La Bataille de Normandie a provoqué la mort de 13 632 civils dans les trois départements bas-normands 8 000 dans le Calvados, un peu moins de 4 000 dans la Manche, un peu plus de 2 000 dans l'Orne. A titre de comparaison, les Alliés ont perdu 37 000 hommes au cours de la Bataille de Normandie et les Allemands environ 80 000.
Lieux de décès | |
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Calvados | 7557 |
Manche | 3806 |
Orne | 2080 |
Eure | 11 |
Mayenne | 8 |
Sarthe | 7 |
Autres départements | 5 |
Incertains et inconnus | 158 |
Total | 13 632 |
Lieux de résidence | |
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Calvados | 7001 |
Manche | 3679 |
Orne | 1281 |
Seine (Paris) | 108 |
Seine Maritime | 57 |
Ile-et-Vilaine | 31 |
Eure | 21 |
Mayenne | 12 |
Couronne parisienne | 89 |
Autres départements | 85 |
Incertains et inconnus | 1264 |
Total | 13 632 |
Lieux de naissance | |
---|---|
Calvados | 4888 |
Manche | 3462 |
Orne | 1209 |
Seine (Paris) | 365 |
Seine Maritime | 245 |
Ile-et-Vilaine | 183 |
Eure | 176 |
Mayenne | 162 |
Côte d'Armor | 125 |
Sarthe | 109 |
Nord | 107 |
Finistère | 103 |
Couronne parisienne | 197 |
Autres départements | 877 |
Incertains et inconnus | 1107 |
Total | 13 632 |
En valeur absolue, c'est la ville de Caen qui a le plus souffert, avec 2 000 tués, soit 3,5 % de sa population. Compte tenu du nombre d'habitants, d'autres communes ont subi des pertes proportionnellement plus élevées : 4 % de la population à Coutances (270 morts) et à Valognes (200 morts) ; 5 % à Lisieux (800 morts), à Condé-sur-Noireau (250 morts) ou à Périers (107 morts) ; 6 % à Vire (350 morts) ; 7 % à Vimoutiers (200 morts) ; 9 % à Aunay-sur-Odon (200 morts).
Le triste record est détenu par le village d'Évrecy, à l'ouest de Caen, où le bombardement aérien de la nuit du 14 au 15 juin provoqua la mort de 130 personnes sur les 400 habitants du bourg soit 32.5 % des habitants.
La distribution du nombre de victimes par jour fait apparaître que le 6 juin, le "jour le plus long" fut aussi le plus tragique pour les Bas-Normands avec 2 200 morts. Le 7 juin, on ne dénombre pas moins de 1 600 tués supplémentaires. De manière générale, on peut observer que les premiers jours de la bataille sont les plus meurtriers. Entre le 6 et le 15 juin, le nombre de victimes est pratiquement égal à la moitié (48 %) du total des décès enregistrés entre le 6 juin et le 31 août 1944. La population, prise au dépourvu par la brutalité du premier choc, mettra plusieurs jours avant de prendre les mesures pour se prémunir contre les bombes ou les obus, en se réfugiant dans des abris de fortune, des tranchées, des carrières souterraines et des galeries de mines, ou bien en fuyant les zones les plus exposées. Dans ces conditions, les victimes sont moins nombreuses dans la seconde quinzaine de juin et en juillet, en dépit de "pointes" comme celle du 7 juillet, correspondant au bombardement aérien sur Caen lors de l'assaut allié qui devait aboutir à la libération de la capitale bas-normande. Par contre, on peut observer une remontée du nombre de décès en août, lorsque la bataille fait rage dans la Poche de Falaise, où les civils ne sont pas épargnés par les projectiles destinés aux Allemands.
