GUILBAUT Eugène, Raoul, Charles, Marius

GUILBAUT Eugène, Raoul, Charles, Marius // Naissance : 18-10-1908 à Caen (Calvados) ; Domicile : Saint-Côme-du-Mont Manche () ; Repression : Déporté le 25-11-1943 à  ;  ; Rescapé Bad Holz Allemagne

Eugène Guilbaut est le fils de Clovis Guilbaut et d’Eugénie Juzan. Le 24 décembre 1929, il épouse Andrée Legagneux à Bretteville (Manche) où il exerce la profession d’instituteur. En 1930, le couple quitte Bretteville pour s'installer dans la commune de Saint-Côme-du-Mont où Eugène Guilbaut devient directeur de l’école. Il est peu après père d’un enfant. Pendant l’Occupation, la commune et son clocher offrent un point de repère et de surveillance stratégique pour les Allemands, alors très présents dans la région.

Malgré les menaces de répression qui pèsent sur les habitants, Eugène Guilbaut s’engage dans la Résistance en février 1942. Il organise et prend la tête d’un petit groupe de résistance à Saint-Côme-du-Mont rattaché au mouvement Libération-Nord. Fabrication de faux papiers pour les évadés et les réfractaires au STO, constitution d’un dépôt d’armes, diffusion des nouvelles de la BBC et propagande antiallemande sont autant d’activités qui rythment les journées du résistant manchois. Mais, dénoncé par son entourage, Eugène Guilbaut est arrêté le 29 août 1943 à son domicile par la Gestapo de Cherbourg qui l’embarque après la découverte de trois révolvers dans son école. Après un mois de détention à Saint-Lô, il est transféré le 30 septembre 1943 à la prison de Fresnes, en région parisienne, puis une semaine plus tard, au fort de Romainville (mle 3 474).

Le 25 novembre 1943, Eugène Guilbaut quitte la gare de l’Est dans un convoi d’une soixantaine de détenus « NN » (Nacht und Nebel, Nuit et brouillard). Le lendemain, ils font leur entrée au camp de Natzweiler-Struthof où Eugène Guilbaut reçoit le matricule 6 275. Le 10 mars 1944, il est affecté au commando de Kochem, situé près de Koblenz, où il travaille plus d’un an avant de revenir, le 9 avril 1944, au camp central de Natzweiler. Le 17 juillet suivant, c’est le départ pour la Basse-Silésie où il est emprisonné à Breslau et Brieg. Il y attend son procès qui n’aura jamais lieu en raison de l’abrogation de la procédure « NN » à la fin de l’été 1944. Il est alors envoyé au camp de Gross Rosen où il est enregistré le 13 octobre 1944 (mle 65 927). Mais son périple ne s’arrête pas là. Le 18 décembre, il est affecté au commando de Kamenz. Le 9 mars 1945, il est évacué vers la Bavière et atteint le 16 mars le camp de Dachau (mle 146 091). Le répit est de courte durée puisque Eugène Guilbaut est jeté quelques semaines plus tard sur les routes pour une « marche de la mort » au cours de laquelle il s’évade le 1er mai 1945 avant d’être libéré deux jours plus tard à Bad Tölz. Il est rapatrié le 14 mai suivant par le centre d’accueil d’Annecy.

De retour en Normandie, Eugène Guilbaut reprend sa profession d’instituteur à Millières (Manche) puis à Lessay (Manche). Le 28 décembre 1956, il y meurt des suites des mauvais traitements subis en déportation, à l’âge de 48 ans.

Son nom est aujourd’hui mentionné sur le monument aux morts de la commune de Lessay.

Sources : Arolsen ; SHD-Caen : Na 12/3, LA 9291-9430, 21P621528 ; MRD-Besançon : fonds La Martinière ; memorialgenweb.org

Anne-Sophie Rigot