Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 10/04/2018
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
Laurent HERMENT, Chargé de recherches au CNRS (Centre de Recherche Historique, Paris), De la petite exploitation au commerce des engrais : itinéraire d’un chercheur
Résumé : Dans l’ouvrage Les Fruits du partage paru en 2012, j’ai étudié les mécanismes d’accumulation patrimoniale et de reproduction sociale de la petite paysannerie du Bassin Parisien durant le premier XIXe siècle (1800-1850). Cette étude m’a amené à m’interroger sur les performances céréalières dans cette région. Durant cette période, les petits paysans du Bassin Parisien accroissent leurs performances en mettant en œuvre la révolution des fourrages. Vers 1850, l’utilisation des engrais commerciaux et la mécanisation n’occupent encore qu’une place tout à fait marginale dans le modèle économique des exploitations. Dans le prolongement de ces recherches, mes travaux les plus récents s’intéressent à l’utilisation de plus en plus massive d’intrants industriels (engrais chimiques en particulier) durant la période 1850-1945. Mon itinéraire de recherche m’a amené à m’interroger sur les conditions du passage de la first green revolution (J. L. van Zanden) à la mise en place d’une agriculture industrialisée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.
Milhan CHAZE, Docteur en géographie de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, Les petites villes : permanences et mutations des centralités commerciales. Le cas du Centre-est de la France
Résumé. Depuis plusieurs décennies, le commerce des petites villes est pris entre deux dynamiques. D’une part, le passage de la Seconde à la Troisième Révolution commerciale, c’est-à-dire la transition entre la période de croissance des grandes surfaces et du commerce franchisé, et la phase de développement du commerce électronique. Et d’autre part, les mutations des territoires dans lesquelles elles s’insèrent, à savoir le déclin ou le renouveau des différents espaces ruraux, la périurbanisation, l’accroissement de la mobilité des ménages ou encore les évolutions fonctionnelles des territoires (désindustrialisation, réorganisation des services publics, etc.). A partir de ce constat se pose la question de l’adaptation du commerce des petites villes à ces évolutions touchant autant le système commercial que les territoires. Mais plus largement, nous nous interrogerons sur la problématique du maintien des petites villes comme centralités commerciales pour les espaces ruraux et périurbains. Pour y répondre, nous nous appuierons sur les résultats d’un travail doctoral ayant porté sur les petites villes (2 000 à 30 000 habitants) du Centre-est de la France (région Auvergne-Rhône-Alpes et départements de la Nièvre, du Jura et de la Saône-et-Loire).
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 13/03/2018
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
Alexandre HOBEIKA, Docteur en sociologie à l’école des Hautes études en Sciences Sociales, Le travail syndical à la FNSEA et l’encadrement professionnel de l’agriculture (France, 1980-2010). L’exemple de l’Orne
Résumé : La FNSEA est une institution centrale du gouvernement de l’agriculture depuis la Libération. Principal syndicat d’agriculteurs en France, elle représente les agriculteurs auprès de l’État, des marchés et des organisations professionnelles agricoles (OPA). Cette thèse prend pour objet une fédération départementale de ce syndicat afin d’éclairer les modalités de cette représentation et plus largement les évolutions du régime de gouvernement du secteur.
L’enquête est située dans l’Orne, département regroupant des productions importantes pour la PAC et pour la FNSEA (céréales, lait, viande) et lieu de forts mouvements syndicaux d’oppositions. Elle s’appuie sur l’observation de l’activité du syndicat sur plusieurs années, et une analyse de documents internes, combinées avec une ethnographie de son implantation locale dans deux cantons, et des entretiens de ses dirigeants et militants. L’analyse de l’activité de coadministration, de régulation du marché des terres et du marché du lait montre que le syndicat parvient à maintenir des configurations cogestionnaires auprès des institutions publiques, mais apparait vulnérable face à la libéralisation de marchés, en dépit de sa forte expertise et de son nombre de militants. Dans un contexte de baisse du taux d’adhésion, il tente de développer des services marchands, mais se heurte à la concurrence des autres OPA et à la résistance de son style fondé sur l’interconnaissance et les relations personnalisées. Système institutionnel de production et de formation de cadres intermédiaires des organisations agricoles, sa capacité à attirer les élites agricoles diminue, à mesure que celles-ci s’orientent vers des systèmes de production à plus haute valeur ajoutée et se détachent des sociabilités agricoles. Ils forment un espace de groupes techniques et commerciaux, dont les syndicats d’opposants apparaissent comme une composante. Les injonctions exogènes à la libéralisation du secteur se traduisent ainsi par un effritement du pouvoir du syndicat sur les circuits commerciaux.