Les renseignements collectés sur chaque victime permettent de mener une étude sociologique et de répondre à cette question: la mort a-t-elle frappé indistinctement ou certaines catégories de la population ont-elles été plus touchées que d'autres? On constate ainsi que les pertes sont plus élevées chez les hommes (53 % des victimes contre 45 % de la population présente en Basse-Normandie) qu'elles ne le sont chez les femmes. Nous savons aussi que les personnes âgées ont payé un tribut supérieur à la moyenne. Si cela ne constitue pas à proprement parler une surprise, il est, par contre, plus inattendu de constater que les pertes chez les jeunes et les enfants ont été inférieures à ce que l'on pouvait attendre a priori. Par ailleurs, les victimes ont été proportionnellement plus nombreuses chez les habitants des villes que chez les ruraux. Pour l'ensemble de la région, la moitié des victimes sont des citadins, alors que ceux-ci ne représentent que 33 % de la population totale des trois départements. Cette surmortalité urbaine est à mettre en relation avec les bombardements aériens sur les principales cités de la région. Dans une très large mesure, la ventilation des victimes par catégories socioprofessionnelles découle de cette remarque. Les pertes sont plus élevées chez les ouvriers, employés, commerçants-artisans ... qu'elles ne le sont au sein de la paysannerie.
Malgré les bombardements aériens survenus au cours de la nuit du 5 au 6 juin et les tirs violents déclenchés à l'aube par l'artillerie de marine, les opérations de débarquement proprement dites ont provoqué un nombre relativement limité de victimes. Sur le littoral oriental du Cotentin (Utah Beach) et sur celui du Bessin (Omaha Beach), les habitations sont peu nombreuses. Elles le sont, par contre, bien davantage en secteur britannique et canadien (Gold Beach, Juno Beach et Sword Beach) entre Arromanches et Ouistreham. Mais une bonne partie de la population avait été évacuée sur ordre des Allemands. Les villas de front de mer, en particulier, ont été totalement vidées de leurs occupants afin de les transformer en retranchements.
Par contre, les bombardements aériens sur les villes bas-normandes dans les vingt-quatre heures qui ont suivi l'assaut allié ont provoqué des terribles ravages. Ils ont commencé dès l'aube, d'abord avec des objectifs limités : les ponts et les gares. Généralement, les pertes civiles restent modestes, sauf à Ecouché et surtout Caen où, vers 13 heures 30, un bombardement mal ajusté contre les ponts de l'Orne dévaste tout le cœur de la cité, provoquant la mort de près de 500 personnes. Mais le plus terrible se produit dans la soirée du 6 juin et dans la nuit du 6 au 7, avec la mise en œuvre d'un plan de destruction méthodique des principales villes de la région. Pour les Alliés, il ne s'agissait nullement - comme beaucoup de Normands l'ont cru et le croient encore - de tuer des soldats ennemis, mais bel et bien de détruire les principaux nœuds de communication routiers, afin de paralyser la montée des renforts allemands en direction du front.
Entre 20 heures et 20 heures 30, un millier d'appareils de la 8e US Air Force ont reçu la mission de bombarder une dizaine de villes: Pont-l'Evêque, Lisieux, Falaise, Thury-Harcourt, Condé-sur-Noireau, Vire, Argentan, Saint-Lô, Coutances. L'opération se déroule dans des conditions de visibilité médiocres et dans une certaine confusion. Falaise, Thury-Harcourt ou Argentan, échappent ainsi - du moins provisoirement - à la destruction. Par contre, Flers est bombardée alors qu'il n'était pas prévu qu'elle le soit. Partout, les Alliés avaient lancé au préalable des milliers de tracts pour avertir la population du danger et l'inciter à fuir sans retard. Mais la plupart de ces messages se sont dispersés dans les campagnes, souvent loin de leur cible, et ceux qui les eurent malgré tout entre les mains ne les prirent généralement pas au sérieux. De ce fait, les victimes sont nombreuses et on déplore déjà plus d'un millier de morts et d'innombrables blessés. Pourtant, au vu des premières photographies, les stratèges alliés estiment que les destructions obtenues par les avions américains sont insuffisantes et prennent la terrible décision de recommencer, en utilisant cette fois les appareils du Bomber Command de la RAF, habitués aux bombardements de nuit.
Coutances (Manche), été 1944.
