CENT NEUVIÈME JOURNÉE.
Mardi 16 avril 1946.
Audience du matin.
Monsieur Rosenberg, vous aviez été chargé par le Führer de veiller à l’ensemble de l’éducation spirituelle et idéologique de la NSDAP et des organisations affiliées. Aviez-vous, en cette qualité, le pouvoir d’influencer la législation de l’État ?
Le Führer aborda une fois la question avec moi. Il m’expliqua que les dirigeants d’un grand mouvement d’un État avaient à envisager trois facteurs. Il y avait les gens qui, d’après leurs aptitudes, devaient étudier à fond les problèmes posés, les exposer en conférences après les avoir médités. Puis la direction, c’est-à-dire lui, devait dans ces exposés choisir ce qui, éventuellement, serait réalisé. Enfin, en troisième lieu, venaient ceux dont la tâche, une tâche très absorbante, était de réaliser les solutions choisies dans le domaine social et économique.
C’est ainsi qu’il me rangeait dans la première catégorie et qu’il me chargea de veiller au côté éducatif, en ce sens que je devais prendre position de façon constructive, en raison notamment de ma connaissance du mouvement. Les pouvoirs exécutifs et législatifs étaient entre les mains des ministères compétents, à savoir : ministère de l’Éducation, ministère de la Propagande du Reich. La représentation générale du Parti était entre les mains de la chancellerie du Parti. Cette chancellerie me priait, le cas échéant, de prendre position sur certaines questions ; mais cela ne l’engageait nullement et elle n’était pas obligée de s’en tenir à mes vues.
Monsieur Rosenberg, avez-vous été mêlé à la politique scolaire de l’État national-socialiste ?
Je n’ai, à proprement parler, pas eu d’influence sur la politique scolaire. L’organisation scolaire dépendait du ministère de l’Éducation et l’organisation intérieure des écoles, qui ne doit pas être confondue avec la discipline du Parti, ainsi que l’organisation des universités étaient, comme je l’ai déjà dit, l’affaire du ministère compétent.
Il y avait des instituts d’éducation nationaux-socialistes ; savez-vous ce qu’étaient ces institutions ? Quelles fonctions y exerciez-vous ?
Les instituts d’éducation nationaux-socialistes avaient été fondés sur l’initiative du ministère de l’Éducation et du Reichsführer Himmler. Leur but était de former une élite particulièrement disciplinée. L’inspection de ces instituts éducatifs relevait d’un chef SS dépendant du ministère de l’Éducation.
Monsieur Rosenberg, vous êtes également accusé d’avoir persécuté les Églises, ce qui ressort tout particulièrement de votre « Mythe du XX e siècle ». Estimez-vous qu’à l’égard des Églises vous êtes quelquefois allé trop loin ?
Naturellement, j’admets qu’à l’égard des confessions traditionnelles j’ai formulé un jugement personnel particulièrement sévère. Je désire souligner que dans l’introduction de mon livre j’ai présenté l’ouvrage comme n’engageant que des opinions personnelles et n’étant pas dirigé, en second lieu, contre les éléments religieux du public, ainsi qu’il résulte de la citation qui se trouve à la page 125 du livre de documents, première partie. En troisième lieu, je rejetais une politique qui aurait tendu à détourner les fidèles de l’Église, ce qui ressort du livre de documents, première partie, page 122, ainsi que l’immixtion politique de l’État dans les questions purement confessionnelles. Ce point est aussi clairement exprimé dans le livre. J’ai également rejeté de nombreuses propositions de traduction de cet ouvrage en diverses langues étrangères. On ne m’a présenté qu’une fois une traduction japonaise, sans que je puisse me souvenir avoir donné mon accord.
Monsieur Rosenberg, du fait que vous n’aviez pas de formation théologique, ne pensez-vous pas que dans certains jugements relatifs à ces questions, vous vous êtes trompé ?
Évidemment, je n’ai jamais pensé que ce livre, qui traite de multiples problèmes, soit sans erreurs. J’ai souvent accueilli avec reconnaissance nombre d’objections et j’ai entrepris quelques corrections. Je ne peux cependant affirmer que toutes ces attaques étaient justifiées. J’ai songé évidemment à reprendre plus tard l’œuvre qui contenait nombre d’affirmations politiques d’un intérêt purement passager.
Avez-vous jamais utilisé les forces de la Police contre vos adversaires confessionnels ?
Non. Je voudrais mentionner ici que cette œuvre a paru deux ans et demi avant la prise de pouvoir, que de tous côtés naturellement des critiques affluèrent, mais que les objections les plus fortes vinrent après la prise du pouvoir. J’ai répondu dans deux brochures à ces objections, mais je n’ai jamais utilisé la Police pour opprimer les auteurs de ces objections.
Monsieur Rosenberg, au RSHA existait un service qui poursuivait les Églises « politiques ». Étiez-vous en rapports avec ce service ?
Je sais seulement qu’un de mes collaborateurs, de par ses fonctions, maintenait la liaison avec nombre de services du Parti et naturellement avec les SS aussi. J’ai reçu par son intermédiaire de nombreuses instructions des autorités ecclésiastiques, des lettres pastorales, ainsi que la circulaire se rattachant à la conférence des évêques à Fulda, etc. Il ne m’a jamais mis au courant d’une quelconque arrestation de princes de l’Église, comme cela a été mentionné ici. Cependant, j’ai naturellement appris par la suite qu’au cours de la guerre, nombre de couvents avaient été réquisitionnés pour raisons soi-disant politiques. Je n’ai jamais pu en découvrir dans le détail les raisons politiques.
Je voudrais aussi souligner qu’en 1935 un évêque envoya un jour une lettre officielle au chef de sa province, lui demandant de m’interdire de venir faire ma conférence dans cette ville. Il n’en fut rien et d’autre part ce dignitaire de l’Église ne fut pas inquiété par la suite, ni par moi, ni par aucun autre.
Quelle a été votre attitude en face des Églises dans les territoires de l’Est ?
Après l’entrée de ses troupes dans les territoires de l’Est, la Wehrmacht, de son propre chef, permit à nouveau l’exercice des cultes religieux. Devenu ministre pour les territoires de l’Est, je promulguai une ordonnance spéciale de tolérance envers les Églises à la fin de décembre 1941, qui légalisait le fait accompli.
L’Accusation détient toute une série de documents, pour la plupart des lettres du chef de la chancellerie du Parti, à l’appui de ses affirmations sur la persécution des Églises. Je vous demanderai d’exposer votre point de vue à leur sujet. Il s’agit de documents déjà produits, 107, 116, 122, 129 et 101, USA-107, USA-351, USA-685.
Docteur Thoma, vous allez trop vite. Vous dites : PS-107 ? S’il vous plaît, indiquez le PS quand il s’agit d’un PS, PS-107, PS-116.
Oui, j’ajouterai encore les documents PS-107 (USA-351).
J’aimerais mieux avoir les numéros PS. Donnez-moi les numéros PS des documents : PS-107, PS-116, et ensuite ?
Oui. Documents PS-122, PS-129, PS-101, PS-100, PS-089, PS-064, PS-098, PS-072, PS-070.
Le numéro PS-107 a été produit par le Ministère Public pour illustrer la persécution des Églises. Il s’agit d’une circulaire du chef du service du travail, adressée par la chancellerie du Parti. Cette circulaire, page 1, interdit les discussions confessionnelles au service du travail. Je crois que ceci a été fait pour éloigner des discussions confessionnelles les jeunes gens du service du travail, qui provenaient de toutes les classes et de tous les milieux.
Page 2, il est dit textuellement :
« Si le service du travail est peu habilité à défendre à ses membres de se marier ou de se faire enterrer religieusement, il évitera à plus forte raison de participer en tant qu’organisation à des cérémonies du culte réunissant des fidèles de diverses confessions. »
J’ai considéré cette circulaire comme respectant strictement la liberté religieuse car, par exemple, les protestants ne pouvaient pas ainsi être obligés de se rendre à des cérémonies catholiques et vice versa. De plus, bien des personnes n’appartenant plus à aucune confession ne pouvaient être obligées, par ordre de leur organisation, de prendre part à telle ou telle cérémonie religieuse. Je ne trouve donc pas qu’il s’agisse là de persécution.
Le document PS-116 a trait à une lettre du chef de la Chancellerie du Reich, en date du 24 janvier 1939, adressée au ministre de l’Éducation et qui me fut transmise pour information, je répète ce dernier mot. Elle fait allusion à un échange de lettres entre le ministre et la chancellerie du Parti relatives à la limitation des facultés de théologie, et souligne la nécessité de tenir compte des concordats et des accords passés avec les Églises. En second lieu, elle affirme la nécessité d’une certaine planification de l’organisation universitaire avec réductions et simplification ; enfin, elle déclare que, naturellement, les sections nouvellement créées de recherches raciales et d’archéologie doivent être respectées. Je ne pouvais pas non plus tolérer qu’après six années de révolution nationale-socialiste, les plus importants des domaines de recherche nouvellement prospectés ne fussent pas pris en considération par la communauté. Personnellement, je me suis assuré de ce que la sociologie paysanne et la partie la plus ancienne de l’Histoire de l’Allemagne étaient respectées, dans le cadre de l’Histoire d’inspiration germanique.
De même, pour le document PS-122, également d’avril 1939, dont je n’ai pas besoin de parler. Il contient des vues similaires du ministre pour la Science, l’Éducation et la Culture populaire, qui précise le nombre de facultés de théologie à maintenir.
