Dès le XII^e siècle, des textes narratifs rédigés en ancien français témoignent de l’usage d’une langue propres aux marins, même si celle-ci n’est pas encore bien fixée et reste largement ouverte à la variation régionale. Au fil des siècles, cette langue de spécialité s’adapte aux changements techniques intervenus en architecture navale et dans le domaine de la navigation. La langue des marins n’en demeure pas moins mouvante, car elle profite des échanges commerciaux et culturels tant sur le plan national qu’international. Au fur et à mesure que l’on a pris conscience d’une terminologie particulière aux gens de mer, des lexicographes, des hydrographes et mathématiciens, des officiers de marine ont collationné et expliqué le lexique maritime, d’abord au sein des dictionnaires généraux de la langue française, puis sous la forme de glossaires, pour aboutir progressivement à un genre nouveau et autonome au sein de la lexicographie : le dictionnaire de marine.

Cette journée d’études se propose d’aborder la terminologie de la mer et des marins sous l’angle de la pluridisciplinarité : linguistes, historiens, archéologues, ethnologues et documentaliste apporteront leurs savoirs propres tout en confrontant leurs différentes approches. Un hommage particulier sera rendu à François Renault (1937-2024), ancien mécanicien de la marine marchande et auteur d’un ouvrage remarquable sur les bateaux de Normandie, qui mêle ethnologie, histoire et dialectologie. En recueillant les dernières traditions de la marine de pêche à voile sur les littoraux normands ainsi que les mots des travailleurs de la mer, charpentiers et pêcheurs, François Renault nous a livré une véritable somme, inégalée à ce jour, sur un sujet peu travaillé par les universitaires. Membre du Pôle Espaces Maritimes dès sa création, il a participé activement au séminaire en offrant des communications tout aussi savantes que savoureuses sur la construction navale normande et ses souvenirs de marin-mécanicien navigant au long cours.