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 06/03/2018
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
Hervé BENNEZON, Professeur agrégé d’histoire (Amiens), HDR, Vivre en pays de Santerre au siècle des Lumières : des campagnes sous influence
Résumé : Du café dans les campagnes françaises au XVIIIe siècle ? Quelle ne fut ma surprise en découvrant aux Archives départementales de la Somme la trace de pauvres manouvriers propriétaires de deux cafetières ? J’imaginais les ruraux nés sous la Régence (1715-1723) plus sensibles au feu de l’eau de vie qu’à l’arôme du café. Il est vrai que l’histoire du petit peuple des campagnes picardes demeure pour le moins méconnue. Piqué au vif, je décidai de poursuivre les recherches et les découvertes s’accumulèrent : cafetières et tasses de faïence, paysans portant redingote et lunettes, livres relativement nombreux, vêtements aux couleurs vives dès les premières années du siècle, incessants va-et-vient entre la Picardie et Paris, brassages d’hommes, notamment de soldats au service du roi, omniprésence du célèbre tribun Gracchus Babeuf… Mes certitudes sur un monde que je supposais d’autant plus figé qu’il se trouvait enraciné au cœur du plat pays céréalier, loin de toute ville d’importance nationale, s’en trouvèrent ébranlées. Ainsi, à l’instar des populations villageoises d’Ile-de-France à la même époque, les Picards ne semblaient guère rétifs à l’innovation. L’introduction dans l’alimentation de la pomme de terre, Cendrillon transformée en fée par les bons soins du célèbre Parmentier et du sieur Dottin, maître de poste de Villers-Bretonneux ; l’invention d’outils originaux voués à optimiser la production céréalière, paraissent autant d’indices de la dynamique née des échanges entre Paris et les campagnes. Restait à étudier les masses de documents conservés dans les dépôts d’archives, afin d’appréhender les évolutions, le cheminement des « novelletés » du Roi-Soleil à Louis Capet, l’influence des Lumières jusqu’au moment où, à la faveur de la Révolution, éclatent violemment les structures sociales en place.
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 06/02/2018
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
Jean-Robert PITTE, Membre de l’Institut, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales et politiques, Du vin du Bugey au châtaignier et à la gastronomie : un itinéraire de géographe-historien »
Résumé : Banlieusard passionné par les diverses campagnes où j’ai passé mes vacances d’enfant, par la cuisine et par le vin, j’ai réalisé mes premières recherches sur le milieu rural en préparant ma maîtrise sur le vignoble du Bugey. Puis, après une parenthèse africaine de deux années, j’ai travaillé une dizaine d’années sur les châtaigneraies européennes en mêlant le dépouillement d’archives et le travail de terrain (analyse de paysages, rencontres avec les producteurs et les transformateurs). L’exercice de la thèse d’Etat achevé, j’ai choisi de consacrer mes recherches à la gastronomie et au vin, le second thème déjà assez populaire depuis Roger Dion chez les géographes, le premier plus insolite il y a trente ans. Je suis heureux d’avoir contribué à le légitimer et à donner toute sa place à la géographie dans l’essor des études européennes sur l’alimentation (IEHCA de Tours) et dans le projet réussi de faire inscrire « Le repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO.
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 09/01/2018
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
La recherche en action
Séances consacrées à l’état d’avancement des travaux des étudiants du Pôle rural (masters et doctorats)
Exposés et débats
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 14/11/2017
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
14h30 – 19h
Florent MEROT, Professeur (Saint-Leu-la-Forêt), docteur en histoire, Paysages et environnement en Vallée de Montmorency aux XVIIe et XVIIIe siècles
Résumé : Entre la décennie 1640 et l’extrême fin du XVIIIe siècle, la vallée de Montmorency constitue, grâce à son environnement, une région privilégiée pour observer les relations que les sociétés humaines entretiennent avec leur lieu de vie. A quelques lieues seulement au nord-ouest de Paris, la vallée subit irrémédiablement les influences d’une capitale dont la population ne cesse d’augmenter depuis le milieu du XVIIe siècle. Tout en se diversifiant, la demande accompagne les rythmes de la croissance démographique urbaine et ne manque pas d’imposer ses exigences aux campagnes proches dans lesquelles se fond le vallon. Toutefois, le processus de transformation du paysage y est beaucoup plus précoce que dans le reste de l’Ile-de-France : les habitants sont animés par la volonté de satisfaire les besoins de la capitale dès la seconde moitié des années 1650. Secondés par un dense réseau routier, les échanges économiques, sociaux et culturels entre la vallée, Paris et l’ensemble de l’Ile-de-France se multiplient. Le paysage agricole s’imprègne progressivement d’un système multidimensionnel, associant sur de minuscules parcelles vignes, arbres fruitiers, plantes légumineuses et fourragères, résultat d’une complémentarité pensée par la paysannerie‑marchande pour assouvir ses désirs de profit et les besoins de la capitale. L’organisation spatiale des espaces bâtis s’adapte aux nouvelles activités agricoles, l’exploitation des massifs forestiers évolue pour satisfaire les exigences matérielles de celles-ci. Admiré par des spectateurs de plus en plus nombreux, le paysage et sa beauté contribuent à l’installation des élites sociales et urbaines au cœur même des villages. Le paysage de la vallée de Montmorency est une construction savante dotée d’une diversité qui recèle une remarquable cohésion d’ensemble et traduit l’habitude inaliénable qu’a l’Homme de construire son environnement à son image.