Le document PS-129 est constitué par une lettre du ministre des Cultes du Reich à un écrivain allemand bien connu, le Dr Stapel, qui s’est particulièrement occupé d’une réforme religieuse. Dans cette lettre, le ministre des Cultes du Reich expose qu’il serait bon de susciter une communauté religieuse qui soit toute dévouée à l’État national-socialiste, également directement soutenue par le ministre et fidèle à ses directives.
Lors de l’instruction, on m’a montré une lettre relative à cette affaire, que j’ai adressée à la chancellerie du Parti et dans laquelle je protestais par principe contre le rassemblement d’un tel congrès par le ministre des Cultes, parce qu’un ministre des Cultes national-socialiste, à mon avis, n’a pas pour tâche d’adhérer à une union religieuse dont il serait plus ou moins le chef effectif. Le même point de vue est valable en ce qui concerne certains reproches me touchant. Si j’avais eu l’intention, mises à part toutes idées personnelles, de fonder une union religieuse ou de la diriger, j’aurais dû abandonner tous mes travaux, mes fonctions et mes services dans le Parti. Ceci pour une raison de principe. Le ministre des Cultes, en tant que ministre national-socialiste, était également, à mon avis, obligé de ne pas favoriser une union religieuse envers laquelle aurait pu aller sa sympathie, et devait rester indépendant de toutes confessions.
Le document PS-101 est constitué par une lettre du chef de la chancellerie du Parti, alors encore directeur du bureau de l’État-Major, au délégué du Führer, dans laquelle il se plaint que de nombreux écrits confessionnels réduisent la force de résistance des troupes et me demande d’éviter de publier de tels écrits. On n’a pas présenté ici de réponse de ma part car je n’avais pas répondu. J’ai toujours été d’avis qu’un service du Parti n’avait pas à écrire d’ouvrages religieux mais que, naturellement, tout individu qui avait quelque chose d’important à dire pouvait le faire et le publier tout comme quiconque.
Le document PS-100 contient des reproches de l’ancien chef de l’État-Major du délégué du Führer, Bormann, qui m’étaient adressés pour avoir déclaré au Führer que l’évêque protestant Müller avait écrit un très bon livre pour les soldats allemands. Le Reichsleiter Bormann dit que le livre de Müller ne lui paraît pas convenir, car il contient d’une façon voilée de la propagande confessionnelle. Je ne crois pas que le reproche qui me fut fait d’avoir donné immédiatement raison à l’évêque du Reich Müller et d’avoir déclaré qu’il pouvait, dans la forme qui lui était propre, exprimer ce qu’il désirait, constitue une persécution religieuse.
Le document PS-089 est une lettre de Bormann, qu’il m’envoya pour information, dans laquelle il me fait savoir qu’il est intervenu auprès du Reichsleiter Amann pour que, étant donné la pénurie généralisée de papier, les publications religieuses, qui avaient déjà été réduites de 10%, fussent à nouveau limitées. Je ne sais pas dans quelle mesure la limitation de ces écrits fut réalisée. A ce propos, je soulignerai simplement que pendant la guerre, les sept publications sorties par mes services : arts, musique, ethnologie, dramaturgie allemande, etc., furent continuellement réduites, comme toutes les autres publications dans le Reich.
Le document PS-064 est une lettre du chef de la chancellerie du Parti, dans laquelle on m’informe d’une lettre de Gauleiter au sujet d’un écrit du général von Rabenau, intitulé « L’âme et l’esprit du soldat ». Ce Gauleiter critique l’idéologie très confessionnelle du général von Rabenau, bien connu de lui, et il proteste contre le fait que cet écrit ait été publié par le Parti. Je voudrais préciser que cet écrit du général von Rabenau a été publié dans toute une série de publications éditées par mes services ; je l’avais lu personnellement auparavant et lui avais accordé la place qui lui était due dans la série de mes publications qui contenaient des écrits de politique et d’histoire générale. Je n’ai pas retiré cette brochure de la circulation.
Le document PS-098 contient de nouveaux reproches du chef de la chancellerie à mon égard. Il prétend que l’évêque du Reich, Müller, raconte avoir reçu de moi l’ordre d’élaborer les grandes lignes de l’éducation religieuse dans les écoles. Bormann expose longuement que ce n’est pas l’affaire du Parti d’entreprendre des essais de réforme de l’éducation religieuse dans les écoles. Je dois souligner à ce propos que je n’ai pas pu donner de semblables instructions à l’évêque du Reich, Müller. Mais Müller m’a rendu visite à deux reprises et m’a même une fois, avec des larmes aux yeux, informé qu’il ne trouvait pas pour son travail l’écho indispensable. Je lui ai dit : « Monsieur l’évêque du Reich, en tant qu’aumônier militaire vous n’êtes pas très connu du monde. Mais il serait bon que vous éditiez un ouvrage poussé sur vos idées et projets pour en informer les différents groupes de l’Église protestante et exercer l’influence que vous désirez ». L’évêque Müller en aura certainement parlé et ajouté quelques commentaires. Je crois, contrairement à ce qu’a fait Bormann, qu’on ne peut, en la circonstance, me reprocher d’avoir persécuté les Églises.
Le document PS-75 est une circulaire exceptionnellement énergique du chef de la chancellerie du Parti sur la question des rapports entre le national-socialisme et le christianisme. D’après mes souvenirs, il ne peut s’agir que du document suivant : j’ai entendu dire un jour que Bormann avait envoyé une lettre relative à ce sujet à tous les Gauleiter. Je lui demandai de m’informer de ce texte. Après pas mal d’hésitations je reçus cette circulaire ; sa forme et son contenu étaient inacceptables pour une circulaire du Parti. J’ai écrit à Bormann à la suite de cela — cette lettre devrait être dans mes dossiers — disant que je considérais comme inacceptable une circulaire de cette nature, et afin qu’on donne l’importance nécessaire à ma demande, j’ai ajouté la remarque de ma main qu’à mon avis le Führer ne donnerait pas son accord à une telle circulaire. J’ai parlé personnellement à Bormann plus tard et lui ai déclaré que chacun d’entre nous avait parfaitement le droit de prendre position sur ces problèmes, mais que les circulaires du Parti n’étaient pas admissibles sous cette forme. Bormann, après cette discussion, a été très gêné. J’ai appris par la suite, accidentellement, de l’accusé Schirach que cette circulaire, à sa connaissance, avait été re jetée et considérée comme nulle et non avenue par le Parti. Personnellement, je ne peux cependant rien déclarer à ce sujet.
Monsieur le Président, je voudrais vous faire remarquer que j’avais désigné ce document sous le numéro PS-075. Il faut rectifier, il s’agit du D-75.
Le document PS-072 est une lettre que Bormann m’a adressée sur la question du dépouillement des bibliothèques saisies par l’État dans les couvents. Le détail des raisons politiques qui amenèrent cette saisie ne m’a pas été communiqué. J’avais appris cependant que la Police revendiquait également de pouvoir entreprendre des recherches en la matière. Ce fut une question qui m’amenât ces dernières années à m’opposer à Himmler, car je tenais pour tout à fait impossible que ces recherches fussent encore contrôlées par la Police.
C’est ce qui m’a amené, comme l’exprime le document O71, à manifester mon opinion sur la question à l’encontre de Bormann.
Le document 072 est la réponse de Bormann. Il indique que Heydrich insiste pour continuer ces recherches, en déclarant - je cite :
« l’étude scientifique de l’idéologie de l’Adversaire ne peut avoir lieu qu’après un travail politico-policier. » J’ai protesté contre ces vues que je tenais pour inacceptables.
Voilà l’essentiel de ce que j’avais à dire sur cette série de documents. J’ai refusé de faire rédiger des tracts religieux ou des catéchismes par mes services au Parti. Je me suis efforcé d’adopter une attitude nationale-socialiste et de ne pas considérer mes services comme une police « idéologique ». C’est cependant un fait que le Führer avait officiellement chargé Bormann de représenter la politique du Parti en matière religieuse. A toutes ces lettres, manquent mes réponses. Je ne sais pas non plus si j’ai répondu à toutes ou bien si j’ai fait connaître ces réponses à Bormann verbalement au cours de conférences. Malgré l’absence de réponses de ma part, le Ministère Public a déclaré ici que tous deux, Bormann et moi-même, aurions promulgué des décrets pour la persécution des Églises et entraîné les Allemands à participer à ces persécutions.
Puis-je résumer en disant qu’il s’agit là du problème millénaire des rapports de l’Église et de l’État, que nombreux sont les États qui ont pris des mesures contre lesquelles les Églises ont toujours protesté. Plus récemment, je citerai la législation française sous le ministre Combes et la législation soviétique, et remarquerai que leurs administrations favorisèrent par leurs brochures, journaux et caricatures, une propagande de sans-Dieu. Finalement, j’aimerais remarquer que sur les impôts collectés, l’État national-socialiste a, en tout, jusqu’à la fin, transféré par an, à ma connaissance, plus de 700.000.000 de Mark pour les organisations des Églises.
Le chef de la chancellerie du Parti, Bormann, par la suite, entra en conflit encore plus violemment avec vous. La raison de cette hostilité, disons-le, de Bormann envers vous, n’était-elle pas votre attitude vraiment tolérante en matière religieuse, comparée à la sienne ?
Il est difficile de dire en détail les raisons qui sont intervenues. Cette hostilité était très profonde, surtout à la fin, dans les problèmes de l’Est, et je ne m’en suis rendu compte que plus tard, très tardivement. Je conviens que dans un mouvement important, de nombreuses opinions, des tempéraments différents, puissent se faire jour. Je n’ai pas non plus nié avoir certaines insuffisances et défauts critiquables. Mais je ne crois pas que de telles divergences d’opinions doivent conduire à une hostilité telle que la situation officielle de l’adversaire en soit ébranlée.
