
Photo : AP F. Dutacq
DUTACQ Maurice, Jules, Marcel
Né le 18 décembre 1902 à Putanges (Orne), domicilié à Caen (Calvados), exécuté le 6 juin 1944, à la maison d’arrêt de Caen.
DUTACQ Maurice, Jules, Marcel // Naissance : 18-12-1902 à Putanges (Orne) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Fils d’un boulanger-pâtissier de Putanges, Maurice Dutacq est appelé sous les drapeaux avec ceux de la classe 1922. Incorporé dans la 32e section d’infirmiers militaires, il est envoyé au Maroc alors en guerre. Renvoyé dans ses foyers au début du mois de mai 1924, il signe un nouveau contrat de deux ans avec l’armée, le 10 janvier 1925, renouvelé le 15 décembre 1927, pour deux ans. Après son mariage, le 24 juin 1930, avec Albertine Quentin, la fille d’un menuisier du village de Saint-Mars-d’Egrenne (Orne), sa situation devient plus stable. Son épouse met au monde un premier enfant, le 3 mars 1931, à Mondeville (Calvados), où le couple a trouvé un logement. L’ancien militaire renoue avec sa formation première en travaillant chez Aubert, un pâtissier de la rue de la Marne à Caen. Le 7 septembre 1939, Maurice Dutacq est rappelé sous les drapeaux, mais il parvient à se faire démobiliser, le 21 juin 1940 à Carlus (Tarn). Quelques mois après la naissance d’un deuxième enfant, le 20 août 1942, le père de famille réussit à entrer au service exploitation de la SNCF, comme employé auxiliaire à la manutention, en gare de Caen.
Il se lie bientôt avec deux autres employés de la gare de Caen, Anatole Lelièvre et Pierre Testard. En décembre 1943, sollicité par l’un d’eux, il accepte d’agir contre les Allemands au sein d’une organisation de résistance, le réseau Arc-en-Ciel. Priorité est donnée à la collecte de renseignements militaires. Maurice Dutacq est depuis longtemps un passionné de vélo. Licencié à la Fédération française de cyclisme, il est enregistré, en 1943, comme « soigneur » à l’Union vélocipédique caennaise. Cette activité sportive officielle lui fournit une excellente couverture pour effectuer des missions d’espionnage, loin de son lieu de travail, comme le relevé de plans d’installations militaires allemandes. Cependant, le 3 mai 1944, Lucien Brière, l’un des plus actifs agents français de la Sipo-SD de Caen, est exécuté par le réseau Arc-en-Ciel. Les Allemands se mobilisent pour retrouver les auteurs de l’attentat. Le 23 mai, Maurice Dutacq est arrêté à son domicile, 81, rue Ernest Manchon à Caen. Brutalisé lors de ses interrogatoires, le résistant est incarcéré à la maison d’arrêt de Caen. Le 6 juin 1944, il est exécuté dans l’une des courettes de la prison, avec six membres de son réseau, et 66 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : AD61, Putanges, Naissances 1884-1902 ; Recensements, Saint-Mars-d’Egrenne, 1901-1921 ; Fiche matricule militaire n°85 ; AD14 : Recensements, 1936, dossier de demande de carte CVR, 1101W/224 ; Archives MRDN ; AP : F. Dutacq.
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 18-12-1902
- Putanges, Orne
- Caen, Calvados
- 23-5-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




