KAHANA Dora

KAHANA Dora // Naissance : 1-6-1922 à Paris (Seine) ; Domicile : Dieppe Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 21-9-1942 à  ;  ; Assassinée

Dora Kahan est la plus jeune sœur d’une fratrie de quatre filles, nées de Khiva Kahana, juif roumain né le 16 février 1891 à Jassy et de Tsvila Herscovi, originaire de la même ville. Les archives ne livrent rien sur la date de leur arrivée en France. En revanche, en 1933, après le divorce de ses parents, elle vient vivre à Dieppe avec sa mère qui, couturière de formation, est devenue marchande ambulante alors que son père reste à paris où il exerce la profession de marchand ambulant. Elles gardent contact avec les autres membres de la famille, les trois sœurs aînées restées à Paris, soit par correspondance, soit par des visites régulières en train, de Dieppe à Paris.

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate et Dieppe est occupée en 1940. Du fait de l’Occupation allemande, Dora et sa mère qui sont de confession juive voient leur vie changer. En effet, dès le 20 novembre 1940, les juifs doivent se faire recenser et le tampon juif est apposé sur leurs papiers d’identité. Par ailleurs, le 24 avril 1941, la mère de Dora n’est plus autorisée à pratiquer son commerce ambulant. Celui-ci doit être vendu ou liquidé par les soins d’un administrateur choisi par la sous-préfecture. A partir de ce moment- là, elle enregistrée comme sans profession et n’a désormais plus de revenus. Enfin, en septembre 1941, leur poste radio est réquisitionné par les autorités… Puis à partir de juin 1942, les Juifs doivent porter l’étoile jaune.

Le 13 juillet 1942, Dora est arrêtée par les autorités allemandes pour défaut du port de l’étoile. Sur sa notice individuelle établie au moment de son arrestation, on apprend qu’elle était coiffeuse. Sa mère prend sa défense en se déplaçant au commissariat et en affirmant que sa fille portait bien l’insigne. Mais rien n’y fait. Dora est transférée le 24 juillet 1942 à Paris en train escortée par deux gendarmes français de Longueville-sur-Scie (Seine-Inférieure). Ils l’emmènent au camp d’internement des Tourelles, dans le 20e arrondissement de Paris. Mais son internement n’est pas accepté pour manque d’inscription d’ordre d’écrou. Les gendarmes l’emmènent alors au numéro 8 de la rue Greffulhe, dans les bureaux de la Police des Questions Juives à Paris. Dans sa correspondance, on apprend que Dora écrit une lettre à sa famille pour demander de la visite et pour qu’on lui apporte de quoi lire, écrire, coudre. La mère, Tsvila, prévient les sœurs qui viennent régulièrement lui rendre visite. Avant de quitter Les Tourelles, elle écrira une dernière lettre à sa famille : « Nous partons demain pour destination inconnue, ne vous affolez pas mais ne venez pas à la visite demain ». Dora rassure sa famille : « Ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai bon moral ».

Dora a été transférée au camp d’internement des Juifs à Drancy le 13 août 1942 avec 362 autres détenus des Tourelles. Elle est installée dans le bloc IV, Escalier 13, chambre 13. Là, elle reçoit des colis, des lettres. Elle arrive au camp de Pithiviers le 1er septembre 1942.

Dora est déportée à Auschwitz le 21 septembre 1942 en Pologne par le convoi n° 35. Elle a 20 ans. Sur les 1 000 personnes du convoi, seulement une trentaine a survécu. 963 personnes sont assassinées dont Dora Kahana.

Son nom figure sur le Monument aux Morts de Dieppe.

Sources : SHD-Caen : 21P467466 ; AN-Mémorial de la Shoah ; AD76 : 51W170 ; 1408W548 ; 22W/Z11906 ; EC (Paris) ; Préfecture de Paris ; AP : Archives Kahana

David Grasset