Dans le Troisième Reich, l’exercice du culte dans les églises, en particulier le service dominical, a-t-il été limité d’une façon quelconque ?
Je ne puis pas répondre pour l’instant à cela. Autant que je sache, les services religieux n’ont jamais été interdits en Allemagne, même à la fin.
J’en viens maintenant à l’État-Major spécial. Je vous remets le document PS-1015 (USA-385), dans lequel vous trouverez un résumé des questions principales, et vous renvoie aussi au livre de documents du Ministère Public français, notamment au document FA-1. Comment l’État-Major spécial Rosenberg fut-il créé ?
Le Ministère Public a affirmé qu’il se serait agi, en la matière, d’un projet longtemps prémédité de pillage des richesses culturelles des pays étrangers. En réalité, il ne s’agissait pas d’une mesure prévue. Un de mes collaborateurs, lors de l’entrée des troupes allemandes à Paris, avait accompagné une délégation de la presse et constaté à cette occasion que les Parisiens revenaient presque tous en masse à l’exception de la population juive, de telle sorte que les institutions et organisations dépendant de ces gens restaient inactives et que les châteaux et appartements de personnalités importantes restaient également sans occupant. Il demanda qu’on étudiât les archives et la correspondance de ces organismes. J’en ai informé le Führer et lui ai demandé s’il désirait la réalisation d’une telle suggestion. Cette lettre de ma part adressée au Führer m’a été montrée lors de l’instruction, mais le Ministère Public n’en a pas donné connaissance au Tribunal. Bien qu’on possède des preuves écrites sur l’origine de toute l’affaire, le Ministère Public a maintenu le reproche d’un plan longtemps préparé à l’avance.
L’ordre du Führer a été promulgué au début juillet 1940, et comme, à côté des archives, un grand nombre d’objets d’art se trouvaient en danger après leur découverte, le Führer ordonna la mise en lieu sûr de ces objets et leur transfert dans le Reich.
Connaissiez-vous les raisons légales que croyait avoir Hitler pour prendre ces mesures ?
Oui, je voudrais signaler sans plus tarder...
Un instant. Je ne comprends pas ce que vous dites. Dites-vous que vous avez fait une suggestion au Führer, qu’il y a une preuve que votre lettre contenait cette proposition, et que le Ministère Public dissimule cette preuve ? Est-ce bien ce que vous affirmez ? Voulez-vous répondre à cette question. Prétendez-vous que le Ministère Public dissimule la preuve de la proposition que vous avez faite au Führer du projet de sortir de France les biens juifs ?
Non, je ne veux pas dire qu’elle ait été tenue secrète, mais simplement qu’on n’en a pas parlé ici, bien qu’elle ait été produite à l’instruction.
Puis-je mentionner, Monsieur le Président, que j’ai demandé à plusieurs reprises par écrit la production de cette lettre qui avait été montrée à l’accusé Rosenberg lors de l’instruction ?
Avez-vous fait une requête aux fins de production de ce document ?
Parfaitement, Monsieur le Président.
Quand ?
J’ai fait cette requête à différentes reprises.
Le Tribunal ne se souvient pas du tout avoir rejeté une telle requête. Je voudrais voir la requête écrite.
Oui.
Ce n’est probablement pas d’une grande importance. Je voudrais simplement savoir ce dont l’accusé parle.
Je vais faire chercher mes dossiers, Monsieur le Président.
Très bien, vous pouvez continuer en attendant.
Il ne faisait pas de doute qu’il ne s’agissait pas d’une affaire ordinaire. C’est pour cela que je n’ai pas prévenu l’administration militaire, mais me suis directement adressé au Führer afin de connaître son point de vue. Il est facilement compréhensible, je crois, que nous ayons pu trouver de l’intérêt à chercher à savoir quelles étaient, au point de vue historique, les différentes organisations qui avaient participé à une action que l’on considère ici comme ayant mis la paix en danger au cours des dernières années ou décades, et à savoir d’autre part combien de personnalités y avaient participé. En troisième lieu, je me souviens que beaucoup d’œuvres d’art qui jadis avaient été transférées hors d’Allemagne n’avaient pas été rendues, malgré le traité de 1815, depuis des dizaines d’années. Finalement, j’ai songé à une mesure qui avait été considérée par les Alliés en 1914-1918 en accord avec la Convention de La Haye. A cette époque, une certaine catégorie de citoyens allemands, plus précisément les Allemands de l’étranger et des territoires allemands occupés, à savoir les colonies, virent leurs biens saisis sans qu’ils fussent plus tard indemnisés. Les saisies s’élevaient à 25.000.000.000 de Reichsmark.
Par le Diktat de Versailles, l’Allemagne fut obligée, en plus de cela, de prendre en charge ces Allemands dépossédés et de créer un fonds de secours. Le Ministère Public français vient encore une fois à ce Procès de déclarer que le Traité de Versailles avait été conclu sur la base de la Convention de La Haye. Par suite, je conclus que cette mesure, dirigée contre une catégorie déterminée de citoyens, dans le cadre d’autres mesures militaires, imposées par les circonstances et en respectant par ailleurs la propriété publique et privée, apparaissait justifiée.
On m’a demandé, pendant l’instruction, quelles étaient les bases juridiques de mon action et je commençais à les indiquer quand on m’a interrompu en me disant que, pour l’instant, ces explications ne présentaient aucun intérêt. Dans le procès-verbal de cet interrogatoire que le Ministère Public français a produit ici, il est indiqué que j’aurais dit...
Nous ne nous occupons que d’interrogatoires qui ont été versés au dossier. Ils n’ont pas encore été versés au dossier ? Vous pourrez donner toutes vos explications quand on vous les soumettra en contre-interrogatoire.
Monsieur le Président, ce document a déjà été mentionné dans le livre de documents, et sa traduction en allemand, quoique incomplète, se trouve dans les dossiers français.
Monsieur le Président, le témoin veut simplement dire qu’il a, dès le début, mentionné que l’article 279 du Traité de Versailles était déterminant, mais qu’il ne l’a pas trouvé ultérieurement.
Docteur Thoma, je vous ai fait remarquer que les divers interrogatoires qui ont eu lieu n’ont vraisemblablement pas encore été versés au dossier. Si le témoin fait allusion à un interrogatoire déjà versé au dossier... Mais est-ce le cas ?
Parfaitement. C’est le document FA-16 (L-188) qui a été produit, Monsieur le Président.
On en a déjà parlé. Il a déjà été produit. Cet interrogatoire cependant...
Un instant. S’il mentionne des interrogatoires versés au dossier, ils doivent porter un numéro de pièce.
Cet interrogatoire est dans mon livre de documents. C’est le FA-16.
S’il y a un numéro de pièce, il peut parfaitement le faire.
Je voudrais seulement corriger une erreur de retraduction. Je n’avais pas dit : « Oui, c’est exact, je me souviens qu’on a pris cette mesure », mais j’ai dit : « J’avais songé à cela », c’est-à-dire avant et non pas au moment où l’on m’a interrogé. Je n’ai vu cela qu’au moment où j’ai reçu la traduction, pas avant. En ce qui concerne le document PS-1015 qui est devant moi, puis-je, afin de ne pas retarder le Tribunal, mentionner brièvement que dans le rapport allant de 1940 à 1944, page 2, on a indiqué que l’origine de ces œuvres était déterminée minutieusement ; page 3, que l’on avait procédé à la prise de photos pour établir un catalogue scientifique des plus consciencieux, que des ateliers avaient été installés afin de restaurer les œuvres d’art avant de les envoyer à leur lieu de destination.
Je voudrais enfin ajouter en quelques mots — cela me paraît important — à propos de l’accusation du Ministère Public soviétique au sujet de l’affectation des richesses artistiques par l’État-Major spécial dans les territoires de l’Est, que le rapport dit textuellement à la fin, sous le titre : « Travail dans les territoires de l’Est » : « Dans les territoires occupés de l’Est, l’activité de l’État-Major spécial pour la sculpture s’est limitée à un recensement photographique et scientifique des collections publiques, à leur protection et leur prise en charge par les services militaires et civils. Au cours des évacuations, quelques centaines des icônes russes les plus précieuses, quelques centaines de tableaux russes des XVIIIe et XIXe siècles, quelques meubles et pièces de mobiliers furent mis en sûreté et transportés dans le Reich. »
Je veux simplement indiquer que l’État-Major spécial à l’Est n’a pas détourné d’œuvres d’art soviétiques, mais qu’au moment de la retraite, comme les documents ultérieurs le prouveront, il a procédé à des évacuations hors de territoires immédiatement menacés par la guerre sur les arrières de l’Armée. Ces œuvres d’art ont alors été réparties et en partie mises en sécurité dans le Reich.
Puis-je avec ce même document indiquer une lettre du ministre et chef de la Chancellerie du Reich, en date du 5 juillet 1942, faisant suite à l’accusation du Gouvernement polonais, aux termes de laquelle tous les trésors d’art polonais et des musées déménagés étaient concentrés dans les services de Rosenberg à Berlin. Je reviens sur cette accusation polonaise. J’indiquerai seulement le passage de la lettre du Dr Lammers où il est dit : « Le Führer a ordonné que différentes bibliothèques des territoires de l’Est soient saisies ». Et il est expressément indiqué que la mesure ne concerne pas le Gouvernement Général. En outre, j’indique l’ordonnance du ministre du Reich pour les territoires occupés de l’Est, en date du 20 août 1941, adressée au Commissaire du Reich Ostler.
Quelle page du livre de documents ?
