Séminaire 2018
Théâtres et internationalisme. Penser l’hégémonie du théâtre à l’occidental, par Emmanuelle Thiébot et le Collectif Théâtre Palestine
Séminaire organisé par le programme Pratiques et pensées de l’Émancipation.
L’intifada culturelle contre l’hégémonie occidentale, Emmanuelle Thiébot – doctorante en études théâtrales
Les pratiques théâtrales en Palestine sont méconnues ou négligées avant le XIXe siècle. Le déni de culture des peuples colonisés a servi de justification aux entreprises coloniales modernes. Ces « stratégies de déculturation » (Sironi, 1999) ont perduré et se sont actualisées dans les conflits contemporains. En conséquence, « l’intifada culturelle » menée par les artistes de Palestine est une lutte à la fois symbolique et pragmatique. Indissociable de sa vocation sociale et politique, le théâtre palestinien est au service d’enfants, de jeunes adultes et de femmes. Il s’adresse à toute la population vivant sous occupation mais bien au-delà à toutes celles et ceux qui sont concernés par la résistance culturelle à toutes les formes d’oppression.
Instrument de lutte politique contre l’occupation militaire, il s’est affirmé après l’échec des accords d’Oslo (1993-2000) et la deuxième intifada (2000-2005) mais dépend toujours du mécénat, des ONG, de partenariats internationaux. Son émergence progressive sur les scènes internationales ne s’accompagne pas d’une reconnaissance sur les scènes françaises, sur lesquelles le théâtre militant visant explicitement à la transformation sociale est déprécié (Neveux, 2007). Le transfert culturel d’œuvres palestiniennes vers la France doit être envisagé à la lumière des rapports de force qui structurent le champ théâtral français. Parmi les quatre « Cités du théâtre politique » (Hamidi-Kim, 2011), quelle peut être la place du théâtre palestinien ?
Collectif Théâtre Palestine : Marie-José Elhaimer et Sonia Fayman membres de l’association des Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine ; Sylvie Deplus-Ponsin membre de l’association des Amis d’Al-Rowwad
Fondé en 2017, le Collectif Théâtre Palestine réunit les membres de deux associations qui œuvrent à la venue du théâtre palestinien en France depuis le début des années 2000.
L’association des Amis d’Al-Rowwad (2002) :
2002 : rencontre improvisée au camp de réfugiés d’Aïda (Bethléem, Cisjordanie) entre Abdelfattah Abusrour (A.A) et Jean Claude Ponsin (JCP). AA. biologiste, célibataire parfaitement francophone utilise la petite maison de ses parents pour accueillir les jeunes désœuvrés après l’école ; JCP., père de famille devenu médecin, après avoir été ingénieur en travaux publics, revient en Palestine. Entre ces deux novices en pratique socio-culturelle énergiques et audacieux, la complicité est immédiate ! L’association est fondée dans l’année. Ses statuts sont explicites : « Permettre aux enfants du camp de ne pas être emportés par la violence qui les entoure ; offrir aux habitants les moyens de produire ; symboliser le refus de l’assistanat. Et sur la base de cette expérience, soutenir d’autres initiatives culturelles. »
L’association des Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine (2006) :
En 2006, le comédien Juliano Mer Khamis laisse de côté sa carrière internationale de comédien pour créer un théâtre dans le camp de réfugiés de Jénine en Palestine, le Théâtre de la Liberté (ou Freedom Theatre ou al-Masra al-huriya), reprenant l’action de sa mère, Arna Mer, avec les enfants du camp. Des associations d’amis du théâtre se sont immédiatement constituées dans plusieurs pays. En France, l’association a été enthousiasmée par plusieurs aspects de ce projet :
• La personnalité d’Arna Mer, israélienne mariée à un Palestinien, qui s’était publiquement et activement manifestée aux côtés des Palestiniens contre la politique israélienne
• Le travail artistique avec des enfants qui grandissent sous occupation militaire, avec toutes les formes d’injustice qui en découlent
• La possibilité de faire découvrir à des jeunes garçons et filles un jeu théâtral de qualité, jusqu’à la professionnalisation (l’école de théâtre du Freedom Theatre a formé plusieurs promotions de comédiens)
• La perspective de les faire venir en France se faire connaître par leurs pièces de théâtre et sortir ainsi de leur ghetto.
