COHEN Meyer

COHEN Meyer // Naissance : 25-6-1901 à Essaouira (Maroc) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 23-9-1942 à  ;  ; Assassiné

Meyer Cohen, parfois prénommé Mayer, dont la date de naissance varie selon les sources (le 25 juin 1901 sur la liste du convoi de déportation), a passé son enfance à Essaouira où son père était cordonnier. Il semble avoir quitté le Maroc vers 1918 pour contracter en France un engagement de travailleur colonial qui l’aurait mené dans les camps de Vernon (Eure) et d’Elbeuf (Seine-Inférieure). Ce qui est certain est qu’il s’établit ensuite dans la cité elbeuvienne et y occupe des emplois de presseur chez divers tailleurs. En 1927, il s’installe à Rouen où il continue d’exercer son métier. Divorcé en 1930 de Mireille Lemonnier, une Française non juive qu’il a épousée à Elbeuf en 1923, il n’a pas d’enfant. Il a un statut de « Protégé français », c’est-à-dire de ressortissant du Maroc sous protectorat français. La demande de naturalisation qu’il dépose au début des années 1930 est rejetée, notamment pour des raisons économiques car sa profession est considérée comme encombrée.

En octobre 1940, il est recensé comme Juif à Rouen. Au printemps 1941, alors que les mesures antijuives se multiplient, qu’il a perdu son emploi et vit désormais sans ressources, il sollicite son retour à Mogador, nom officiel d’Essaouira à l’époque du protectorat. Mais bien que son rapatriement soit accepté par les autorités coloniales, il reste finalement à Rouen pour une raison inconnue. C’est à son adresse du 4 rue Écuyère qu’il est arrêté par la police française le 6 mai 1942 à l’heure du couvre-feu, lors de la rafle de 77 hommes juifs de 18 à 54 ans dans la région de Rouen, organisée par la section antijuive de la Gestapo de Paris en liaison avec la Sipo-SD régionale. Avec les autres personnes arrêtées, il est conduit à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen, secteur allemand, où il est détenu quelques jours avant d’être acheminé le 12 mai vers le camp de Drancy (Seine) (mle 11 713). Hospitalisé quelques semaines entre mai et juillet, il est ensuite transféré dans les camps du Loiret, d’abord à Pithiviers le 4 septembre 1942, puis à Beaune-la-Rolande le 15 du même mois. Re-transféré à Drancy dès le 21, il est déporté dans le convoi no 36 du 23 septembre 1942 à Auschwitz, où il est probablement gazé à son arrivée.

Sources : AN / Mémorial de la Shoah : F/9/5686, F/9/5753 ; AD76 : 3352W2, 51W170, 22W/Z11675 ; F. Bottois, De Rouen à Auschwitz, p. 145-158, 309

Corinne Bouillot