Page 2 ; il est dit à la fin de ce document...
De quel document parlez-vous ? Le document a-t-il un numéro ?
Je regrette, mais le document qu’on m’a remis n’est pas souligné en rouge et j’utiliserai le document qui est à ma disposition. A la fin de la page 1. Ce n’est pas une lettre spéciale. Il s’agit d’une circulaire du 7 avril 1942.
Je voudrais éclaircir cette question. J’ai noté qu’il s’agissait d’un décret du 20 août 1941.
Je vous prie de m’excuser. Il s’agit du 20 août.
Oui, c’est exact, du 20 août et en 1941, dans le livre de documents 2, à la fin de la page 78.
« Je vous demande expressément d’interdire que, sans votre autorisation, des œuvres d’art, quelles qu’elles soient, soient sorties par un quelconque service de votre commissariat. Les richesses culturelles confisquées qui devront rester dans le commissariat du Reich de l’Est et celles qui, éventuellement, seront mises à la disposition des travaux de l’institut de recherches, seront déterminées par une réglementation ultérieure. Je vous demande d’informer de la présente disposition les commissaires généraux et territoriaux de votre ressort. L’administration des musées et bibliothèques restera assurée par l’État, bien que l’État-Major spécial ait droit de regard et d’inventaire. »
Je reviendrai ultérieurement sur cette ordonnance lorsque je traiterai de l’accusation du Gouvernement soviétique concernant l’administration de la Lettonie, de la Lituanie et de l’Estonie.
Nous en venons maintenant à la question du mobilier en France.
Je n’en ai d’ailleurs pas encore fini avec la dernière question. L’accusation est tellement grave en effet que je dois en venir à une deuxième ordonnance du ministre du Reich pour les territoires de l’Est, en date du 7 avril 1942 où, à la fin du paragraphe 1, on indique à nouveau les principes que je viens de lire. Livre de documents 2, page 94. On y invite formellement chacun à s’abstenir de toute action personnelle. Au paragraphe 2, il est dit textuellement : « Dans certains cas exceptionnels, pour prévenir un danger imminent, par exemple écroulement d’immeuble, action ennemie, conséquences des intempéries, etc., des mesures immédiates doivent être prises en vue de la mise en sûreté et du transport des objets d’art en lieu sûr ». Je reviens sur cette question à propos des événements de Minsk. Dans le document PS-076, il est dit : « Jamais aucun ordre ne fut donné réclamant la protection des richesses culturelles. » Par deux fois, vous venez de voir un tel ordre.
J’indiquerai également une ordonnance du ministre du Reich pour les territoires de l’Est, adressée au Stabführer de ce même État-Major, contenue dans ce même document du 3 octobre 1941, où j’attire encore une fois tout particulièrement son attention sur les documents que je viens de lire. De plus, je citerai un ordre de l’OKW en date du 30 septembre 1942, promulgué en accord avec le ministre du Reich pour les territoires de l’Est. Là encore, il est dit textuellement, à la fin du paragraphe 1.
Livre de documents, page 89.
Quelle est la date ? Septembre 1942 ?
30 septembre 1942.
Oui j’ai trouvé. Et où se trouve celui d’octobre 1941 ?
Octobre 1941 ?
Octobre 1941.
Il est du 3 octobre 1941.
Savez-vous où il se trouve, Docteur Thoma ?
Il est dans le livre de documents, PS-1015, déjà déposé sous le numéro USA-385. Il se peut aussi que, justement sur cette liste, le document ne soit pas cité. Je ne le trouve pas présentement dans mon livre de documents, mais il appartient au PS-1015 qui a été déposé tout entier.
L’ordre du Haut Commandement de l’Armée de terre, du 30 septembre 1941, dit textuellement : « A l’exception des cas dans lesquels il est urgent d’assurer la sauvegarde de richesses culturelles menacées, ces objets resteront sur place jusqu’à nouvel ordre. A cet effet est intervenu un accord entre le Haut Commandement de l’Armée de terre, État-Major général de l’Armée, et l’État-Major du Reichsleiter Rosenberg. Ce dernier s’est vu accorder le droit de mettre en sûreté les richesses culturelles qui ne tombent pas sous le coup du paragraphe b, et en particulier les trésors des musées, afin de les préserver de tout dommage ou de la destruction ».
Et, à la fin de cet ordre, il est dit au paragraphe IV :
« Indépendamment des tâches des commandos spéciaux du Reichsleiter Rosenberg, déterminées au paragraphe I, a, b, c, les troupes et tous les services employés dans les territoires d’opérations doivent maintenant, comme auparavant, faire tout leur possible pour préserver les monuments artistiques de valeur et prévenir leur destruction ou leur éviter tout dommage. »
Je me sentais obligé de mentionner, tout au moins brièvement, qu’aussi bien mon État-Major spécial, que les éléments militaires ont édicté des ordres et directives demandant clairement, même au cours de combats très durs, la protection des richesses culturelles des peuples russe, ukrainien et blanc-russien.
Monsieur Rosenberg, vous savez que Hitler et Göring se sont appropriés certaines des œuvres d’art qui avaient été confisquées en France, Quelle fut votre participation à cette action ?
En principe, le Führer avait décidé - cela ressort clairement des communiqués rédigés sur ordre du Führer par le General Feldmarschall Keitel - qu’il se réservait de pouvoir décider de l’utilisation de ces œuvres d’art. Je ne veux nullement nier ici avoir eu l’espoir que tout au moins la grosse majorité de ces œuvres d’art resterait en Allemagne, d’autant plus qu’avec le temps nombre d’œuvres d’art allemandes se trouvaient détruites du fait de bombardements à l’Ouest
Ces œuvres d’art constituaient en outre un gage précieux pour des négociations ultérieures. Lorsque le maréchal Göring, qui, sur l’ordre personnel du Führer, soutenait tout particulièrement les travaux de l’État-Major spécial, eut détourné à son profit, c’est-à-dire pour ses collections, un certain nombre de ces œuvres d’art, je fus quelque peu inquiet, comme l’indique d’ailleurs le procès-verbal. En effet, j’étais personnellement responsable de la confiscation de toutes ces œuvres d’art et, en cette qualité, devais en dresser un catalogue complet que je devais tenir prêt pour toutes négociations ou décisions. J’ai donc donné l’ordre à mon représentant de faire si possible une liste complète des objets que le Reichsmarschall, à vrai dire avec l’approbation du Führer, choisissait pour sa collection particulière. Je savais que Göring avait l’intention, non pas de la laisser à ses héritiers, mais de la léguer au Reich allemand. Dans le procès-verbal qui a été produit et lu ici par le Ministère Public français, je dois dire qu’il se trouve justement une erreur regrettable à ce sujet. Il y est dit que j’aurais été inquiet parce que le Reichsmarschall Göring, avait « détourné ces œuvres d’art » ; en allemand, ce terme signifie « pris illégalement ». En vérité, j’ai employé le terme « utilisé » et non « détourné », ce qui a un autre sens.
Puis-je mentionner, Monsieur le Président, que le texte français porte « détourné » ?
Le Tribunal suspend l’audience.
J’en viens maintenant à l’action « Moebel » en France et, dans ce but, je communique à l’accusé le document PS-001, du volume 2 du livre de documents français. Je prie l’accusé de prendre position à ce sujet.
Le document PS-001 contient en son début une information selon laquelle à l’Est les conditions de logement constatées étaient si terribles que j’avais posé la question de savoir si l’on ne pourrait pas disposer en France des appartements inoccupés des Juifs ainsi que de leur mobilier. Cette suggestion fut consacrée par un décret du chef de la Chancellerie du Reich rendu le 30 septembre 1941 sur l’ordre du Führer.
Du fait des bombardements de plus en plus intenses de l’Allemagne, j’ai pensé qu’il ne serait plus possible de réaliser ces mesures et j’ai alors proposé de mettre ces installations comme aide d’urgence à la disposition des victimes des bombardements sur l’Allemagne dont le nombre s’élevait certaines nuits à plus de 100.000.
Dans le rapport du livre de documents français, il est mentionné, au septième paragraphe, comment les confiscations étaient réalisées. Les appartements abandonnés étaient mis sous scellés pendant une longue période dans l’hypothèse de contestations éventuelles et ce n’est qu’après un certain temps qu’on transportait les meubles en Allemagne. Je sais qu’indubitablement cette mesure représente une intervention caractérisée dans le domaine de la propriété privée, mais là aussi, songez à mes considérations antérieures ; j’avais pesé le pour et le contre et en fin de compte songé aux millions d’Allemands sans abri.
J’insiste sur le fait qu’aux fins d’information précise j’avais fait relever dans un grand livre les logements, les noms de leurs propriétaires et l’essentiel du mobilier comme base d’éventuelles négociations pour l’avenir.
En Allemagne, on a procédé de la façon suivante : les sinistrés recevaient ce mobilier et ces objets de ménage contre paiement, et ces livraisons venaient en déduction des dommages que leur accordait l’État. Les paiements ainsi effectués étaient versés au ministère des Finances à un fonds spécial.
Le document PS-001 contient sous le numéro 2 une suggestion que je considère comme étant une accusation très grave contre moi : c’est une suggestion selon laquelle, eu égard aux nombreux assassinats d’Allemands en France, non seulement des Français devaient être fusillés comme otages mais des Juifs devaient également être rendus responsables. Je voudrais faire remarquer qu’en ce qui concerne les exécutions d’otages, qui étaient rendues publiques, je les avais considérées comme admissibles en raison des conditions exceptionnelles créées par la guerre. Le fait que ces exécutions aient été effectuées par la Wehrmacht me semblait, à bien considérer, naturel, d’autant plus qu’il s’agissait du territoire d’un État qui avait signé un armistice avec le Reich allemand.