Le 7 juin, entre minuit et 3 heures du matin, Lisieux, Argentan, Condé-sur-Noireau, Vire, Saint-Lô et Coutances reçoivent une nouvelle pluie de projectiles, qui tombent souvent sur les sauveteurs en train de dégager des ruines les victimes des avions américains. A ces villes a été ajoutée Caen, dont les troupes de Montgomery n'ont pas réussi - comme prévu - à s'emparer au soir du 6 juin et dont il faut en conséquence interdire la traversée aux chars allemands. Généralement, la majeure partie de la population avait fui en direction des campagnes après le premier bombardement, ce qui évita une nouvelle hécatombe, sauf à Caen (200 morts) et surtout Lisieux. Dans la cité de Sainte-Thérèse, l'attaque de 20 heures n'avait eu que des effets limités et la plupart des Lexoviens avaient décidé de rester chez eux. Près de 700 d'entre eux périrent sous les bombes incendiaires au cours de cette nuit tragique, écrasés sous leurs maisons effondrées ou brûlés vifs.
Par leur ampleur comme par le nombre des victimes (environ 2 000 morts), les grands bombardements aériens des 6 et 7 juin resteront les plus épouvantables. D'autres se produiront encore dans les jours suivants, guidés par les mêmes motifs: ainsi disparaîtront L'Aigle, Falaise, Valognes, Vimoutiers. Puis, tout en se faisant plus sporadiques, les bombardements continueront au gré des péripéties des combats et des préoccupations tactiques des Alliés. Entre le 12 et le 15 juin, la crainte d'une contre-offensive blindée allemande à l'ouest de Caen, provoquera la dévastation des bourgs d'Aunay-sur-Odon, Vieux et Evrecy. Les carrefours routiers, les gares, les dépôts de munitions restent des cibles privilégiées, pour le plus grand malheur des populations avoisinantes. Au total, les bombardements aériens sont responsables de plus de la moitié des pertes civiles de la bataille de Normandie.
Tract lancé par l’aviation alliée dont l’objectif était de prévenir les populations civiles. Trop vague dans le texte, lancé sans précision, il sera sans effet sur l’évacuation des civils.
La ville de Vire (Calvados) vers la fin de l’année 1944, après les bombardements du 6-7 juin.
Brochure éditée par la commune d’Aunay-sur-Odon, après la libération, vers 1945. (Mémorial de Caen)
Par ordre décroissant d'importance viennent ensuite les effets des combats terrestres. Les soldats des deux camps se sont battus ici, non dans un désert - comme en Libye -, non sur un atoll désolé - comme dans le Pacifique -, mais dans une région de forte densité humaine. Par ailleurs, la durée des combats a largement outrepassé les prévisions des Alliés. Au lieu de trois semaines, il faudra près de trois mois pour libérer la Basse-Normandie, en raison de la résistance acharnée offerte par les Allemands. Enfin, au plus fort des affrontements, deux millions d'hommes se feront face, soit deux fois plus qu'il n'y avait alors d'habitants dans les départements de la Manche et du Calvados, où les combats restèrent circonscrits jusqu'au mois d'août. L'ensemble de ces conditions explique les ravages causés au sein d'une population plongée dans une gigantesque bataille. Les villageois, comme les citadins fuyant les villes en ruines, se trouvent pris au milieu de la mêlée. A l'approche du danger, on cherche une protection derrière les épais murs des fermes ou des granges. A l'initiative des "anciens", qui ont fait la Grande guerre, on aménage partout des tranchées et des abris couverts de fagots. Mais ces précautions se révèlent parfois illusoires face à l'intensité de la canonnade. Dans le souci -légitime - d'éviter de lourdes pertes à leurs troupes d'assaut, les Alliés font toujours précéder leur avance de terribles barrages d'artillerie. Les obus touchent les lignes allemandes, mais n'épargnent pas les malheureux civils. Les armées anglo-américaines avancent tel un gigantesque rouleau compresseur, écrasant et broyant tout sur son passage.
