ADDE André, Julien

ADDE André, Julien // Naissance : 2-5-1921 à Blainville-sur-Mer (Manche) ; Domicile : Blainville-sur-Mer Manche () ; Repression : Déporté le 1-6-1943 à  ;  ; Rescapé Stuhm Allemagne

Ouvrier forgeron à Blainville-sur-Mer, célibataire, André Adde vit chez ses parents au village de La Louverie où il a vu le jour. Supportant difficilement l’occupation allemande, il accroche un drapeau tricolore, le 14 juillet 1941, en haut du clocher de l’église de Blainville-sur-Mer, avec le concours de Raymond Lecaudey. Il est rapidement retiré sur ordre du maire, avant que les Allemands n’aient connaissance du fait. Le 14 juillet 1942, à une heure du matin, André Adde récidive en hissant un drapeau tricolore frappé d’une croix de Lorraine, au sommet du clocher de l’église, à 35 mètres d’altitude. Mais des douaniers allemands l’aperçoivent et alertent la Feldgendarmerie de Coutances.

À l’annonce de lourdes sanctions collectives (100 francs d’amende par habitant soit 110 000 francs au total, interdiction de sortir après 19 heures et privation de viande jusqu’à nouvel ordre), André Adde avoue son acte au maire avant de se rendre à la gendarmerie d’Agon où il est arrêté le 15 juillet. Interrogé durant trois jours à Coutances, il est emmené ensuite à Saint-Lô, où il est frappé à coups de poing, les gendarmes allemands voulant lui faire avouer qu’il n’était pas seul. Le 29 juillet 1942, le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 le condamne à deux ans de prison pour « manifestation antiallemande ».

Le 18 août 1942, André Adde quitte la prison de Saint-Lô pour le fort d’Hauteville, près de Dijon. Il est ensuite affecté au camp forestier de Beaujeu (Rhône) d’où il s’évade en mars 1943. Arrêté à la frontière suisse par un douanier français qui le livre aux Allemands, il est interné en mai à Vesoul puis à Dijon d’où il est déporté le 1er juin 1943 dans les prisons de Freiburg, Karlsruhe et Frankfurt/Main. Du 15 juin au 4 août 1943, il est détenu à la prison de Kassel-Wehlheiden, puis transite par les prisons de Berlin-Alexanderplatz et Stettin avant d’être incarcéré à Stuhm. À l’expiration de sa peine, le 15 juillet 1944, il est libéré de prison mais contraint au travail sous contrôle judiciaire à Danzig où il est employé dans un garage jusqu’à l’arrivée de l’Armée rouge, le 31 mars 1945. André Adde n’est rapatrié par le centre d’accueil de Nancy que le 14 juillet 1945, puis regagne son foyer quelques jours plus tard.

André Adde est décédé le 21 avril 2012 à Blainville-sur-Mer.

Sources : SHD-Caen : 21P695706 ; Témoignage oral d’André Adde, Blainville-sur-Mer, 8 mai 1985 ; deces.matchid.io

Michel Boivin