Secondement, cela se plaçait à une période de grande agitation, due à la guerre qui venait d’éclater avec les États-Unis d’Amérique et au souvenir d’un rapport de l’ambassadeur de Pologne, le comte Potocki, daté du 30 janvier 1939, dont la lecture a été interdite par le Tribunal. Malgré tout, je dois dire que cette suggestion m’apparaît maintenant comme un tort personnel. Du point de vue juridique, je dirai encore que dans le document PS-1015, sous la lettre Y, se trouve une lettre du chef de la Chancellerie du Reich, datée du 31 décembre 1941, qui contient le passage suivant :
« Votre mémoire du 18 décembre 1941 a été présenté au Führer. Le Führer s’est déclaré en principe d’accord avec la proposition contenue au numéro 1. J’ai communiqué une copie de cet extrait de votre note, qui se rapporte à l’emploi des objets mobiliers des Juifs, au Commandant suprême des Forces armées ainsi qu’au Commissaire du Reich pour les territoires occupés néerlandais, de même qu’une lettre jointe à ce document. »
Le premier point a été admis et de façon tacite, mais non moins explicitement le second a été rejeté. Cette suggestion est donc demeurée sans suites juridiques. Plus tard, je ne suis jamais revenu sur cette question que j’avais, je l’avoue, complètement oubliée, jusqu’à ce qu’à nouveau on m’ait présenté ici ce document.
J’en viens maintenant à la question de votre poste de ministre pour les territoires occupés de l’Est. (Au Tribunal.) L’accusé tient beaucoup à pouvoir prendre position vis-à-vis de la note de M. Molotov indiquant qu’il aurait été un espion tsariste, car cela le touche personnellement. C’est pourquoi je demande à l’accusé s’il a jamais appartenu à aucun moment à la police tsariste.
Non.
Monsieur le Président, dans l’Acte d’accusation qui a été présenté à l’accusé, aucun point ne l’accuse d’avoir été un espion tsariste. C’est pourquoi nous considérons que la question qui vient d’être posée n’est pas pertinente.
Le rapport Molotov a été soumis au Tribunal et ainsi présenté comme preuve. En conséquence, je me considère autorisé à poser cette question.
Il a répondu d’une façon négative, donc vous pouvez abandonner le sujet. Cette accusation n’est pas contenue dans l’Acte d’accusation.
Quand avez-vous appris que vous aviez été proposé comme ministre des territoires occupés de l’Est et quelles raisons vous furent données pour cette nomination ?
Je dirai, en ce qui concerne cette question, que, tout au début d’avril, autant que je me souvienne, le 2 avril 1941, le Führer me fit appeler dans la matinée pour m’expliquer qu’il considérait comme inévitable un conflit avec l’Union Soviétique. Il me donna deux raisons : tout d’abord l’occupation militaire de régions roumaines, je veux dire la Bessarabie et la Bukovine du nord, ensuite le renforcement considérable et progressif des forces de l’Armée rouge le long de la ligne de démarcation et de façon générale sur le territoire soviétique. Cet état de choses lui paraissait si clair qu’il avait déjà donné des ordres en conséquence, militaires et autres, et qu’il désirait m’avoir auprès de lui comme conseiller politique d’une manière ou d’une autre.
J’étais donc mis là devant le fait accompli et, à chacune de mes tentatives de discuter la question, le Führer coupa court et me répondit que les ordres avaient été donnés et que rien ne pouvait être changé. Là-dessus, je déclarai que, dans ce cas, je souhaitais aux armées allemandes le meilleur destin et que j’étais à sa disposition pour les conseils politiques qu’il désirait.
Immédiatement après, je réunis quelques collaborateurs intimes. Je ne savais pas en effet si ces événements militaires allaient se produire immédiatement ou plus tard. Nous nous sommes entretenus de la manière dont il fallait éventuellement traiter les problèmes politiques et des mesures qui pourraient être prises dans les territoires qui allaient être occupés à l’Est. Nous fîmes quelques plans et projets qui ont été exposés au Tribunal et, le 20 avril, je reçus la mission d’organiser un bureau central qui devait traiter des problèmes de l’Est et l’ordre d’entrer en relation avec les départements s’occupant de ces questions en Allemagne.
J’aimerais présenter à l’accusé les instructions qu’il a rédigées après sa nomination. J’ai encore une requête à adresser au Tribunal. Ces instructions sont sur la photocopie que voici et contiennent de nombreuses remarques. C’est pourquoi je demande au Tribunal de prendre connaissance de cette photocopie afin de constater ces surcharges. Les documents eux-mêmes ont déjà été présentés au Tribunal et numérotés.
Puis-je sur ces documents PS-1017, PS-1028, PS-1029 et PS-1030...
Ils ont déjà été déposés ?
Oui, ils ont déjà été déposés.
Puis-je vous demander de communiquer les numéros de ces documents ?
Je viens de le faire.
Quelles sont les références USA de ces documents ?
USA-273 pour le 1028, USA-144 pour le 1030. Je n’ai pas de référence USA pour les autres.
Le 1017 est USA-142 ; le 1028 USA-273, le 1029 porte le numéro USA-145 ; le 1030 est USA-144. Ils figurent dans un livre de documents spécial à l’accusé Rosenberg.
Je voudrais faire remarquer qu’il s’agit là de projets datés par une secrétaire de fin avril ou début mai. Ces projets n’ont pas été adoptés mais, comme il ressort des annotations en marge, rejetés. De plus, il y est fait mention d’un certain nombre de points de vue qui, plus tard, ne furent pas admis par le Führer. En conséquence, ils ne pouvaient pas être appliqués, surtout en ce qui concerne l’Ukraine. Les instructions écrites parvenues aux commissaires du Reich pour l’Est et l’Ukraine après la création du ministère du Reich pour les territoires occupés de l’Est n’ont malheureusement pas été découvertes. C’est pourquoi je ne peux pas m’y référer.
Le 20 juin 1941, c’est-à-dire un jour avant le début de la guerre contre la Russie, avez-vous fait devant tous ceux que concernait le problème de l’Est un discours sur ces questions ? Il s’agit du document PS-1058 ou USA-147, dont le Ministère Public a cité plusieurs fois un passage.
C’est un discours assez long, improvisé, adressé aux personnes intéressées par leurs fonctions dans le problème de l’Est. Je fais remarquer à ce sujet qu’il me paraît évident que j’avais le droit de considérer les mesures politiques à proposer pour éviter que le Reich allemand n’ait tous les vingt-cinq ans à lutter pour son existence à l’Est. Et je voudrais tout d’abord souligner, texte à l’appui, que ce que j’ai déclaré dans cette conférence confidentielle n’est nullement en rapport avec l’accusation du Ministère Public soviétique selon laquelle j’aurais alors proposé une extermination systématique des peuples slaves.
Je ne voudrais pas réclamer la lecture de nombreux passages, mais je me permettrai de lire tout de même quelques alinéas pour me justifier.
On lit, à la page 3 (USA-147) :
« A l’origine, l’Histoire russe fut une affaire purement continentale. La Russie moscovite avait vécu deux cents ans sous le joug tartare et son visage était en grande partie tourné vers l’Est. Les marchands et les chasseurs russes ont découvert cet Orient jusqu’à l’Oural. Quelques bandes de cosaques ont poussé jusqu’à la Sibérie et cette colonisation de la Sibérie est, sans conteste, une grande réussite d’histoire mondiale. » Je crois que cela caractérise bien l’estime que je portais à cette réalisation historique.
Je passe à la page 6 :
« Dans ce domaine, le but de l’Allemagne est de libérer le peuple ukrainien. Cette libération est à considérer essentiellement sous l’angle politique. Il n’y a pas lieu de discuter actuellement sous quelle forme et dans quelle mesure un État ukrainien pourrait plus tard être créé... Il s’agit de s’y prendre adroitement. Il faut encourager la littérature consacrée aux luttes des Ukrainiens pour que la conscience historique ukrainienne renaisse à Kiev. Il faudrait fonder une université, créer des écoles techniques supérieures, cultiver la langue ukrainienne, etc. »
J’ai cité cela pour prouver, document à l’appui, que je n’avais pas l’intention de détruire la culture des peuples de l’Asie.
Dans l’alinéa suivant, j’indiquais qu’il serait important d’amener avec le temps les 40.000.000 d’Ukrainiens à une collaboration volontaire.
La page 7 se réfère à une occupation éventuelle des territoires caucasiens.
« Le but, ici, ne sera pas de créer un État national caucasien, mais de trouver une solution fédérative qui puisse amener peut-être ces hommes à demander à l’Allemagne d’assurer leur existence culturelle et nationale. »
Là non plus, il ne peut être question d’une volonté d’extermination.