À cet égard, la cartographie du nombre de victimes par commune, outre le rappel du poids des bombardements aériens, montre que les pertes civiles sont directement liées à l'intensité et à la durée des combats. Ainsi se détache une large zone, tout autour de Caen, où Britanniques et Canadiens multiplièrent les offensives plus de deux mois durant avant que les Allemands ne décrochent vers Falaise au début du mois d'août. L'exemple de la Manche est également probant. Dans le Cotentin, les victimes sont nombreuses autour de Montebourg, où l'avance américaine fut bloquée une quinzaine de jours, ainsi que dans l'agglomération cherbourgeoise, théâtre des affrontements qui aboutirent à la prise de la ville le 26 juin. Ailleurs, les populations ont payé un tribut moins lourd en raison de la libération rapide de la presqu'île, consécutive au repli des Allemands à l'intérieur de la forteresse de Cherbourg. Par contre, on retrouve des victimes civiles en beaucoup plus grand nombre autour d'une ligne La Haye-du-Puits/Saint-Lô où les Gi's durent livrer pendant près d'un mois une terrible guerre dans "l'enfer des haies". Puis, fin juillet, c'est la percée - très rapide ¬en direction d'Avranches. L'essentiel du sud du département de la Manche est enlevé en quelques jours, avec des pertes limitées pour les populations. Toutefois, la résistance allemande se durcit sur les premiers contreforts du Bocage virois et du Mortainais, où le nombre de tués redevient plus important.
Après l'échec de la contre-offensive lancée le 7 août sur ordre d'Hitler autour de Mortain, la IIIe armée de Patton entame une fulgurante manœuvre d'encerclement. Du 11 au 14 août, les Américains libèrent le Perche; les combats, rondement menés, ne provoquent guère plus de quelques dizaines de victimes parmi la population. Par contre, l'avance est plus difficile dans la région du Bocage et dans la Plaine de Falaise; elle s'accomplit à grand renfort de bombardements tactiques et de tirs d'artillerie, particulièrement éprouvants pour les villages rencontrés et les civils restés sur place. Entre le 1er et le 18 août, on dénombre près de 200 victimes autour de Vire et plus de 300 dans l'Orne. La poche de Falaise se referme inexorablement sur les armées allemandes battant en retraite, mais aussi sur de malheureux civils pris dans le piège infernal.
Nombre de Bas-Normands ont également trouvé la mort sur les chemins de l'exode. Ce phénomène, jusqu'alors peu étudié, a jeté sur les routes des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, de malades ... Il résulte soit de décisions spontanées prises par les populations fuyant les bombes et les obus, soit - le plus souvent - d'ordres d'évacuation donnés par les autorités françaises ou l'armée allemande au fur et à mesure de son recul. Les uns fuient au hasard, ballottés par les combats. D'autres, plus nombreux, suivent des itinéraires établis à l'avance par l'administration de Vichy. Pour les gens de la Manche, ils mènent vers la Mayenne, avec un important centre d'étape à Mortain. Dans le Calvados, le principal trajet, partant de Caen, aboutit dans la région de Trun, dans l'Orne. On sait ainsi que 45 000 personnes sont passées par le village de Saint-Sylvain, où la Croix rouge avait aménagé un relais. Le périple n'est pas sans danger car l'aviation alliée, omniprésente dans le ciel normand, mitraille et bombarde systématiquement les voies de communication, à vrai dire sans grand discernement. Bien des civils périront ainsi. Bornons-nous à signaler, à titre d'exemple, la tragédie de Saint-Charles-de-Percy, non loin de Vire, où, le 8 juillet, toute une colonne de réfugiés est prise sous le feu des bombes et des roquettes d'une escadrille de chasseurs-bombardiers américains Thunderbolt. Après son passage, on releva une trentaine de morts et des dizaines de blessés.
Les civils en exode craignent la présence allemande. Repérés par les Alliés, les soldats sont la cible des mitraillages intempestifs dont les civils sont, quelques fois, les premières victimes.