Notre soutien s’inscrit dans le florissant contexte palestinien de la résistance par la culture.
Ouvert à tous et à toutes.
Séance du 22 février 2018
Responsable(s) scientifique(s) : Mathieu UHEL et Stéphane CORBIN
Séminaire organisé par le programme Pratiques et pensées de l’Émancipation
Cartographie militante. Pour la défense des biens communs au Mexique, avec Monica Piceno Hernandez et Yannick Deniau (collectif Geocomunes)
Discutant : Renaud Lariagon, UNAM-UCN, ESO-Caen
La lutte pour l’autonomie de la communauté de Cherán (Mexique). Mónica Piceno Hernández, COLMEX, collectif Geocomunes
Cherán, une communauté Purépecha située dans l’État de Michoacán, au Mexique, est gouvernée depuis 2012 par un gouvernement autonome formé suite au soulèvement populaire de 2011 provoqué par le saccage des bois communautaires par le crime organisé. Ce gouvernement inspiré des us et coutume s’est aussi formé dans la critique de l’inaction et/ou de la complicité des autorités officielles. Il travaille désormais sur la question de la récupération du territoire des cheranenses par eux-mêmes afin de stopper l’exploitation clandestine de leurs forêts. Ainsi, la valorisation de la relation entre les habitants et leurs biens communs (territoire, ressources, identité, etc.), une relation inspirée des cosmogonies indigènes, participe à la refondation d’une vie communautaire. Après avoir établi son gouvernement « K’eri », le peuple de Cherán a pris en charge la gestion de son espace communautaire et la cartographie est devenue un outil de valorisation du territoire, ce qui a été utile pour la reforestation, la surveillance et la gestion de bois mais aussi pour récupérer la mémoire historique.
Geocomunes: cartographie collaborative pour la défense des biens communs. Yannick Deniau, Instituto de Geografia – UNAM, collectif Geocomunes
Au Mexique, la progression des mégaprojets de construction ou de modernisation des infrastructures de « développement » est devenue une menace qui a rapidement déposséder des populations de leurs territoires et de leurs ressources, aussi appelées « biens communs ». Pour notre collectif, les biens communs sont la base de la reproduction sociale ainsi que le soutien matériel de la liberté et de la vie communautaire. Nous travaillons donc à la production de documents, principalement cartographiques, pour accompagner les peuples, les communautés indigènes et/ou paysannes, les quartiers et les organisations populaires dans leurs luttes pour la défense des biens communs. L’analyse et la diffusion des cartes produites a pour objectif de renforcer l’organisation collective du peuple d’en bas. La cartographie collaborative propose une méthode d’élaboration conjointe entre recherche indépendante et récupération des mémoires et savoirs locaux. Cette forme de travail qui tient à la participation directe des personnes affectées permet de valoriser les représentations de leurs propres espaces de vie. Ces cartes sont donc utilisées par les personnes affectées de différentes manières, soit pour approfondir leur compréhension des conflits auxquels elles sont confrontées, soit pour élaborer des stratégies de défense des biens communs, soit pour planifier ou enrichir la (re)connaissance de leurs territoires.
Monsieur Julian MISCHI, universitaire français, sociologue et politiste, chercheur au département des sciences sociales de l’Institut national de la recherche agronomique de Dijon interviendra sur le thème suivant : Le bourg et l’atelier. Une ethnographie de la socialisation syndicale en milieu ouvrier et rural.
Séminaire organisé par le programme Pratiques et pensées de l’Émancipation en association avec le séminaire de recherche du CERReV.