Camille CLEMENT, Docteure en géographie de l’Université de Montpellier, post-doctorante UMR Innovation, La publicisation des espaces agricoles périurbains : un cadre d’analyse en géographie
Résumé : La publicisation des espaces désigne le processus par lequel des espaces, qu’ils soient publics ou privés, urbains ou ruraux, sont pratiqués par de multiples acteurs pour en faire des espaces d’usages. Bien renseigné à l’échelle locale dans la littérature sur les espaces urbains, il n’a été étudié qu’à une échelle nationale pour les campagnes. Mon travail de thèse a proposé, à partir de deux études de cas, une grille d’analyse de la publicisation des espaces agricoles périurbains à l’échelle locale. La publicisation se décline en trois axes (le débat public, les politiques publiques et les pratiques spatiales) étudiés à deux échelles (le territoire et le lieu) suivant cinq dimensions d’analyse (le juridique, le social, le politique, l’historique et l’économique). Ce cadre d’analyse sera présenté en s’appuyant sur des exemples concrets. Il sera ensuite mis en perspective des évolutions récentes dans le débat public et dans la recherche (depuis 2012, date de soutenance).
Recherches sur les sociétés et les espaces ruraux
Lieu : Amphithéâtre de la MRSH
Date : 17/10/2017
Responsable(s) scientifique(s) : Philippe MADELINE et Jean-Marc MORICEAU
10h – 12h00
Séance d’accueil pour les étudiants (masters et doctorats)
14h30 – 19h00
- Ouverture du séminaire (tout public)
Actualités et présentation du séminaire
Sylvain SKORA est professeur d’histoire-géographie au lycée Jehan-Ango de Dieppe, docteur en histoire (thèse soutenue à Dijon en 2015) et chercheur-associé au GRHis de l’université de Rouen. Il travaille également sur l’imprimerie aux XVIe et XVIIe siècles.
L’adieu aux misères de la guerre » : la reconstruction de la Champagne méridionale après la guerre de Trente Ans (1635-1715)
Résumé : Les confins méridionaux et orientaux de la Champagne, correspondant approximativement à la Haute-Marne actuelle, ont été touchés de plein fouet par la guerre de Trente Ans et ses lendemains, entre 1635 et 1660. Le Journal du clerc langrois Clément Macheret, qui narre les désastres survenus pendant cette période, demeure pour l’historien un témoignage incontournable, mais la question de la reconstruction du Bassigny sous le règne personnel de Louis XIV a longtemps été négligée. Quel a été le rythme de ce relèvement ? Quels facteurs humains et économiques ont favorisé, ou au contraire freiné cette convalescence agraire ? Quels enseignements peut-on tirer d’une comparaison avec d’autres provinces de l’Est dévastées par la guerre de Trente Ans ? Il s’agit de comprendre comment cette reconstruction méconnue de la seconde moitié du XVIIe siècle a paradoxalement enfanté le bel essor champenois du siècle des Lumières.
Bernard PECQUEUR, Économiste et aménageur, Professeur à l’Université Joseph Fourrier de Grenoble, laboratoire PACTE,
La ressource territoriale : une réponse émergente à la crise en milieu rural ?
Résumé : Depuis le début des années 1960 avec la création de la DATAR, le développement économique des régions françaises a été posé comme un enjeu de politique publique. Dans cette perspective, la conception de l’aménagement du Territoire français y est descendante et pensée centralement. Au début des années 1980, la désindustrialisation des campagnes conduit à la désagrégation des économies locales. Avec les lois de décentralisation du début des années 1980, les collectivités montent en charge et en légitimité et on assiste au déplacement des politiques publiques vers le local. Dans une économie globalisée, le développement territorial apparaît alors comme une solution à la crise des espaces ruraux. A partir de ses expériences de terrain et de nombreux exemples, Bernard Pecqueur aborde la théorie du développement territorial.