BLOCH Sophie

BLOCH Sophie // Naissance : 22-1-1881 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 25-3-1943 à  ;  ; Assassinée

Sophie Bloch est issue d’une famille juive française implantée de longue date en Alsace. Elle passe une partie de sa jeunesse à Nancy (Meurthe-et-Moselle), où son père est cartonnier et où elle exerce un temps la profession de couturière. Au plus tard depuis le début des années 1920, elle est domiciliée à Rouen, d’abord chez son oncle paternel qui travaille dans le négoce. Elle-même est négociante au moment de son mariage en 1924 avec un autre grand commerçant d’origine alsacienne, Henri Kahn. Restée sans enfant, elle vit seule à Rouen après le décès de son époux en 1937.

Contrainte de se faire recenser comme Juive en octobre 1940, Sophie Kahn réside à cette époque 18 rue de Crosne où elle possède un fonds de commerce, le Dépôt central des tissus. Placé sous administration provisoire dans le cadre de l’aryanisation des biens juifs, le fonds est vendu d’office en juin 1941 et elle est radiée du registre du commerce. Elle figure ensuite sur les listes de Juifs à sa nouvelle adresse rouennaise du 47 rue de Fontenelle, où elle est déclarée sans profession, et doit porter l’étoile jaune à partir de juin 1942. Une enquête ultérieure fait apparaître qu’elle a dissimulé des marchandises chez son employé emballeur et qu’une partie des tissus a été vendue au marché noir. Cette tentative d’échapper au moins partiellement aux spoliations dont elle est victime lui est fatal : le 24 octobre 1942, le préfet de Seine-Inférieure ordonne son internement au camp destiné aux populations juives : Drancy, en région parisienne. Arrêtée trois jours plus tard à son domicile par la police française, elle est amenée le 28 au camp de transit par la gendarmerie de Rouen.

Transférée le 9 mars 1943 au camp d’internement de Beaune-la-Rolande, elle est reconduite à Drancy le 23 du même mois pour être déportée le 25 par le convoi no 53 vers le centre de mise à mort de Sobibor. Comme la quasi-totalité des déportés de ce convoi, elle y est gazée à son arrivée.

Son nom est inscrit sur la stèle des déportés de la synagogue de Rouen (« Mme Kahn-Bloch Henri ») et sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris (« Sophie Kahn »).

Sources : CDJC : F/9/5704, 5760 ; SHD-Caen : 21P 467 645 ; AD76 : 3352W2, 54W5320, 6M619 ; AD54 : 6M33/394 ; EC (Strasbourg, Rouen) ; La Documentation française, Aryanisation économique et restitution / Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, 2000, p. 211-212 ; ressources.memorialdelashoah.org ; stevemorse.org/france ; geneanet.org.

Corinne Bouillot