Puis vient un autre point considéré par le Ministère Public américain comme une charge particulièrement grave. Il s’agit de ce qu’on appelle la colonisation et le patrimoine allemand à l’Est. Voici le passage en question, page 8 :
« A côté de tous ces problèmes, il est une question également de nature générale et à laquelle nous devons réfléchir : celle du patrimoine national allemand. Le peuple allemand a travaillé pendant des centaines d’années dans ces espaces gigantesques. Le résultat de ce travail est, entre autres, la grande propriété rurale. Les propriétés rurales confisquées dans les pays baltes équivalent à la superficie de la Prusse Orientale. Toute la propriété rurale dans la région de la mer Noire était aussi étendue que le Wurtemberg, le pays de Bade et l’Alsace réunis. Il y a, sur le bord de la mer Noire, plus de terres labourées qu’en Angleterre. Ces comparaisons ne doivent pas nous laisser perdre de vue que les Allemands, là-bas, n’ont pas exploité et pillé le peuple, mais qu’ils ont effectué un travail créateur. Le résultat de ce travail est une propriété nationale allemande sans considération de propriétaires individuels antérieurs. Il n’y a pas lieu d’examiner encore comment cela sera compensé plus tard. Mais on pourra créer une base juridique à partir de ce principe. »
J’ai cité cela pour pouvoir, plus tard, lorsque je traiterai le problème agraire, démontrer que dans le commissariat Ostland nous n’avons pas rendu ces terres aux anciens propriétaires de cette colonisation sept fois séculaire, mais que nous les avons données aux Estoniens, Lituaniens, Lettons, ainsi qu’il ressort des faits. Je lis, dans un autre paragraphe :
« Nous devons déclarer aussi que, même aujourd’hui, nous ne sommes pas ennemis du peuple russe. »
Vous êtes encore en train de lire le document 1058 ?
Oui. Je cite maintenant textuellement la page 8 :
« Nous devons reconnaître aussi que, même aujourd’hui, nous ne sommes pas ennemis du peuple russe. Tous ceux d’entre nous qui ont connu les Russes autrefois savent qu’ils sont, individuellement, extraordinairement affables et également éducables, mais qu’ils ne possèdent pas la fermeté de caractère de l’Européen de l’Ouest. L’organisation pour laquelle nous combattons ne va pas à l’encontre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
J’épargnerai au Tribunal la fin du document dont il pourra prendre connaissance plus en détail.
J’ai tenu ce discours parce que j’étais fermement convaincu que les premières explications que j’avais données au Führer à ce sujet avaient reçu pour l’essentiel son assentiment. Je ne savais rien et il ne m’avait pas dit que d’autres ordres militaires et de Police avaient été donnés, car autrement il m’eût été. pratiquement impossible, en présence même de Heydrich qui était là, de tenir un discours qui, manifestement, était diamétralement opposé aux tendances représentées par Himmler et Heydrich.
En ce qui concerne le point soulevé par le Ministère Public à propos de ce document, je dirai ce qui suit : j’avais appris dans les milieux du Plan de quatre ans, qu’au cas d’une occupation éventuelle des territoires industriels autour de Moscou, et du fait de destructions importantes probables dans cette région, la grosse industrie ne pourrait plus fonctionner, qu’il faudrait probablement se restreindre à un certain nombre d’industries-clefs et que cela entraînerait forcément un chômage très grave. De plus, on ne pouvait pas savoir quelle était l’importance des réserves en produits alimentaires de ces territoires de l’Est et, étant donné l’ensemble de la situation alimentaire, en raison surtout du blocus, le problème du ravitaillement de l’Allemagne devait être pris en considération.
C’est là la raison de la remarque selon laquelle éventuellement il faudrait procéder à une évacuation massive de la population des régions industrielles russes ou le nombre des chômeurs serait trop important. Je voudrais, sous ce rapport, me référer au document PS-1056 qui contient les premières instructions du ministère pour les territoires occupés de l’Est, où il est question, en particulier, du strict devoir d’approvisionner la population en produits alimentaires.
Le 17 juillet 1941, par décret du Führer, vous avez été nommé ministre du Reich pour l’administration des territoires de l’Est nouvellement occupés. La veille, une conférence avait eu lieu, où assistaient Himmler, Göring, Keitel et Lammers, au cours de laquelle vous aviez développé votre programme d’administration. C’est le document L-221 (USA-317). Il se trouve dans le livre de documents Rosenberg, deuxième partie, à la page 123. Je vous prie de vous prononcer sur cette question.
Ce document qui, apparemment, repose sur un résumé postérieur de Bormann, a été présenté ici quatre ou cinq fois.
Lors de cette conférence, je n’avais pas l’intention de présenter un grand programme. Cette réunion avait pour but d’étudier les termes d’un projet de décret du Furher sur l’administration des territoires de l’Est occupés et de donner à tous les assistants la possibilité de prendre position. J’étais aussi préoccupé par un certain nombre de question de personnel que je voulais présenter au Führer. C’est pour cela que j’ai été très surpris d’entendre le Führer commencer à prononcer des paroles agressives et passionnées et à m’adresser, à moi personnellement, toutes sortes de déclarations inattendues sur cette politique à l’Est. J’avais l’impression que le Führer, lui aussi, devait certainement être influencé par l’armement soviétique qui, contre toute attente, était bien plus puissant que l’on ne l’avait cru et par la rigueur des combats qui se jouaient contre l’Armée rouge. C’est sans doute ce qui avait incité le Führer à faire des déclarations au sujet desquelles j’aurai peut-être encore à revenir. Alors, en présence des personnes qui assistaient à cette réunion, je me suis opposé à ces déclarations inattendues du Führer. Je me permettrai de lire de la notice de Bormann, les alinéas suivants qui n’ont pas été lus jusqu’ici. Je cite, à la page 4 de l’original du document :
« Le Reichsleiter Rosenberg souligne qu’à son avis il est nécessaire de traiter différemment la population de ce district. En Ukraine, nous devrions mettre sur pied un service culturel, nous devrions éveiller la conscience nationale des Ukrainiens, établir une université à Kiev et ainsi de suite. Le Reichsmarschall réplique qu’il faut tout d’abord penser à assurer le ravitaillement et que tout le reste viendrait plus tard. Question subsidiaire : existe-t-il encore une classe intellectuelle en Ukraine ou ces milieux évolués ne se trouvent-ils plus aujourd’hui que hors de Russie en la personne d’émigrés ? »
J’indique à ce sujet que c’est là une question de Bormann. Je continue la citation :
« Rosenberg ajoute que certains mouvements séparatistes d’Ukraine devraient être encouragés. » Je passe maintenant à la page 5 de l’original. Il y a là un passage où il est question des intentions du Führer. « La Crimée devrait, en même temps qu’un arrière-pays, assez étendu au nord, devenir territoire du Reich. Rosenberg élève des objections à cause des Ukrainiens qui habitent ces territoires. » Question subsidiaire qui est encore de Bormann et que je cite : « Rosenberg a un faible pour les Ukrainiens ; il désire également agrandir considérablement l’ancienne Ukraine. »
On voit donc ici, preuve à l’appui, que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour appuyer auprès du Führer ce que j’avais dit dans mon discours du 20 juin 1941, à la réunion des services intéressés par les questions de l’Est.
Il ressort de la suite que le Reichsmarschall a soutenu tout particulièrement la nomination de l’ancien Gauleiter Koch. Je me suis personnellement élevé contre cette candidature parce que je craignais que Koch, en raison de son tempérament et de l’éloignement de la mère-patrie, ne donne pas suite aux instructions que je lui enverrais.
Il est vrai qu’en élevant cette objection, je ne pensais pas que Koch, qui ne suivit pas ces instructions comme ce fut effectivement le cas, irait aussi loin. Et cela, il a pu le faire parce qu’il était appuyé par le chef de la Chancellerie du Reich.
Vers la fin, à la page 10 de l’original de cette note, se trouve également un passage qui n’a pas été lu encore et que je cite :
« Une longue discussion s’ensuit au sujet de la compétence du Reichsführer SS. Il est évident que tous les participants font allusion ou pensent à la compétence du Reichsmarschall ».
J’ajoute qu’il s’agit là d’annotations personnelles du chef de la chancellerie du Parti et nullement d’un compte rendu réel de la séance.
Je continue à citer :
« Le Führer, le Reichsmarschall et plusieurs autres, soulignent à plusieurs reprises que Himmler ne doit être déclaré compétent dans aucun autre domaine que celui dont il est chargé dans le Reich, mais que ce domaine, il est absolument nécessaire qu’il lui soit réservé. »
Cette note indique que, sans aucun doute, la discussion fut très animée. Je m’étais opposé, non seulement à cette conférence mais aussi à plusieurs reprises lors d’autres réunions, contre les pouvoirs exécutifs que l’on voulait dans les territoires occupés conférer légalement à la Police, malgré l’existence d’une administration civile. J’avais également protesté contre les termes du décret du Führer déjà préparé et qui nous était proposé. Je n’avais l’appui d’aucun des autres participants pour les idées que j’avais exprimées. Cela explique surabondamment ce qui s’ensuivit et la teneur du décret concernant l’administration des territoires occupés à l’Est qui fut signé le lendemain par le Führer.
Vous avez été nommé ministre pour l’Est, le 17 juillet et il y eut d’autres nominations en même temps. Une question se présente : quels étaient vos prérogatives et le domaine de votre activité à l’Est ?
Je dois mentionner le paragraphe 2 du livre de document Rosenberg, volume 2, page 46, qui traite de la nomination du ministre du Reich et également le paragraphe 3 qui dispose textuellement : « L’autorité et les pouvoirs militaires dans les territoires nouvellement occupés de l’Est sont exercés par les chefs de la Wehrmacht, conformément à mon décret du 25 juin 1941. Les compétences du délégué au Plan de quatre ans dans les territoires nouvellement occupés de l’Est restent déterminées par mon ordonnance du 29 juin 1941 et celles du Reichsführer SS et chef de la Police par mon décret du 17 juillet 1941. Les dispositions qui suivent ne les modifient pas.
« Paragraphe 6. — A la tête de chaque commissariat du Reich se trouve un commissaire du Reich... » Puis viennent un certain nombre de détails et la remarque selon laquelle les commissaires du Reich et les commissaires généraux sont nommés par le Führer en personne et, qu’en conséquence, je ne pouvais les congédier ni les muter.
