SALMON Georgina

SALMON Georgina // Naissance : 18-5-1904 à Saint-Georges-de-Bohon (Manche) ; Domicile : Carentan Manche () ; Repression : Déportée le 25-6-1942 à  ;  ; Rescapé Bützow Allemagnee

Le 27 avril 1927, Georgina Salmon épouse René Jourdan à Gonfreville (Manche). Le couple de bouchers s’installe au village de la Russie à Carentan et donne naissance à deux enfants. Mobilisé comme maréchal des logis au 142e régiment d’artillerie lourde, René Jourdan est capturé et détenu à partir d’août 1940 au Stalag VB à Villingen, laissant sa femme et ses enfants âgés de 14 et 15 ans. Refusant d’obéir à une ordonnance allemande enjoignant à la population de déposer les armes dont elle est en possession à la mairie, Georgina Jourdan conserve les deux fusils de chasse appartenant à son mari.

Suite à la dénonciation de sa belle-sœur (condamnée à 20 ans de travaux forcés après-guerre), la Feldgendarmerie de Coutances perquisitionne son domicile le 30 mars 1942. Elle n’y découvre qu’un seul fusil camouflé au fond d’une armoire, ses voisins ayant pris soin de faire disparaître le second et les munitions. Georgina Jourdan est écrouée le jour même à la prison de Saint-Lô. Le 27 mai, elle est conduite à la prison de La Santé à Paris, puis à celle de Fresnes. Le 25 juin 1942, elle est déportée depuis la gare de l’Est avec 12 autres femmes classées comme « NN » (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard).

Le lendemain, Georgina Jourdan est emprisonnée à Aachen. Le 6 février 1943, elle est transférée à la prison de Köln en vue de son procès devant le Sondergericht de la ville compétent pour les affaires « NN » venant de Paris. Le 7 avril, elle est condamnée à mort pour « détention d’armes » mais voit finalement sa peine commuée en travaux forcés. Après son jugement, elle est conduite le 6 mai 1943 à la prison de Hamburg, puis à la forteresse de Lübeck-Lauerhof, le 31 juillet suivant. À partir du 21 septembre 1943, elle accomplit sa peine à la prison de Bützow d’où elle n’est libérée que le 3 mai 1945 par l’armée russe. Rapatriée par le centre d’accueil de Valenciennes le 2 juin, elle regagne son foyer où elle retrouve son mari relevé en janvier 1943 et ses deux enfants.

Sources : SHD-Caen : 21P577550, FN PG ; MRD-Besançon : fonds G. Tillion

Arnaud Boulligny, Anne-Sophie Rigot