contenterai de citer au Tribunal un ou deux titres, aux pages 11 à 13 de ce document PS-3050 ; le 24 août 1935, page 2 : « Les SA sont et resteront les troupes de choc du Troisième Reich ». En voici un montrant la collusion avec la Wehrmacht, 2 septembre 1938, page 1 : « Les SA et la Wehrmacht », avec des photographies d’hommes des SA sur des terrains de manœuvre lançant des grenades à main. Je m’abstiendrai de donner les autres.

Une preuve manifeste de la participation des SA à la conspiration, réside dans le soin continuel que l’on prit de coordonner l’entraînement militaire des SA et les exigences de la Wehrmacht. Nous le voyons apparaître dans le document PS-2821 (USA-431), page 1 de la traduction anglaise :

« … Une liaison permanente entre le ministère de la Défense du Reich et le Commandement suprême des SA… a été assurée. »

Un autre document, PS-3215, qui est un extrait de Das Archiv, expose la coopération et la collaboration avec la Wehrmacht et la spécialisation de l’entraînement militaire. C’est ce que déclara dans un discours le chef de l’État-Major des SA, page 2 de la traduction anglaise de ce document PS-3215 (USA-426) :

« Au cours de cette période, des missions spéciales en vue de la préparation militaire furent confiées aux SA. Le Führer chargea les SA de l’entraînement de la cavalerie et des troupes motorisées et nomma le SA Obergruppenführer Litzmann Inspecteur du Reich avec la mission de recruter des cavaliers dans les SA et de satisfaire aux autres exigences de la Wehrmacht. En étroite collaboration avec les services de la Wehrmacht, des brevets spéciaux furent créés pour les unités des transmissions, du génie et du service de santé, qui, comme le brevet des SA pour la cavalerie, donnaient droit à un traitement de faveur pour rentrer dans lesdites unités. »

Votre Honneur, nous avons deux ou trois autres citations relatives à la collaboration avec la Wehrmacht ; mais je crois qu’elles feraient double emploi. Je les négligerai donc et me contenterai de citer le document PS-2383 (USA-410). Je vais lire, page 11, une partie de ce décret :

« Le Führer. – Comme suite à mes décrets du 15 février 1935 et du 18 mars 1937, relatifs à l’attribution de l’insigne sportif des SA et au nombre de séances annuelles requises, j’élève l’insigne sportif des SA au même rang que la médaille militaire des SA et la mets à la base de l’entraînement pré et post-militaire. Je désigne les SA comme responsables de cet entraînement. »

Je donne la référence de la page 48 pour qu’elle figure au compte rendu. L’entraînement spécialisé donné aux membres des SA, en accord, avec les exigences des services techniques de la Wehrmacht, est décrit par le SA Sturmführer Bayer, dans le document PS-2168 (USA-411), page 13 de la traduction anglaise :

« D’une part, le jeune SA qui quitte son unité pour entrer dans la Wehrmacht arrive préparé, en possession d’une quantité de connaissances préalables qui facilitent et abrègent son entraînement du point de vue technique. D’autre part, ces mêmes soldats qui, leur service accompli, quittent l’armée pour rentrer dans les SA, grâce à leur entraînement ininterrompu, se maintiennent en parfaite condition physique et morale et font profiter leurs camarades de leurs connaissances. Ils contribuent ainsi considérablement à l’accroissement de la puissance militaire et de l’esprit combatif du peuple allemand. »

Puis, plus loin : « … Chaque année, les SA peuvent fournir plusieurs milliers de jeunes cavaliers exercés à notre Wehrmacht. » Je négligerai la suite de ce passage.

J’attire maintenant l’attention du Tribunal sur le numéro du SA-Mann du 3 février 1939, page 3, qui contient une photographie du chef de l’État-Major SA Lutze s’adressant à un groupe de SA. La légende est ainsi libellée : « Nous serons le pont entre le Parti et la Wehrmacht ». Dans le même numéro figure aussi une photographie du général von Brauchitsch et du chef d’État-Major Lutze passant en revue une unité SA.