Le paragraphe 7 décide que les commissaires du Reich dépendent des ministres du Reich et ne doivent recevoir d’instructions que de leur part, dans tous les cas où le paragraphe 3 n’est pas applicable. (Ce paragraphe 3 concerne le chef de la Wehrmacht et le chef de la Police allemande.)
« Paragraphe 9. — En ce qui concerne les affaires civiles, les commissaires du Reich sont responsables de l’ensemble des questions administratives. »
L’alinéa suivant, faute de pouvoir agir autrement en temps de guerre, laisse aux ministres compétents l’organisation technique des services des postes et des chemins de fer.
Le paragraphe 10 oblige le ministre du Reich, expressément fixé à Berlin, à confronter ses projets dans les domaines précités avec ceux des autres autorités du Reich et, dans les cas où il y aurait divergences d’opinions sur les intérêts de l’État, à solliciter la décision du Führer.
Il n’est pas nécessaire que je présente au Tribunal le décret du Führer concernant les prérogatives de la Wehrmacht. Ce dont il s’agit est suffisamment clair. De même en ce qui concerne le décret ’du 29 juin 1941 déterminant les pouvoirs du délégué du Plan de quatre ans et déclarant que le Reichsmarschall Göring pourrait également adresser des instructions à tous les services civils ou militaires de l’Est. D’importance décisive pour les conséquences qu’il entraînera plus tard est le décret du Führer concernant la protection policière dans les territoires occupés de l’Est en date du 7 juillet 1941. Il stipule textuellement au paragraphe 1 :
« La sécurité assurée par la Police dans les territoires nouvellement occupés à l’Est est du ressort du Reichsführer SS, chef de la Police allemande. »
Ce paragraphe 1 mettait sans restriction aucune toutes les mesures de sécurité dans les territoires occupés de l’Est entre les mains du Reichsführer SS. Si bien qu’à côté du ministre du Reich pour les territoires occupés de l’Est, du délégué au Plan de quatre ans s’était constitué à Berlin un troisième pouvoir central indépendant. Il en résultait que le ministre pour l’Est dans son ministère ne pouvait organiser de services pour les questions de sécurité et de Police.
D’après le paragraphe 2, le Reichsführer SS est autorisé, à côté naturellement de ses instructions à l’ensemble de la Police, à donner dans certaines circonstances des instructions directes aux commissaires civils du Reich et qu’il est tenu, en ce qui concerne les ordres importants de caractère politique, de transmettre ceux-ci par l’intermédiaire du ministre du Reich, à moins qu’il ne s’agisse de parer à un danger immédiat. Cette formule donnait pratiquement au Reichsführer SS la possibilité de déterminer lui-même ce qui lui paraissait important au point de vue politique et ce qui ne lui paraissait pas l’être et des mesures à prendre en cas de danger imminent.
Le paragraphe 3 est de très grande importance parce que, par la présentation du document PS-1056 (Tome V, page 66), on a certainement donné au Tribunal l’impression que le ministre pour l’Est avait également sous ses ordres des unités de SS dans les territoires de l’Est. Bien qu’il ressorte déjà du paragraphe 1 que je viens de citer que ce n’était pas le cas, une tournure employée très souvent dans le document concernant les pouvoirs des SS peut prêter à confusion. Cette tournure est la suivante. Je la cite ; elle se trouve au paragraphe 3 du décret sur la protection policière : « Pour l’application des mesures policières de sécurité, un haut fonctionnaire SS et de Police est subordonné directement et personnellement au Commissaire du Reich. Aux commissaires généraux, aux commissaires principaux et régionaux, seront attachés des chefs SS et de Police qui leur seront directement et personnellement subordonnés ».
La personne chargée de rédiger ces propositions, le Dr Lammers, a déjà répondu ici aux questions qui lui ont été posées et déclaré que les termes avaient été choisis pour signifier que le Commissaire du Reich pouvait, en matière civile, donner des instructions politiques à la Police mais que par ce choix des termes « directement et personnellement subordonnés », en fait la confection technique des ordres, reposait sur les chefs de la Police allemande.
Autant qu’il me semble, Himmler insista particulièrement sur ces termes parce qu’ils permettaient au Commissaire du Reich de manifester ouvertement envers la population une certaine uniformité dans l’administration, alors que, conformément aux lois du Reich en vigueur, le droit d’édicter des ordres dépassait les pouvoirs de l’administration civile. Les accords passés entre Heydrich et le Generalquartiermeister de l’Armée, dont il a été fait état et dont j’ai entendu parler pour la première fois pendant ce Procès, soulignent que telle était bien la réalité et fait bien ressortir la manière dont les choses se sont passées et dont les ordres et les autorisations de la Police étaient rédigés.
Les autres décrets concernent l’établissement des commissions du Reich elles-mêmes et je ne crois pas qu’il me soit nécessaire de les citer devant le Tribunal. Ils contiennent le détail de l’élaboration de ce qui précède.
Je voudrais simplement me référer maintenant au décret de Lammers, du 9 février 1942, qui a trait à l’armement et à des questions techniques. Je désire faire ressortir qu’en raison de désirs exprimés par la suite par d’autres services du Reich, les services qui s’occupaient des questions techniques et de la propagande, rattachés à l’origine au ministère des territoires occupés de l’Est et aux bureaux directeurs de la commission du Reich, furent scindés de ces organismes et placés sous l’autorité des ministères correspondants, de telle façon que le ministre Speer, comme d’ailleurs le ministre des Transports, avait des délégués comme officiers de liaison auprès des commissions du Reich et que les directives politiques de propagande devaient être émises par le ministre des territoires occupés de l’Est. Toutefois, leur exécution pratique était abandonnée au ministre de la Propagande du Reich.
Monsieur Rosenberg, je crois que vous pourriez être plus bref.
Oui. Le Tribunal le souhaite.
La question la plus importante dans l’ensemble, en dehors de l’étendue de la compétence du chef des SS et de la Police, est celle de votre situation par rapport au plénipotentiaire général pour la main-d’œuvre. Quelles étaient les conditions régissant l’autorité et les liens de subordination ? Sauckel avait-il le droit de vous donner des instructions ?
Les pleins pouvoirs donnés par le Führer au délégué pour le Plan de quatre ans ne permettaient aucune interprétation équivoque et le décret du Führer du 21 mars...
La question était de savoir si Sauckel avait le droit de vous donner des instructions, et vous commencez à nous entretenir du Plan de quatre ans. Je suis convaincu que vous pouviez répondre directement à cette question.
Le plénipotentaire général pour la main-d’œuvre avait le droit de donner des instructions à toutes les autorités supérieures du Reich et, également, au ministre pour les territoires occupés de l’Est.
Merci. Aviez-vous le droit de dire au Commissaire du Reich Koch que le nombre d’ouvriers que l’on exigeait ne pouvait pas être satisfait ? Oui ou non ?
Je ne pouvais pas agir ainsi parce que le plénipotentiaire général pour la main-d’œuvre se voyait exiger du Führer des contingents d’ouvriers bien déterminés. Néanmoins, lorsque les chiffres me paraissaient trop élevés, et c’était presque toujours le cas, je réunissais en conférence le délégué général et ses représentants avec ceux du ministère de l’Est afin d’obtenir des réductions acceptables. Cela réussit d’ailleurs un certain nombre de fois mais, malgré cela, les contingents demandés restaient encore très élevés ; c’était tout ce que je pouvais faire dans mon service.
Il me semble que l’accusé continue à discourir. La question était très simple. On lui a demandé s’il était habilité à dire au commissaire Koch que les contingents de travailleurs exigés ne pourraient être satisfaits. Il y a déjà trois minutes qu’il parle et il lui faudra certainement une demi-heure si on l’autorise à continuer. Il faudrait le limiter à la question.
Témoin, je me vois obligé de souligner ce que vient de dire M. Dodd. Je vous ai demandé si vous aviez le droit de dire au Commissaire du Reich, Koch, que les contingents de main-d’œuvre ne seraient pas satisfaits ?
Non, je ne pouvais faire cela.
Non, dites-vous, mais ne lui avez-vous pas au moins dit une fois qu’il devrait faire usage de ses pouvoirs et ne pas appliquer ces chiffres, oui ou non ?
Parfaitement. J’ai expressément déclaré cela au plénipotentiaire général à la main-d’œuvre — le document est devant moi — dans une lettre datant du mois de décembre 1942. Dans cette lettre officielle j’attirai son attention sur le grand nombre d’incidents qui avaient lieu lors du recrutement de cette main-d’œuvre et je lui demandai instamment de m’appuyer afin que ces mesures inadmissibles fussent suspendues.
Je vous prierai de prendre position sur cette question de main-d’œuvre. Il s’agit de documents présentés par les États-Unis à savoir PS-016, PS-017, PS-018, PS-054, PS-084, PS-294, PS-265 et PS-031. Je crois qu’en ce qui concerne tous ces documents vous pouvez parler très brièvement, car ils sont assez éloquents par eux-mêmes.
Figurent-ils au livre de documents ?
Partiellement, dans le livre de documents des États-Unis, Alfred Rosenberg, livre de documents spécial.
Le document PS-016 est une lettre du plénipotentiaire général, datée du 24 avril, adressée à ma personne et dans laquelle il expose son programme. Le Ministère Public y a fait allusion à plusieurs reprises et je me permettrai maintenant de citer deux allusions très brèves au ministre pour les territoires de l’Est.