Discutant.e.s : Pauline SEILLER et Mathieu UHEL
Début : 30/11/2017 – 17:00
Autonomie, subjectivation politique et territoire (théorie et étude de cas mexicain)
Discutant : Simon Le Roulley
• Subalternité, Antagonisme et Autonomie : processus de subjectivation politique dans le marxisme. Massimo Modonesi, sociologue, historien et latinoaméricaniste, professeur à la Faculté de Sciences Politiques et Sociales de l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM).
Résumé de la communication :
Bien qu’élaboré à des époques différentes, l’homologie théorique des concepts de subalternité (Gramsci), d’antagonisme (Negri) et d’autonomie (revue Socialisme et Barbarie) a permis leur articulation en une matrice d’une grande portée explicative, puisqu’elle fait le lien entre mondes objectif et subjectif. Les trois concepts se situent sur un « terrain commun », celui d’une conception thompsonienne de l’expérience, acceptant ainsi une relation ouverte entre être social et conscience sociale. En effet, la triade subalternité/antagonisme/autonomie permet de faire une corrélation entre les conditions expérimentées par le sujet et ses manifestations, représentées respectivement par les axes domination/conflit/émancipation et pouvoir sur/pouvoir contre/pouvoir faire. Cette matrice d’inspiration marxiste ne peut se configurer que par rapport à une forme spécifique de la relation entre structure et action sur le plan socio-politique. C’est-à-dire qu’elle présuppose l’existence d’une structure sociale toujours considérée comme de domination, et qu’à travers le conflit peuvent se structurer des relations sociales « alternatives ». Dans ce schéma, l’action est toujours considérée comme une expression de pouvoir, orientée à la conservation ou à la transformation de la structure sociale.Massimo Modonesi exposera en quoi cette matrice conceptuelle est utile à la pensée de l’émancipation, puisqu’en plus d’être un filtre théorique solide pour comprendre l’évolution des conflits socio-politiques, elle permet de penser nos propres relations « militantes » dans une structure sociale complexe, et donc de penser l’autonomie dans ses flux et reflux, dans ses avancées et ses échecs, dans un mouvement jamais figé. Pour l’auteur, le défi explicatif de la triade se situe dans un débat des plus polémiques au sein de marxisme car elle met en lumière un point fondamental, celui de l’intersection entre spontanéité et conscience comme fil rouge des processus de subjectivation politique.
• Antagonisme étudiant et autonomies militantes à l’Université Nationale Autonome de Mexico : penser l’émancipation à partir des territoires. Renaud Lariagon, géographe et militant, ATER à l’Université Caen Normandie.
Résumé de la communication :
La Faculté de Philosophie et Lettres de l’UNAM fut d’abord son lieu d’étude de doctorat et de militantisme avant de devenir son terrain d’étude. Participer et être absorbé par ce microcosme politiquement dynamique, souvent théâtre de conflits, l’ont amené à questionner la véracité des représentations qui se battent pour l’hégémonie idéologique au sein même de la faculté. En effet, il est rapidement apparu que certains discours, notamment ceux de l’administration universitaire, étaient plus souvent fondés sur les positions idéologiques dominantes que sur une analyse socio-économique et politique. Dans la faculté, les tensions entre groupes politiques et/ou collectifs étudiants et/ou vendeurs ambulants et/ou la direction de la faculté sont d’autant plus importantes que ces groupes cohabitent dans un espace relativement réduit. Les tensions sont à l’image des divergences subjectives construite par des collectifs territorialisés, et dont leurs territoires sont souvent l’objet même des conflits.
En s’inspirant des outils conceptuels élaborés par Massimo Modonesi et en les appliquant à ses réflexions tant militantes qu’académiques, Renaud Lariagon s’est essayé, entre autre à partir de son expérience à l’UNAM, de comprendre dans quelles mesures les dynamiques d’émancipation sont toujours inscrites dans l’espace. Comment donc, les projets d’autonomie, expression d’un pouvoir faire, signifient nécessairement une territorialisation des pratiques et l’institutionnalisation du territoire ? Comment ces autonomies territoriales, parfois en conflit entre elles, participent néanmoins, à une autre échelle, à maintenir un antagonisme étudiant ? Autant de questions qui invitent à dé-fétichiser les notions d’autonomie et de rupture, pour les comprendre comme des processus plutôt que comme des choses rêvées qu’il suffirait de décréter pour croire qu’elles existent.