Voici maintenant le document PS-3214 (USA-432) ; il n’a qu’une page dont je cite le passage suivant :

« Il a été annoncé que les hommes des SA et des Jeunesses hitlériennes astreints au service militaire, pouvaient remplir leurs obligations dans le régiment SA “Feldherrnhalle”, commandé par le Generalfeldmarschall SA Obergruppenführer Göring. Ce régiment fut engagé pour la première fois, comme régiment de la Luftwaffe, pour l’occupation du pays des Sudètes avec des missions spéciales… sous le commandement de son Führer et chef de régiment, le SA Gruppenführer Reimann. »

LE PRÉSIDENT

Jusqu’à maintenant, vous nous avez apporté des preuves que l’appartenance aux SA était volontaire. Or ce dernier document fait apparaître la conscription. À partir de quel moment le service obligatoire fut-il appliqué ?

COLONEL STOREY

Pour autant que je sache, Monsieur le Président, quand on adhérait aux SA, on était dispensé de la conscription militaire ; mais, une fois que l’on en faisait partie, on pouvait être employé de n’importe quelle façon. Autrement dit, les SA étaient une organisation de volontaires.

LE PRÉSIDENT

C’est ce que vous avez prouvé jusqu’à maintenant.

COLONEL STOREY

Oui, Monsieur le Président.

LE PRÉSIDENT

À partir de quel moment le service obligatoire y fut-il appliqué ? Ou bien à partir de quel moment le service dans les SA put-il tenir lieu de service obligatoire ?

COLONEL STOREY

Monsieur le Président, puis-je demander à M. Burdell, qui a étudié la question, de répondre à ma place ?

M. CHARLES BURDELL (substitut du Procureur Général américain)

Plaise au Tribunal. Il n’y a jamais eu de recrutement par conscription dans les SA. Comme le montre ce document PS-3214, le service dans le régiment SA Feldherrnhalle tenait lieu de service militaire obligatoire. La première phrase du document PS-3214 dit : « Il a été annoncé que les hommes des SA et des Jeunesses hitlériennes astreints au service militaire pouvaient remplir leurs obligations dans le régiment SA Feldherrnhalle… » Ce qui veut dire, si je comprends bien, que les hommes des SA appelés, c’est-à-dire incorporés dans l’armée après avoir adhéré aux SA, pouvaient accomplir leur service militaire en restant dans les SA ou en se faisant muter dans le régiment Feldherrnhalle des SA. Le paragraphe suivant du document PS-3214 indique les conditions qui doivent être remplies pour qu’un homme des SA puisse entrer dans ce régiment ; s’il remplit ces conditions, il peut y être incorporé, auquel cas cela lui tient lieu de service obligatoire dans la Wehrmacht.

J’espère avoir répondu à la question de Monsieur le Président.

COLONEL STOREY

Étant donné tout ce qui précède, nous pouvions nous attendre à voir les SA utilisées comme troupe de choc dès les débuts de la guerre d’agression déclenchée par l’Allemagne, et servir de noyaux aux groupes appelés « kommandos ». C’est bien en fait ce qui se passa. Les unités SA furent parmi les premières de l’appareil de guerre allemand à envahir l’Autriche au printemps 1938, comme l’annonça triomphalement un article du SA-Mann du 19 mars 1938, page 10, intitulé « Nous y fûmes les premiers ».

La participation des SA à l’occupation du pays des Sudètes est également prouvée par le document PS-3036 (USA-102). C’est une déposition sous serment de Gottlob Berger, ancien chef de service dans les SS, qui fut affecté au corps franc des Allemands des Sudètes. Je cite les paragraphes 1 et 2 de cet affidavit :

« 1. À l’automne 1938, j’avais le grade et le titre d’Oberführer dans les SS. Au milieu de septembre, je fus affecté en tant qu’officier de liaison SS au corps franc des Allemands des Sudètes de Konrad Henlein, dont le quartier général se trouvait au château de Donndorf dans les environs de Bayreuth. À ce poste, j’étais responsable de toutes les liaisons entre le Reichsführer SS, Himmler, et Henlein… » Le Tribunal se souvient que Henlein était le Führer du pays des Sudètes. « … et en particulier je reçus la mission de choisir parmi les Allemands des Sudètes ceux qui étaient susceptibles d’être admis comme membres des SS ou des VT (Verfügungstruppe). Parmi les officiers de liaison détachés auprès de Henlein il y avait, en plus de moi, un Obergruppenführer du NSKK, dont j’ai oublié le nom, et l’Obergruppenführer Max Jüttner des SA. L’amiral Canaris, chef de l’Abwehr de l’OKW, venait aussi presque tous les deux jours à Donndorf conférer avec Henlein. » Le Tribunal se rappelle que l’Abwehr était le service de renseignements.

