DEBRIS Gaston

DEBRIS Gaston // Naissance : 28-5-1912 à Fécamp (Seine-Inférieure) ; Domicile : Fécamp Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 25-6-1943 à  ; 6-3-1944 à Dora (Allemagne) ; Décédé

Fonctionnaire, Gaston Debris est employé par sa ville natale à la construction des abris de défense passive indispensable pour ce port du littoral normand. Marié et sans enfant, il réside avec sa femme Madeleine au 11 rue de la Fontaine. Dans les premiers jours d’avril 1943, il se rend au cinéma « La Chaumière » de Fécamp où il a une altercation avec une jeune fille venue accompagnée par un soldat allemand. « Tu crânes parce que tu es avec un Frisé mais vivement que les Tommies viennent et tu verras » lui dit-il. Gaston Debris est un peu éméché mais ne peut imaginer que, s’étant fait traduire ces propos, le soldat allemand soit allé en référer à ses supérieurs. La Gestapo l’arrête le 8 avril 1943 et l’incarcère à la prison de Fécamp puis à celle de Rouen.

Interné le 1er mai 1943, au camp de rassemblement de Compiègne-Royallieu (Oise) sous le numéro 14 746, il est déporté- pour son « attitude antiallemande » le 25 juin 1943 dans un convoi de mille hommes pour le camp de concentration de Buchenwald. À son arrivée le 27, il reçoit le matricule 14 230 puis le 9 juillet, il est sélectionné pour le Kommando de Karlshagen qui travaille sur la base de Peenemünde dédiée aux recherches sur la fusée A4, future V2. À la suite du bombardement allié sur les installations, le 18 août 1943, les Allemands transfèrent peu à peu la production aéronautique dans des sites souterrains et le Tunnel de Dora est choisi pour le montage des fusées. Un contingent important, dont fait partie Gaston Debris, est rapatrié de Karlshagen vers Buchenwald le 13 octobre. Réimmatriculé 22 908 il est transféré au Kommando de Dora le lendemain. Les conditions de vie et de travail y sont très dures car il n’y a pas encore de baraques extérieures et les détenus travaillent par équipes de 12 heures et logent dans les galeries, sans voir le jour. Gaston Debris va tenir presque cinq mois jusqu’à son entrée au Revier de Dora enregistrée le 3 mars 1944.

Il y décède le 6 mars, à 6 h, d’une pleurésie bilatérale, selon l’acte officiel allemand établi en janvier 1946. Son nom figure sur la stèle commémorative du cimetière Val-aux-Clercs de Fécamp.

La jeune femme à l’origine de son arrestation sera arrêtée et condamnée à 15 ans de travaux forcés par la Cour de justice du Havre.

Sources : SHD-Caen : 21P441355 ; Thiery L. (dir.) Le Livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora,  p. 618 

Claude Favre