Début : 12/05/2017 – 17:15
Intervenante : Hanane KARIMI
Hanane Karimi est doctorante en sociologie à l’Université de Strasbourg (UMR DynamE). Elle prépare une thèse intitulée Féminisme islamique et rigorisme piétiste : l’agentivité au coeur des rédéfinitions de genre sous la direction de Anne-Sophie Lamine.
Lors de cette séance, Hanane Karimi présentera une partie de ses travaux de recherche doctorale sur l’agency des femmes musulmanes en France dans le contexte social où l’islamophobie a des répercussions tangibles sur leur vie. Elle décrira les limites structurelles que ces femmes rencontrent en termes de race, de classe, et de genre, ainsi que les stratégies d’émancipation et d’empowerment adoptées par ces femmes.
Début : 11/04/2018 – 17:00
Début : 30/01/2018 – 14:15
Syndicats européens : une émancipation des travailleur·euse·s à l’échelle de l’UE ? L’exemple du secteur des transports
Début : 18/04/2017 – 17:00
Responsable(s) scientifique(s) : mathieu.uhel@unicaen.fr
Intervenants :
Kevin Crochemore – Historien et sociologue
Joël Jouault – ancien syndicaliste FGTE-CFDT
L’Union européenne est devenue un échelon politique incontournable dont les orientations politiques ont des répercussions immédiates sur les travailleur·euse·s. Les nouvelles pratiques de gouvernance économiques adoptées par l’Union favorisent la précarisation du salariat (CDD, intérim, déqualification ou encore formation tout au long de la vie etc.). Par conséquent, penser l’émancipation des travailleur·euse·s ne peut se passer d’une intervention à l’échelle de l’Union.
Les syndicats européens, anciennement organisés, sont en mesure de jouer un rôle déterminant dans ce processus. Toutefois, alors que le mouvement syndical s’est longtemps montré comme un contre-pouvoir efficace, capable de porter les aspirations des travailleur·euse·s, il montre des signes d’essoufflement depuis le début des années 1970 un peu partout en Europe. A l’échelon national, il s’est largement bureaucratisé, intégrant une part de plus en plus importante au fonctionnement administratif. L’échelon transnational n’a pas échappé à cette dynamique ; elle s’est même doublée d’une technocratisation décuplée par la diffusion des idées ordolibérales censées dépasser voire « abattre » les idéologies politiques. Les syndicats européens offrent dès lors une alternative duale. D’une part, composés par les représentants syndicaux, ils agissent à travers un fonctionnement nécessairement bureaucratisé (secrétariat extrêmement important –service de traduction, formation éducation, gestion complexe etc.-, réunions multiples et croisées –thématiques, régionales, de fonctionnement etc.-) et de plus en plus technocratique (investissement dans des projets de recherche, recrutement de chercheurs, créations de centre de recherche, partenariats universitaires etc.), qui change la nature du pouvoir en interne. D’autre part, ces éléments apparaissent indispensables à un renouvellement des répertoires d’action capable de s’adapter aux transformations du monde du travail ainsi qu’à répondre au cadre social fixé par l’UE, offrant une opportunité d’agir à une échelle transnationale renouvelée.
À partir de l’exemple du secteur des transports, nous observerons comment le mouvement syndical répond à ces défis et permets d’ouvrir la contestation à l’échelle européenne mais questionne en même temps son identité en tant que syndicat ainsi que son fonctionnement démocratique.
