GUTMAN Abraham

GUTMAN Abraham // Naissance : 12-1-1903 à Kiernozia (Pologne) ; Domicile : Vernon Eure () ; Repression : Déporté le 31-7-1942 à  ;  ; Assassiné

Abraham Gutman et Bayla Wagner, née le 18 octobre 1909 à Varsovie, sont respectivement installés en France depuis déjà 10 et 11 ans en 1940 lorsqu’ils se marient le 7 avril 1932 dans le 4e arrondissement de Paris. Avant la guerre, le couple et son enfant, José, né à Paris le 25 février 1934, quitte Paris pour Vernon dans l’Eure. Un deuxième enfant, Monique Jeanne, voit le jour le 23 mai 1939 dans cette petite localité où la famille vit toujours en 1940, au 3 rue d’Albufera. Abraham y exerce le métier d’artisan-tailleur.

Engagé volontaire, le père de famille est appelé, le 10 mai 1940, à rejoindre le dépôt n°21, au camp de Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, où il est démobilisé le 15 août 1940.

Dans la soirée du 13 juillet 1942, Abraham et Bayla sont arrêtés par les Allemands au cours de la première rafle des Juifs réalisée en vertu des accords Oberg-Bousquet qui prévoient la déportation des Juifs étrangers. Seize Juifs, de nationalité polonaise ou russe, sont arrêtés par les Allemands (14 ont pu être identifiés grâce à liste de distribution des étoiles). Parmi eux, une personne est déportée à l’île d’Aurigny, où sont envoyés les conjoints d’aryens, et cinq enfants de nationalité française sont remis « en liberté », parmi lesquels José et Monique Jeanne. Abraham et Bayla les confient alors « à des personnes charitables » selon les informations livrées par Bayla dans une lettre après la guerre. Avec sept autres personnes, les Gutman sont conduits à la maison d’arrêt d’Évreux, « autorisés à emporter un paquet de linge et des vivres pour trois jours ». Le lendemain matin, Bayla, enceinte, est relâchée et transportée à l'hôpital de Vernon tandis qu’Abraham est conduit à Rouen avant d’être transféré, quelques jours plus tard, au camp d’internement de Pithiviers dans le Loiret. Il y reste jusqu’au 31 juillet, date de sa déportation à Auschwitz par le convoi n°13.

Le 9 octobre 1942, Bayla échappe une nouvelle fois à la déportation. Les gendarmes Marcel Legendre et Henri Huet, venus l’arrêter, notent dans le procès-verbal qu’ils rédigent le 10 octobre 1942 avoir « trouvé Madame Gutman alitée » ; cette dernière ayant fait une fausse couche leur a « remis un certificat médical du Docteur Clément, son médecin traitant ». Ils ne l’emmènent pas : « Les ordres reçus nous prescrivant de ne pas arrêter les Juifs intransportables ou couchés, nous avons sursis à la mise à exécution de l’ordre d’internement ».

Le nom d’Abraham Gutman est gravé sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris, dalle n°42, colonne n°14, rangée n°3.

Sources : AD27 : 14W 90-93 ; Y. Lecouturier, Les Juifs en Normandie. 1939-1945, p. 121-122 ; memorialdelashoah.org

Sandrine Labeau