Je lis page 17, paragraphe 3 à la fin, sous le titre « Prisonniers et travailleurs étrangers » : « Pour nous autres, Allemands, il a toujours été évident qu’à l’égard d’un ennemi vaincu qui, même autrefois, aurait été notre ennemi le plus acharné, le plus implacable, nous devions nous abstenir de toute cruauté et de toute vexation si infime soit-elle et le traiter correctement, humainement même, quand nous nous attendons à un travail utile de sa part. »
Et à la page 18, au paragraphe 5 : « Même dans les camps russes il est nécessaire d’appliquer à la lettre les principes de propreté, d’ordre, d’hygiène allemands ». J’y attachais également une importance décisive et ce principe du plénipotentiaire général à la main-d’œuvre a trouvé mon accord entier. Cet assentiment explique ma lettre PS-018 du 21 décembre 1942.
Livre de document Rosenberg, page 64, volume II.
Je voudrais m’expliquer brièvement. Je formule dans cette lettre mon assentiment à la solution du problème des ouvriers de l’Est et je dis que Sauckel et moi, défendions l’un et l’autre les mêmes principes. Ceci se rapporte aux points du programme de Sauckel que je viens de citer. J’ajoute que, malgré ces principes communs, quelques faits m’incitèrent à rejeter un certain nombre de méthodes inadmissibles. Je me plains à la page 2, de ce que, selon des informations reçues au ministère pour les territoires de l’Est, divers hôpitaux de campagne et des camps qui devaient être installés pour les travailleurs de l’Est malades, pour leur permettre de se remettre avant de retourner dans leur pays, n’avaient pas été faits et que le ministre pour les territoires occupés de l’Est, de son propre mouvement, s’était mis en rapports avec le Commissaire du Reich pour les hôpitaux et la santé.
A la page 3, je déclare, en ce qui concerne les contingents à fournir par les territoires occupés de l’Est, que ma responsabilité me commandait, en m’efforçant de réunir ces contingents, d’exclure toute méthode dont la tolérance ou la pratique eussent pu par la suite être retenues contre moi ou contre mes collaborateurs.
« Pour arriver à ce but et pour harmoniser les exigences de la situation politique dans les territoires de l’Est avec les mesures décidées par les commissions et Etats Majors dépendants de vos services, j’ai habilité le Commissaire du Reich pour l’Ukraine à faire, si nécessaire, usage de ses droits et je l’ai chargé de rejeter des méthodes de recrutement qui iraient à l’encontre de la conduite de la guerre et de l’économie de guerre dans les territoires occupés de l’Est. »
Saviez vous que si ces méthodes n’étaient plus appliquées les demandes en travailleurs ne pouvaient plus être satisfaites ?
je ne pouvais pas le supposer de prime abord car, en effet, j’avais appris qu’après les efforts de propagande effectués pour le recrutement dès le début dans de nombreux commissariats, pas mal de volontaires étaient venus des campagnes, non des villes, je dis bien des campagnes, et je pensais que c’était là un argument juridique suffisant pour empêcher les agissements qui, comme il ressort des accusations contenues dans cette lettre, s’étaient produits dans chaque camp. Je me permets de faire également allusion aux autres documents présentés par le Ministère Public : le PS-054, qui renferme une critique des abus qui me furent rapportés au ministère de l’Est par des officiers de liaison auprès du groupe d’armées sud. Il s’agit d’une critique très sévère. On lit à la page 1 de cette lettre, paragraphe A :
"A quelques exceptions près, les Ukrainiens employés dans le Reich à des travaux individuels comme petits artisans, travailleurs agricoles ou domestiques, sont satisfaits des conditions.
« Paragraphe B
Ils se plaignent cependant quand ils sont logés dans les camps. »
Il s’agissait là d’un essai d’intervention dans des questions ne dépendant pas de l’administration civile mais de l’administration militaire de Kharkov, d’une tentative d’intervention en territoire allemand où, en tant que ministre de l’Est, il ne m’appartenait pas de donner des instructions. Cependant, par l’effet de mes critiques, la condition des travailleurs de l’Est s’améliora considérablement avec le temps.
Le document PS-084 concerne toute une série de problèmes et de mesures visant l’amélioration du sort des familles des travailleurs de l’Est et dénote l’énergie avec laquelle le ministre de l’Est soutenait une politique de traitements décents pour l’Est avec déduction des taxes, etc. Je ne pense pas avoir à fournir des précisions détaillées à ce sujet car le plénipotentiaire général à la main-d’œuvre fournira sans doute lui-même des explications.
Je ne cite ce document que pour montrer que j’ai fourni des efforts constants dans ce domaine. Je voudrais dire également ici qu’une convention fut passée entre le ministère de l’Est et le délégué à la main-d’œuvre, selon laquelle les travailleurs de l’Est après leur retour dans leur patrie devaient se voir accorder une parcelle de terre pour ne pas être défavorisés par rapport à ceux qui étaient restés dans leur pays.
Le document PS-204 contient des réclamations au sujet d’allocations insuffisantes, questions sur lesquelles je n’insisterai pas et sur lesquelles je voulais simplement attirer l’attention du Tribunal.
Le document PS-265 est un rapport du Commissaire général à Jitomir, en Ukraine, signalant que le plénipotentiaire général a mentionné personnellement, au cours d’une tournée dans les territoires de l’Est, la gravité des questions de mobilisation de main-d’œuvre. Il avait transmis l’ordre exprès du Führer selon lequel ces contingents de travailleurs devaient être mis à la disposition du Reich. Le délégué général note à ce sujet que ces déclarations très graves ne lui laissent pas le choix et qu’il est obligé d’embrigader certaines catégories d’ouvriers dans la Police pour appuyer les autorités locales mises sur pied pour les opérations d’enrôlement.
Le document PS-031 m’apparaît d’une importance particulière. En effet, le Ministère Public, a propos de ce document, se référant à la remarque finale, m’a fait le reproche d’avoir projeté et demandé la réalisation de l’affaiblissement biologique des populations de l’Est. Or, il n’en a été lu que le commencement et la fin ; je me vois obligé de prier le Tribunal de bien vouloir prendre connaissance des faits exacts.
On trouve au début, l’indication selon laquelle le ministre des territoires à l’Est, après avoir une fois déjà refusé d’accepter la proposition de transférer dans le Reich des jeunes provenant des secteurs du groupe d’armées du Centre, reconsidérait le problème à certaines conditions. Dans le rapport du groupe d’armées on lit que le groupe d’armées du Centre, étant donné que nombre d’adultes travaillaient et que les jeunes restaient sans surveillance, avait l’intention de ramener ces jeunes à l’arrière et de s’occuper d’eux d’une manière convenable.
À la fin de la page 1 du document et au début de la page 2, on voit que le ministre craignait que cette action n’ait des conséquences fâcheuses au point de vue politique, que cette mesure ne soit considérée comme une déportation d’enfants et que c’étaient là les raisons pour lesquelles il demandait que l’on se restreignît considérablement. De plus, d’après le paragraphe 4, et si le ministère pour les territoires de l’Est ne soutenait et ne réalisait pas cette entreprise, le groupe d’armées du Centre qui ne dépendait nullement du ministère pour les territoires occupés à l’Est, la réaliserait de son propre chef, mais que le groupe d’armées du Centre s’adressait au ministère pour les territoires occupés à l’Est, parce que, à son avis, je cite textuellement : « ... c’était là une garantie de traitement politique et matériel raisonnable ». Le groupe d’armées aurait désiré que cette mesure fût réalisée dans des conditions loyales. Les enfants devaient, dans la mesure du possible, être envoyés en bloc dans des villages, réunis dans des camps et de là être mis plus tard à la disposition de petites entreprises artisanales.
On lit plus loin : « Lors d’une réoccupation éventuelle de la région, le ministère pour les territoires de l’Est pourra, et suivant des modalités appropriées, ramener ces jeunes qui travailleraient à la reconstruction de ces territoires, en même temps que leurs parents, ce qui représenterait quelque chose de positif au point de vue politique ».
La fin du document montre qu’à ces conditions le ministre pour les territoires de l’Est avait accepté de s’occuper de ces jeunes. J’étais d’accord parce que j’étais convaincu que la section jeunesse du ministère de l’Est pouvait veiller de la manière la plus appropriée à la solution de ces questions de jeunes. J’ajoute que, lors de la visite d’usines importantes à Dessau où 4.500 jeunes travaillaient comme ouvriers et où se trouvait un camp de jeunes dont prenaient soin des mères de Ruthénie blanche, j’ai pu constater que ces jeunes étaient très bien habillés et que des instituteurs russes leur enseignaient les mathématiques et les langues vivantes, que les personnes qui s’occupaient du camp étaient russes. J’ai également constaté que ce camp de jeunes possédait un jardin d’enfants dont se chargeait la Jeunesse hitlérienne. Et au soir de ce jour, une femme de Ruthénie blanche qui s’occupait de ces enfants m’a remercié, les larmes aux yeux, pour ma sollicitude humaine.
Pour ce qui est de ce document, je voudrais faire allusion à une erreur phonétique qui m’a échappé dans la transmission de cette information. Il s’agit d’une visite à Dessau, et non pas à Odessa que je n’ai jamais visité de ma vie.
Monsieur le Président, nous en avons terminé avec la question de la main-d’œuvre. Il reste encore la question des commissaires du Reich, mais je pense que ce serait peut-être le moment d’interrompre l’audience.
Oui, mais pourriez-vous indiquer au Tribunal combien de temps durera encore votre interrogatoire ?
Je crois que nous pourrions en avoir terminé à 3 heures et demie, mais l’accusé Rosenberg semble en douter. Je ne peux donc vous l’affirmer.
Le Tribunal suspend l’audience jusqu’à 14 heures.