Il convient enfin de ne pas oublier les massacres perpétrés par les Allemands, des SS le plus souvent, parfois aidés dans leurs méfaits par des auxiliaires français de la Gestapo. Le 6 juin, jour du Débarquement, environ soixante-quinze patriotes sont ainsi froidement massacrés dans les courettes de promenade de la maison d'arrêt de Caen, de crainte de voir les Alliés les délivrer. Ces crimes vont durer jusqu'aux ultimes soubresauts de la Bataille de Normandie. Le plus souvent, les victimes en sont des résistants, pris armes à la main et exécutés sans jugement. Parmi eux, les onze membres du groupe Action-PTT de Saint-Lô, fusillés à Beaucoudray le 15 juin ; les dix hommes passés par les armes à Boucé et Fleuré, dans l'Orne, le 28 juin; les dix-neuf victimes de la Gestapo d'Alençon, abattues à Condé-sur-¬Sarthe les 22 et 30 juin ; les vingt-sept personnes dont les corps furent retrouvés dans le charnier de Saint-Pierre-du-Jonquet, près d'Argences où s'était repliée la Gestapo de Caen; les six résistants fusillés à Saint-Jean-du-Corail, non loin de Mortain, le 31 juillet; auxquels il faudrait ajouter la dizaine de maquisards d'Appenai-sous-Bellême ou ces cinq chefs de la résistance ornaise abattus à l'Hôme-Chamondot le 9 août et bien d'autres encore.
Mais les exécutions sommaires frappent aussi des civils dont le seul tort a été de ne pas obéir aux ordres ou de ne pas céder aux exigences d'un ennemi aux abois; pour ne pas avoir évacué rapidement leur village; pour avoir refusé de céder un cheval, une bicyclette ... ou même pour avoir refusé de laver une chemise! D'autres mourront pour avoir tenté de cacher des déserteurs, des pilotes alliés abattus, aidé les libérateurs dans leur avance ou avoir salué trop tôt leur arrivée en sortant imprudemment drapeaux ou gerbes de fleurs. Ces forfaits se font plus nombreux encore lors de la retraite allemande. Le 18 août, dix-huit habitants de Tourouvre sont massacrés par une unité de la division SS "Das Reich", qui s'était déjà illustrée de la manière que l'on sait à Tulle et Oradour-sur-Glane. Le 18, six personnes sont tuées à Saint-Michel-de-Livet, dans le Pays d'Auge, pour avoir manifesté trop ouvertement leur joie à l'approche des Britanniques.
Bien des mois après la fin de la Bataille en Normandie, la mort continuera de frapper insidieusement ses habitants. Les belligérants ont laissé derrière eux d'innombrables mines ou des obus non explosés. Dans ces conditions les tâches les plus anodines deviennent dangereuses. Pour le seul département du Calvados, on peut ainsi dénombrer près de trois cents personnes tuées par un engin explosif entre l'automne 1944 et la fin de l'année 1945 : des paysans labourant leurs champs, des pêcheurs frappés en plein travail par des mines marines, des ouvriers employés à des tâches de déblaiement... Les enfants, dans leur insouciance, sont souvent les victimes privilégiées d'accidents dramatiques en jouant innocemment avec des engins de mort découverts çà ou là. Les opérations de déminage sont particulièrement lentes à se mettre en place, faute de moyens techniques et de personnel. Il faudra une virulente campagne de presse pour accélérer leur déroulement.
Déminage par l’armée américaine, dans la Manche, été 1944 (NARA).
Affiche destinée aux populations des régions sinistrées, vers 1945. (Mémorial de Caen)
Les pertes civiles engendrées par la Bataille de Normandie s'avèrent sensiblement inférieures à ce que l'on avait avancé ou écrit jusqu'alors. Elles restent néanmoins fort importantes et à coup sûr nettement plus élevées que dans la plupart des autres régions de France. Le déroulement des combats de l'été 1944 nous fournit l'explication de cette constatation. Les affrontements en Normandie ont duré beaucoup plus longtemps que prévu et engendré un nombre de victimes d'autant plus élevé. Si la bataille a été longue, c'est parce que les Allemands ont résisté jusqu'à l'extrême limite de leurs forces, et sans doute même au delà. Ainsi s'explique leur effondrement brutal et l'incapacité dans laquelle ils se sont trouvés de défendre le reste du territoire français. Dans ces conditions, la progression des Alliés est foudroyante. Dans les derniers jours du mois d'août, Patton a déjà atteint l'est de la France. Le 3 septembre, Montgomery entre dans Bruxelles. La majeure partie du territoire français a été libérée très rapidement, sans dommages majeurs comme ce fut le cas en Normandie et avec beaucoup moins de victimes parmi la population. Ce qui revient à dire que, dans une très large mesure, c'est la Normandie qui a payé le prix de la libération de la France; et il fut particulièrement élevé.