Stratégies locatives d’appropriation de l’espace : pour une liaison temporelle et géographique des luttes
Fin : 22/03/2017 – 19:00
Responsable(s) scientifique(s) : mathieu.uhel@unicaen.fr
Intervenant∙e∙s : Bernard Aspe – Philosophe
Membres de la Maison de la grève de Rennes
Discutant∙e∙s : Simon Le Roulley – Sociologue
Depuis des années, le mouvement social réagit à des réformes et se fait de moins en moins force de proposition. Ces moments « négatifs » deviennent pourtant autant de prétextes à la contagion politique pour les mouvements d’émancipation. Les communautés de luttes dans ces situations se renouvellent, se séparent ou s’élargissent en fonction des traditions politiques qui les composent. Mais malgré les désirs d’élargissement des contours de la contestation (dépasser le catégoriel, dépasser la réaction, ouvrir sur une positivité, etc.), ces mouvements se retrouvent souvent pris dans le tourbillon du rappel de l’histoire, à péniblement tenter d’inscrire le mouvement dans le sillage d’une victoire précédente, dans un continuum historique, là où les organisations politiques ou partidaires tendent à le clore sur lui-même comme une expérience circonscrite singulière. Le constat, quand sonne l’heure du bilan, insiste en général sur la difficulté à imposer un calendrier qui soit autre que le calendrier des gouvernants (le mouvement comme réaction) ou autre que le calendrier des organisations syndicales et le « bouton magique de la CGT » qui décrète le tempo de la contestation.
C’est notamment à partir de cette critique que les mouvements sociaux aux positions « autonomes », « interluttes » ou « basistes » cherchent à se doter d’espaces depuis lesquels se retrouver et partir, depuis lesquels organiser la contestation selon deux enjeux : se doter d’une base matérielle permettant l’auto-organisation et l’institution d’un calendrier propre, produire un quotidien de la lutte, une expérience d’un contre-monde ici et maintenant. L’espace et le temps apparaissent alors dialectiquement liés. Ils deviennent à la fois un enjeu stratégique pour le mouvement social, mais également une expérimentation politique.
Alors que les revendications pour la réappropriation de l’espace public et la critique de la ville capitaliste ont longtemps été incarnées par le mouvement squat – et bien que celui-ci continue son activité comment il en a été question dans d’autres séance du séminaire PPE – d’autres orientations semblent être expérimentées aujourd’hui par les mouvements pour l’émancipation sociale, et installent l’appropriation de l’espace dans une relation étroite à l’institution de temps nouveaux. Lors de cette séance, nous nous intéresserons aux dimensions temporelles et spatiales des luttes sociales avec Bernard Aspe, philosophe, et nous recevrons le témoignage d’une expérience locative afin de discuter des avantages et inconvénients de la location d’espace d’autonomie dans son optique de lier les luttes sociales temporellement et géographiquement en accueillant la Maison de la Grève de Rennes.
Des nouvelles formes de domination et d’émancipation? L’analyseur de la ZAD de Notre Dame des Landes
Début : 10/03/2017 – 17:00
Responsable(s) scientifique(s) : mathieu.uhel@unicaen.fr
Dans la lignée de la séance SPPE de l’année passée consacrée aux “Grands Projets Inutiles ou Imposés” (GPII), au sein de laquelle différents mécanismes de domination afférents aux projets d’aménagement en France avaient été traités, nous souhaitons cette année poursuivre nos réflexions en les confrontant à une mise à l’épreuve de l’actualité et à travers un cas considéré comme emblématique de la dialectique domination/émancipation. Aussi, nous consacrerons une séance spécifique au cas du projet d’Aéroport du Grand Ouest (AGO) situé à Notre-Dame-des-Landes, et ce, dans une double optique.
Nous entendrons d’un côté le géographe social Jean Rivière qui présentera un travail sur la “consultation sur le projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes” de juin 2016, posant l’hypothèse que celle-ci ne porte pas tant sur le projet d’aménagement que sur la légitimité à évacuer la ZAD et à réassurer la domination institutionnelle. De l’autre, nous recevrons la sociologue Sylvaine Bulle qui exposera son enquête ethnographique auprès des habitant∙e∙s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (toujours en cours), interrogeant en quoi les actions pratiques et théoriques des occupant∙e∙s empruntent à l’institué et en quoi elles peuvent instituer et émanciper.
