Considérant que la forêt est un être vivant qui traverse les âges comme tout être vivant, celle-ci possède donc une mémoire. Une mémoire enfouie dans son sol que les archéologues et géomorphologues tentent de décrypter ; une mémoire écrite, constituée par l’homme au fil des siècles, que les historiens étudient à travers une multitude d’archives ; une mémoire orale transmise par les forestiers, chasseurs et promeneurs, que les ethnologues souhaitent s’approprier. En recueillant ces mémoires, il est ainsi possible d’écrire la biographie d’une forêt comme on écrirait celle d’un être humain. Pour ce faire, le Pôle Rural a choisi de travailler sur la période contemporaine et sur deux forêts domaniales du Calvados, Saint-Sever et Cerisy, en essayant de collecter le maximum de documents, qu’ils soient écrits ou iconographiques, et de témoignages oraux.
Responsables
Philippe MADELINE et Élisabeth RIDEL-GRANGER.
Équipe et structures
Marie-Laure COMPANT LA FONTAINE (Pr certifiée documentaliste, MRSH) – Michel DAEFFLER (Dr en Histoire moderne, chercheur au Pôle Rural et membre associé au CReAAH – Rennes) – Vincent JOSEPH (ONF, responsable de l’unité territoriale Ouest-Normandie) – Karine LE PETIT (ethnologue, responsable de l’Ethnopôle à La Fabrique de patrimoines en Normandie) – Jean-Philippe RIOULT (MCF honoraire en Botanique et mycologie, unicaen, chercheur au Pôle Rural).
Structures associées au projet : Maison de la Forêt (Isigny-Omaha Intercom) – Office National des Forêts (ONF) – La Fabrique de patrimoines en Normandie.
Résultats
Participation au TURFU Festival : 10 avril 2024
Une première approche a donné lieu à l’organisation d’un atelier de sciences participatives dans le cadre du TURFU Festival. Organisé par le Dôme et l’université de Caen, le TURFU Festival est un événement majeur en Normandie : il déploie tout au long de l’année une programmation dédiée au dialogue entre sciences et société. Le Pôle Rural et la Maison de la Forêt (Isigny-Omaha Intercom) se sont associés en 2024 pour organiser un atelier participatif autour de la mémoire d’une forêt normande : la forêt domaniale de Cerisy.
Cet atelier a consisté à solliciter toutes personnes désireuses de « raconter la forêt de Cerisy », en apportant divers documents et en offrant leurs témoignages qui puissent éclairer les activités présentes et passées de ce massif forestier et sa périphérie. L’atelier a également proposé un espace d’expression pour les plus jeunessur la proposition suivante : À quoi ressemblera la forêt dans 100 ans ? Mieux connaitre et faire connaître la forêt, témoigner de son évolution, participer à la mise en place d’un réseau de collecte de documents privés et de témoignages sur la forêt de Cerisy et ses environs, en somme « écrire une biographie populaire de la forêt de Cerisy », tels ont été les enjeux de cette journée de recherche participative.
Restitution de l’atelier en ligne : https://restitutions.super.site/bdd-test-restitutions-turfu/racontez-nous-votre-fort
Projets et travaux en cours
Exploitation des livrets de travail des gardes forestiers
L’Office National des Forêts (unité territoriale Ouest-Normandie) a confié pour analyse au Pôle Rural les livrets de travail des gardes forestiers qui ont œuvré dans les forêts domaniales de Saint-Sever et de Cerisy (Calvados-Manche). Au total, ce sont près de 35 livrets qui conservent sur plus d’un siècle la mémoire des gardes forestiers. Il s’agit d’une source exceptionnelle inexploitée à ce jour, que le Pôle Rural entend valoriser.
De nombreuses thématiques peuvent être explorées :
- L’activité des gardes et leurs tournées en forêt et dans le canton : parcours à déterminer et à cartographier.
- La dimension générationnelle : plusieurs familles repérées (on est garde de père en fils !).
- Le rôle policier des gardes : le contrôle des charbonniers en particulier, les délits (pêche illégale, coupes abusives, errance d’animaux).
- Les caractéristiques de la forêt et son exploitation : essences d’arbre, informations sur les coupes pratiquées.
- L’utilisation des ajoncs par les riverains.
- La faune et la chasse.
Outre ces pistes thématiques, la dimension transversale n’est pas à négliger : travailler par grandes périodes (Seconde Guerre mondiale), travailler sur la toponymie de la forêt (noms des allées forestières, des cours d’eau, etc.). En écho aux livrets forestiers, il importe de constituer un corpus iconographique (carte postales anciennes, etc.).
