
Photo : Archives MRDN
TOUCHET Antoine, Charles, Marie, Jules, de
Né le 3 février 1886 à Paris (7e) ; domicilié à Caen (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.
TOUCHET Antoine, Charles, Marie, Jules, de // Naissance : 9-2-1886 à Paris (Seine) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Deuxième d’une fratrie de neuf enfants, Antoine de Touchet est le fils d’un officier de cavalerie. Admis à Saint-Cyr en 1907, il intègre, après deux ans de formation militaire, le 19e régiment de Chasseurs avec le grade de sous-lieutenant. Mobilisé le 2 août 1914, il réussit à passer à l’aéronautique militaire comme officier-observateur au sein de l’escadrille 23. A la suite d’une panne de moteur, son avion est contraint de se poser dans les lignes allemandes. Fait prisonnier il est balloté d’un Oflag à l’autre durant tout le temps de sa captivité. Rapatrié en France le 7 janvier 1919, et promu entretemps capitaine, Antoine de Touchet est affecté à diverses missions à Paris, notamment auprès du chef de la Mission militaire britannique. Le 20 août 1921, il se porte volontaire pour intégrer l’Armée du Levant. Il participe à diverses missions d’observation aérienne et de renseignement en Syrie, puis revient en France le 20 juin 1923. Il s’installe, à partir de 1927, à Caen, et occupe plusieurs postes dans les dépôts de remonte à Alençon, puis à Caen, jusqu’à sa retraite, le 1er novembre 1934.
À la déclaration de guerre, le commandant de Touchet est rappelé par l’armée le 26 août 1939. Affecté au sein du 2e groupe de reconnaissance de corps d’armée (GRCA), il commande le 1er groupe d’escadrons motorisés (GEM). Envoyé sur l’Escaut en Belgique, du 11 au 13 mai 1940, il est obligé de se replier, non sans avoir combattu, jusqu’à l’Avre (Somme). Blessé puis fait prisonnier, le 9 juin, il parvient à être libéré et est démobilisé à Caen, le 22 août 1941.
Vers la fin de 1941, il est contacté par Maurice de Mac Mahon, un cousin de son épouse, afin de recueillir des renseignements pour les Britanniques au sein du réseau Alliance. Engagé comme agent de renseignement et de liaison P (agent permanent), il poursuite ainsi le combat jusqu’au début de l’année 1944, époque à laquelle le colonel Perrey, le fait entrer à l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA). Le 28 avril 1944, trois agents de la Sipo-SD, procèdent à son arrestation, à son domicile, 15, place Saint-Sauveur. Les policiers allemands n’ont que peu d’éléments à charge, en dehors d’un écrit où son nom apparaît, probablement saisi lors d’une perquisition chez un agent parisien. Malgré les coups, il nie toute implication dans la Résistance et ne parle pas. Détenu à la maison d’arrêt de la rue du général Duparge, le résistant est extrait de sa cellule, le 6 juin 1944, puis exécuté dans une des courettes du quartier allemand, avec 72 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Vincennes : 28P 3/71 ; SHD-Caen : 21P544678 ; AD14 : Caen, tables décennales, naissances, 1923-1932 et 1933-1942 ; recensements 1931-1936 ; 9W70 : Procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, 2 mai 1945 ; Dossier d’enquête sur les prisonniers fusillés de juin 1944, 3348W/1 : archives historiques du CICR, P19125, P21 173, P70 155, P77 437 ; AP : de Touchet ; J.Vico, J.Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 1994 et 2004. G. Caraes, Le réseau Alliance, 2021.
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 9-2-1886
- Paris, Seine
- Caen, Calvados
- 28-4-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