« 2. Au cours de ma mission officielle au Quartier Général de Henlein, j’appris à connaître la composition et les activités du corps franc. Trois groupes étaient constitués sous la direction de Henlein ; l’un dans la région d’Eisenstein, en Bavière, l’autre dans la région de Bayreuth, l’autre dans la région de Dresde. Peut-être y en avait-il un quatrième en Silésie. Ces groupes étaient, en principe, composés de réfugiés du pays des Sudètes qui avaient franchi la frontière pour venir en Allemagne ; mais en fait, ils comprenaient des Allemands qui avaient déjà servi dans les SA, aussi bien que dans le NSKK (corps motorisé national-socialiste). Ces Allemands formaient l’armature du corps franc. Sur le papier, ce corps franc avait un effectif de 40.000 hommes… Une partie de l’équipement distribué à Henlein, principalement havresacs, ustensiles de cuisine et couvertures, était fournie par les SA. »

La facilité d’adaptation des SA, quelle que fût la besogne qu’on leur attribuât, est démontrée par les activités qu’ils eurent après le déclenchement de la guerre. Pendant la guerre, les SA poursuivirent l’exécution de leur programme d’entraînement militaire ; mais ils entreprirent en outre d’autres besognes. Ces activités du temps de guerre sont exposées dans les documents PS-3219 (USA-433) et PS-3216 (USA-434), qui sont des extraits de Das Archiv. Tout d’abord, je lirai rapidement le document PS-3219 en entier, sauf le titre :

« Le chef d’État-Major des SA, Wilhelm Schepmann, a donné des ordres précis pour que l’emploi des SA dans les zones de guerre du territoire fût intensifié, conformément aux exigences de la guerre totale. Tel a été le résultat des nombreux entretiens de service qu’il a eus avec les chefs des groupes SA.

« À la suite de ces conférences et en vertu aussi des mesures déjà prises antérieurement, en vue de la mobilisation totale des travailleurs, les SA ont maintenant mis 86 % de l’effectif de leurs cadres professionnels (Führerkorps) à la disposition du front, bien que le nombre des missions confiées aux SA depuis la guerre se soit étendu à différents domaines : préparation militaire, pénétration des SA dans les nouveaux territoires du Reich, utilisation dans la guerre aérienne, garde des villes et des campagnes, etc.

« Les SA ont donné en tout jusqu’à présent, sur un effectif de plusieurs millions d’hommes, environ 70 % de leurs membres à la Wehrmacht. »

J’attire l’attention du Tribunal sur le communiqué du 26 août 1944 relatif à l’affiliation aux SA. Je ne citerai qu’une phrase de la traduction anglaise du document PS-3216 :

« Par décision du chef de l’État-Major des SA, il a été créé une “Unité SA du Gouvernement Général”, dont le commandement est assuré par le Gouverneur Général, le SA Obergruppenführer Dr Frank. »

Je dépose comme preuve une déposition sous serment de Walter Schellenberg, qui constitue le document PS-3232 (USA-435).

« Depuis le début de 1944, les SA ont aussi participé à de nombreuses tâches, uniquement confiées auparavant aux SS, à la Sipo et à l’Armée, par exemple, la garde des camps de concentration et des camps de prisonniers de guerre, la haute surveillance des travailleurs forcés, en Allemagne et dans les territoires occupés. La contribution des SA à ces tâches fut décidée et organisée à Berlin, dès le milieu de 1943, par les services supérieurs. »

Je termine ainsi la présentation des preuves principales relatives à la participation des SA à la conspiration, mais, avant de conclure, je voudrais devant le Tribunal fixer quelques points qui établissent la participation à la conspiration de l’accusé Göring en sa qualité de membre ou de chef des SA.

En 1923, Göring devint commandant en chef de l’ensemble des SA. C’est ce que nous expose la brochure Der SA-Mann qui a déjà été déposée. Le passage annonçant la nomination de Göring à ce poste se trouve à la page 2 de la traduction. Je ne veux pas le lire, mais ne fais que m’y référer.

