DELAHAYE Germaine, Berthe, Julia

DELAHAYE Germaine, Berthe, Julia // Naissance : 6-10-1892 à Tourlaville (Manche) ; Domicile : Tourlaville Manche () ; Repression : Déportée le 22-7-1943 à  ;  ; Rescapé Schwäbisch Gmünd Allemagnee

Divorcée en 1919 d’Alexandre Antoine qu’elle avait épousé en 1910 à Tourlaville, Germaine Delahaye vit pendant l’Occupation, Froide Rue, dans la même ville avec Manuel d’Oliveira, né en 1893 à Lisbonne (Portugal). Elle a quatre enfants : Yvonne et Alexandre, nés de sa première union, René et André, de sa relation avec son second compagnon.

Au mois de janvier 1941, Germaine Delahaye aide son fils René, auquel elle donne de l’argent, à rejoindre l’Angleterre où il servira dans la formation Lorraine de la Royal Air Force. Ne cachant pas sa sensibilité pour les forces de la France libre, Germaine Delahaye diffuse la propagande gaulliste parmi la population de Tourlaville, sans pour autant appartenir à un réseau structuré. Au début de l’année 1942, elle est dénoncée par trois membres de sa famille avec lesquels elle était brouillée.

Convoquée le 1er mai 1942 à la gendarmerie de Tourlaville par les autorités allemandes, Germaine Delahaye est conduite à la Kommandantur de Cherbourg et écrouée le jour même à la prison de la ville. Dès le lendemain, elle est transférée à la prison de Saint-Lô où elle comparaît, le 28 mai 1942, devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 qui la condamne à deux ans et six mois de réclusion pour « manifestation germanophobe ». Le 20 juin, elle est transportée à la prison des Hauts-Clos à Troyes.

Un mois plus tard, le 22 juillet 1943, Germaine Delahaye est déportée à la prison pour femmes de Gotteszell à Schwäbisch Gmünd, à l’est de Stuttgart. Sa famille introduit une demande de recours en grâce pour raison de santé par l'intermédiaire d'un avocat parisien, Me Jean Coryne, et obtient une remise de peine de sept mois. Germaine Delahaye est libérée de la prison de Gotteszell le 14 avril 1944 et reconduite à Paris, le lendemain, par une escorte allemande. Elle regagne alors son foyer où elle est placée en résidence surveillée jusqu’à la Libération.

Germaine Delahaye décède le 29 juillet 1970, à Tourlaville.

Sources : SHD-Caen : FN, 21P630989 ; EC (Tourlaville)

Pierre-Emmanuel Dufayel