Intervenant∙e∙s : Jean Rivière – Géographe social ; Sylvaine Bulle – Sociologue
Discutant : Etienne Walker – Géographe social
Veuillez décliner votre identité. Violences administratives d’État : des classifications coloniales aux politiques d’immigration
Début : 30/01/2017 – 17:00
Responsable(s) scientifique(s) : mathieu.uhel@unicaen.fr
Intervenantes : Françoise de Barros et Sonia Chiambretto
Discutant-e-s : Pauline Launay et Mathieu Uhel
Dans le contexte actuel d’une recrudescence de l’islamophobie et du racisme sous-tendu par des politiques d’immigrations restrictives et répressives, il semble nécessaire d’en saisir les enjeux et la complexité. Cette séance articule deux manières d’approcher ces questions. La première partie donnera la parole à Françoise de Barros, sociologue de l’État et de l’administration, qui partant du passé colonial français s’attache à déconstruire les catégorisations politiques et administratives des « étrangers ». La seconde laissera la place à Sonia Chiambretto, écrivaine, qui en 2012 a sillonné les Bureaux municipaux de proximité de la Ville de Marseille. La forme poétique de son ouvrage État Civil perce l’administration française dans l’exercice quotidien de sa politique envers tous ceux qui souhaitent « des papiers » en croisant les thèmes de la migration, de l’identité, de la langue et des frontières. L’ambiguïté de notre rapport à l’autorité et l’absurdité de la bureaucratie révèle avec force la préoccupante réalité ordinaire des administrations de la République française…
• Françoise de Barros, Maîtresse de conférences en sociologie, Université Paris 8
L’apparition d’une catégorisation des populations en fonction de leur origine (notamment dans le logement social) est souvent justifiée par l’augmentation du nombre d’étrangers en France à partir des années 1960. L’enquête présentée ici avance une explication qui insiste sur la combinaison de plusieurs facteurs : les conditions d’« intégration » à l’espace administratif métropolitain après la guerre d’Algérie du personnel administratif chargé de l’encadrement colonial des Algériens (les conseillers techniques aux affaires musulmanes ou CTAM) ; les relations interraciales de voisinage autour des bidonvilles pendant les années 1950 et 1960 ; et l’implication clientélaire des élus locaux dans les politiques urbaines qui se développent à la même époque. Le réinvestissement en métropole de catégories raciales développées dans le cadre de l’administration coloniale de l’Algérie a ainsi bénéficié de processus sociaux métropolitains largement indépendants des pratiques coloniales.
• Sonia Chiambretto, écrivaine, auteure d’État Civil
État Civil
À Marseille, d’un « bureau de proximité » à l’autre, les dialogues se succèdent en même temps que s’affirme un témoignage tout en nuances des réalités dures et pourtant banales de ceux qui s’emploient tout simplement à être en règle. Face à eux, des employés souvent démunis, qui appliquent comme ils le peuvent des protocoles administratifs rigides laissant peu de place aux traitements spécifiques qu’appelleraient pourtant les situations de chacun. Des hommes et des femmes, des enfants, et même un fantôme, celui de Walter Benjamin, devenus des numéros…
“Le bourg et l’atelier. Une ethnographie de la socialisation syndicale en milieu ouvrier et rural”. Julian MISHI
Début : 30/01/2017 – 16:15
Responsable(s) scientifique(s) : Salvador JUAN
Dans le cadre du Séminaire « invités » du Master de sociologie «Changements institutionnels et vulnérabilités sociales», «Gouvernance des risques et de l’Environnement» (GREEN). Séance co-organisée avec le séminaire «Pratiques et pensées de l’émancipation». :
Julian MISHI (Directeur de recherches à l’Institut National des recherches Agronomiques, INRA) : Le bourg et l’atelier. Une ethnographie de la socialisation syndicale en milieu ouvrier et rural.