L’intention de Göring d’employer les SA comme force terroriste, afin de détruire les adversaires politiques, apparaît dans un discours qu’il fit le 3 mars 1933, au cours d’une manifestation nazie à Francfort. On le trouve dans le document PS-1856 (USA-437), qui est un extrait du livre intitulé Hermann Göring – Discours et Essais. Je cite les paroles mêmes de Göring :

« Assurément, j’utiliserai au maximum les forces de l’État et de la Police, Messieurs les communistes, afin que vous ne vous fassiez aucune illusion ; mais la lutte à mort qui me fera vous saisir à la gorge, je la mènerai avec ces hommes qui sont là, en bas, avec les Chemises Brunes. »

L’importance des SA sous le commandement de Göring au cours des premières phases du mouvement nazi apparaît dans le document PS-3259 (USA-424), traduction anglaise, dans le même livre de documents, d’une lettre écrite à Göring par Hitler. Je cite :

« Mon cher Göring,

« Lorsque le Parti essaya, en novembre 1923, de s’emparer pour la première fois du pouvoir gouvernemental, vous avez, en tant que commandant des SA et en un temps extraordinairement court, créé cet instrument qui m’a permis d’engager la lutte. Ce fut l’urgence de la situation qui nous força à agir ; mais une sage Providence nous refusa le succès à ce moment-là. Après avoir reçu une grave blessure, vous avez, dès que les circonstances le permirent, repris place à mon côté, comme mon camarade le plus loyal dans ce combat pour le pouvoir. Vous avez eu un rôle primordial dans la préparation du 30 janvier. C’est pourquoi, au terme d’une année de révolution nationale-socialiste, je désire vous remercier de tout cœur, mon cher camarade de Parti Göring, pour les services éminents que vous avez rendus à la révolution nationale-socialiste et partant au peuple allemand.

« Avec ma cordiale amitié et ma considération reconnaissante. Votre Adolf Hitler. »

Bien que Göring n’ait pas continué à assumer le commandement des SA, il n’en resta pas moins, de façon constante, en relations étroites avec cette organisation. Les photographies de Göring participant aux diverses activités dont j’ai déjà apporté les preuves en témoignent. C’est ainsi qu’en 1937, Göring devint Commandant en chef du régiment SA Feldherrnhalle. Le Tribunal se souviendra également que j’ai déjà mentionné la participation de ce régiment à l’occupation du territoire des Sudètes.

Pour conclure, les preuves présentées dans les différentes parties de cet exposé montrent la participation des SA en tant qu’organisation à la conspiration qui constitue le chef d’accusation nº 1. C’est ainsi que les SA furent d’abord utilisées par les conspirateurs pour écraser par la force et la brutalité tous les adversaires du national-socialisme et pour conquérir la maîtrise de rues. Puis, alors que le parti national-socialiste s’assurait le contrôle du pays, les SA furent utilisées pour consolider et renforcer le pouvoir nazi, pour persécuter cruellement et détruire tous les soi-disant « ennemis de l’État », y compris les Juifs et l’Église. Durant la période de 1934 à 1939, les SA furent employées à la préparation effective et à l’entraînement du peuple allemand en vue de la guerre et participèrent à la guerre d’agression. De façon permanente, les SA furent utilisées par les conspirateurs pour propager et diffuser l’idéologie du Gouvernement nazi dans toute l’Allemagne et en particulier pour répandre la propagande antisémite, pour créer et développer un esprit militariste et belliqueux dans le peuple allemand.

Ainsi, de façon permanente, durant toute leur existence, les SA se chargèrent et furent chargées de servir au succès de la conspiration au cours de ses diverses phases. La conclusion s’impose irréfutable : les SA furent une organisation qui se consacra exclusivement à la tâche d’aider les accusés et les autres conspirateurs à atteindre les objectifs de cette conspiration. En un certain sens, les SA, comme leurs membres, furent eux-mêmes en fait des conspirateurs et les complices d’une conspiration qui avait pour but et réalisa des crimes contre la Paix, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre.

J’en ai terminé, Monsieur le Président, avec mon exposé sur les SA. Le commandant Farr me succédera avec les SS.

Voulez-vous, Messieurs, que nous poursuivions dès maintenant ?

LE PRÉSIDENT

Nous ferions peut-être mieux de suspendre l’audience jusqu’à deux heures.

(L’audience est suspendue jusqu’à 14 heures.)