
FRILOUX Ulysse, Armand, Célestin
Né le 3 juin 1883 à Lignerolles (Orne) ; domicilié à Tourouvre (Orne) ; exécuté le 13 août 1944 à Tourouvre.
FRILOUX Ulysse, Armand, Célestin // Naissance : 3-6-1883 à Lignerolles (Orne) ; Domicile : Tourouvre Orne () ; Repression : Exécuté le 13-8-1944 à Tourouvre (Orne) ; Décédé
Fils d'Ernest Friloux, journalier agricole et de Armandine Rocher, gantière, Ulysse Friloux naît au domicile familial situé au hameau de Montchauvel à Tourouvre, un gros bourg rural du Perche ornais. Devenu ouvrier agricole comme son père, Ulysse dit Célestin Friloux est appelé au service militaire en novembre 1904 et renvoyé dans ses foyers un an plus tard. Le 9 mars 1912 à Longny-au-Perche (Orne), il épouse Ernestine, Georgette, Germaine Bâton et huit enfants naissent de leur union. En août 1914, il est mobilisé et sert dans le 68ème Régiment d’infanterie. Il s’illustre en novembre 1916 pendant la bataille de la Somme en allant chercher, malgré le danger, des camarades blessés tombés entre les lignes. Ulysse Friloux est blessé à son tour par un éclat d’obus reçu à la jambe en septembre 1918 au Moulin de Laffaux (Aisne) lors de l’offensive des Cent Jours. Il est finalement démobilisé en mars 1919 et retrouve son foyer situé à Tourouvre où il réside toujours rue du Buisson en 1944.
Début août 1944, les combats font rage dans l’Orne et les troupes allemandes peinent à enrayer l’avancée des forces alliées. Soumise aux attaques de l’aviation et aux opérations d’harcèlement menées par les groupes de FFI, la Wehrmacht subit de nombreuses pertes. Le 12 août 1944, un soldat allemand est tué lors du mitraillage aérien de son véhicule, rempli de matériels et de provisions, au niveau de la rue Mondrel (actuelle rue du Québec) à Tourouvre. Des habitants déposent son corps devant une maison du centre faisant office de Kommandantur. Le lendemain, le 13 août 1944 vers 17h30, les unités allemandes quittent précipitamment les lieux et se replient dans la forêt voisine après un accrochage avec une patrouille d’éclaireurs américains. Vers 19 heures, plusieurs dizaines de soldats de la 12ème division SS Hitlerjungend, dirigée par le capitaine Bör, cantonnée dans la commune voisine de Soligny-la-Trappe, découvrent le corps du soldat allemand gisant devant la Kommandantur et assistent au pillage d’une remorque de provisions laissées par les Allemands dans leur précipitation. Furieux, les soldats SS encerclent les lieux, tirent sur les villageois et décident de faire sortir les habitants de leurs maisons à coups de rafales de mitraillettes et de grenades provoquant la mort de certains de leurs occupants. Au total, les soldats massacrent 18 personnes, en blessent neuf autres puis incendient 57 maisons. 80 Tourouvrains sont alignés contre le mur de l’école de garçons et assistent impuissants à la destruction du bourg avant d’être retenus comme otages au château de la Foucaudière situé à l’orée de la forêt voisine. Comment expliquer un tel déchainement de violence contre des civils non armés ? La population du village est en fait accusée d’être complice des résistants et de la mort du soldat allemand retrouvé gisant devant la Kommandantur. La répression qui s’en suit est l’application des ordres du Maréchal Sperrle datés du 3 février 1944 : toute action maquisarde ou apparentée doit entraîner des représailles à l'encontre de la population civile locale, sans distinction d'âge ni de sexe.
Le boulanger Robert Guerrier, vétéran de la Grande Guerre et ancien prisonnier en Allemagne, réussit pendant la nuit à convaincre les officiers SS que le soldat retrouvé mort a été victime la veille d’une attaque aérienne. Le lendemain matin, le 14 août, les otages sont relâchés mais reçoivent l’ordre de quitter les lieux. Avant de repartir, les soldats allemands font exploser la Kommandantur et relancent l’incendie d’une partie du bourg laissant ainsi 184 habitants sans abri. Tourouvre sera reconstruit à partir de 1947.
Ulysse Friloux est l’une des premières victimes du massacre. Il tombe au niveau du carrefour de la route de Mortagne-au-Perche fauché par les premières rafales de mitraillettes. Son nom figure sur le monument aux morts de Tourouvre.
Sources : SHD-Caen : 21P345126 ; AD61 : 3NUMECEC226/3E2_226_9, R1151, R1149 ; Ganivet M. (dir.), 1944 La Libération du Perche, 2016 ; G. Gosset, 13 août 1944, le massacre de Tourouvre, 2024 ; Les Muséales de Tourouvre, Tourouvre et le Haut-Perche dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, exposition, 2024 ; memorialgenweb.org
Sébastien Beuchet
Mots-clés :
- 3-6-1883
- Lignerolles, Orne
- Tourouvre, Orne
- 13-8-1944
- Tourouvre, Orne
- 13-8-1944
- Tourouvre, Orne




