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GUYON DES DIGUÈRES Jean, Alfred, Marie, Joseph
Né le 19 janvier 1911 à Batilly (Orne) ; domicilié à Bellême (Orne) ; déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald ; rescapé.
GUYON DES DIGUÈRES Jean, Alfred, Marie, Joseph // Naissance : 19-1-1911 à Batilly (Orne) ; Domicile : Bellême Orne () ; Repression : Déporté le 22-1-1944 à ; ; Rescapé Parchim Allemagne
Jean Guyon des Diguères naît dans une famille de la noblesse ornaise. Il est le fils de Christian, Adolphe, Marie Guyon des Diguères, propriétaire, marquis de Mesnil-Glaise, et de son épouse Marie, Louise Bournisien. Étudiant, il est appelé aux armées en octobre 1931 et incorporé à la sous-intendance militaire au 8e Régiment d’infanterie. Libéré de ses obligations un an plus tard, il poursuit ses études puis entame une carrière de fonctionnaire qui le mène en Suède en 1937 puis en Allemagne l’année suivante. Mobilisé en septembre 1939, il est sollicité par l’état-major pour assurer la fonction d’interprète. Démobilisé le 25 juillet 1940, il se retire dans un premier temps à Montluçon dans l’Allier.
En 1942, célibataire, il exerce la fonction d’inspecteur principal du contrôle du ravitaillement de la Sarthe. Il réside au 3 rue St-Pavin des Champs au Mans et au château de La Grande maison à Bellême.
Dès avril 1941, il entre en résistance au sein du réseau Kléber puis Athos-Buckmaster
en octobre 1942. Jean Guyon des Diguères organise un réseau de renseignement et surtout
de ravitaillement (intendances, boulangeries, boucheries, épiceries) chargé de constituer
des stocks destinés à la nourriture des troupes pouvant être parachutées sur l’ensemble
du territoire national. Il est appréhendé par la Sipo-SD du Mans au petit matin du 6 octobre 1943 à Dollon dans la Sarthe comme il en témoigne
après-guerre : « averti par l'Intendance que le 4 octobre Monsieur Du Thilleul, intendant
adjoint, avait été arrêté à Paris alors qu'il était porteur d'une liste du nouveau
réseau organisé par moi pour le réseau Athos-Buckmaster, je quittai rapidement Le
Mans et m'enfuis chez monsieur Le Marchand, boucher à Dollon où la Gestapo m'arrêta le 6 octobre au petit jour ». René Vigneron
, membre du réseau et chef de district principal au ministère du ravitaillement dans
l’Orne, n’échappe pas au coup de filet et est arrêté à Alençon.
Emmené le jour même à la prison du Vert-Galant au Mans, Jean Guyon des Diguères y est torturé pendant 15 jours par les agents de la Sipo-SD mais ils ne lui arrachent aucun des noms des membres du réseau. Le 15 janvier 1944, il est conduit au camp de transit de Royallieu (Frontstalag 122) à Compiègne dans l’Oise (matricule 23 938). Le 22 janvier, il est déporté vers le KL de Buchenwald où il devient, à son arrivée deux jours plus tard, le matricule 41 783 et déclare la profession d’attaché au consulat. Sur sa fiche d’identification complétée lors de son immatriculation, le mot « Meerschaum » (« écume de mers ») est inscrit au crayon. Décidée à la fin de l’année 1942, cette opération doit répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre du IIIe Reich, engagé dans la « guerre totale », faisant des camps de concentration un réservoir de « travailleurs » au service de l’industrie de guerre allemande. Le 16 février 1944, Jean Guyon des Diguères est transféré au terrible Kommando de Dora où les conditions de travail et de détention sont particulièrement atroces. Privés de la lumière du jour, les détenus œuvrent dans des tunnels humides aménagés pour recevoir des unités de production de fusées V2. D’après André Sellier, rescapé de Dora et historien du camp, Jean Guyon des Diguères est affecté au Kommando « Kontrole Scherer » aussi appelé « KOE », Hall 28. En octobre 1944, le Kommando devient un camp de concentration autonome sous le nom de Dora-Mittelbau.
Le 5 avril 1945, Jean Guyon des Diguères est évacué par train sur le KL de Ravensbrück (15 696) où il n’arrive que neuf jours plus tard. Le 26 avril, il quitte le camp à pied et entame une terrible « marche de la mort » jusqu’à sa libération par les troupes soviétiques le 5 mai à Parchim. Le 16 mai 1945, il est rapatrié par le centre frontalier d’Hazebrouck (Nord) dans un état de santé dégradé après avoir perdu 30 kg.
Quelques mois après son retour, le 20 mars 1946, il épouse à Grenoble (Isère) Françoise, Marie, Louise, Amélie Copin de Miribel. Il poursuit sa carrière et devient Vice-Consul de France à Reykjavik en Islande.
Jean Guyon des Diguères de Mesnil Glaise est décédé le 22 décembre 1985 à Saint-Mandé (Val-de-Marne).
Sources : Archives Arolsen ; SHD-Caen : 21P622722 ; SHD-Vincennes : 16P282064 ; AD 61 : 3E2 027/21, R1377/556 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom ; Thiery L. (dir), Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, p. 1076 ; bddm.org, francaislibres.net, deces.matchid.io
Sébastien Beuchet
Mots-clés :
- 19-1-1911
- Batilly , Orne
- Bellême , Orne
- Le Mans , Sarthe
- 6-10-1943
- Dollon , Sarthe
- Le Mans, Prison du Vert-Galant, Sarthe
- Compiègne, Royallieu, Oise (23938)
- Buchenwald (41783)
- Dora (41783)
- Ravensbrück (15696)
- 5-5-1945
- Parchim, Allemagne




