KRAEMER Julius, Israël

KRAEMER Julius, Israël // Naissance : 18-2-1897 à Nieder-Weisel (Allemagne) ; Domicile : Le Mesnil-Eudes Calvados () ; Repression : Déporté le 6-7-1942 à  ; 7-8-1942 à Auschwitz (Pologne) ; Décédé

Le 8 mars 1938, afin de protéger sa famille des persécutions nazies s’amplifiant en Allemagne, Martin Kraemer demande au ministère de l’Intérieur français l’autorisation de faire venir ses parents en France. Pour les mettre à l’abri, il leur achète une ferme au Mesnil-Eudes, le Manoir Saint-Marc, avec ses 10 hectares de terre. Au cours de l’été 1938, Martin y installe ses parents, Isaak Léopold, né en 1867, Augusta, née en 1872, son frère Julius (ou Jules), sa belle-sœur Irma  et son jeune neveu Kurt , âgé de 12 ans en 1938. Jules Kraemer, cultivateur et marchand de bestiaux est chargé de veiller sur ses parents et sa famille réfugiée dans cette exploitation agricole au cœur du Pays d’Auge.

Quelques jours après la déclaration de la guerre, Jules et Martin Kramer sont internés, en tant qu’étrangers ressortissant du Grand Reich, au camp de Falaise (Calvados), puis à Lisieux (Calvados). Jules est probablement libéré en mars 1940, après de longues démarches administratives, pour exploiter la ferme du Mesnil-Eudes.

Le 27 septembre 1940, les biens des Kraemer, pourtant cultivateurs, sont recensés comme « entreprise juive » et les Kraemer sont internés au camp de La Motte-Beuvron (Loir-et-Cher) avec d’autres familles juives du Calvados. Jules ne revient au manoir que le 4 mai 1941. Le Commissariat général aux questions juives s’empare du dossier, nomme un administrateur provisoire et, le 1er juillet 1941, loue le manoir à un tiers. La procédure de spoliation se poursuit et les biens des Kraemer sont expertisés début 1942 à la demande de la préfecture du Calvados.

La gendarmerie française arrête Jules Kramer dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, comme otage, à la suite du sabotage sur un train allemand et le conduise à la prison de la Maladrerie à Caen. Il est ensuite inscrit sur une liste spécifique du convoi du 6 juillet 1942 et déporté à Auschwitz (mle 46 289). Il y meurt un mois plus tard, le 7 aout 1942.

En avril 1943, la « procédure d’aryanisation économique » du manoir des Kraemer est confiée à un administrateur provisoire allemand qui vend les biens à un charcutier parisien en mars 1944. Les survivants de la famille Kraemer retrouvent l’entière propriété du manoir qu’après un jugement du Tribunal civil de Lisieux, le 9 juin 1949, constatant le décès de Jules, Irma et Kurt Kraemer.

Sources : AN-Pierrefitte : Fonds de Moscou, 19940457, art. 236 ; AJ 38/4 474, dos. 5954 ; AJ 40/622 ; AD14 : M3360 et 619 W 3 ; AD41 : RV 1617 et 1615 ; EC : Nieder-Wiesel (Allemagne) ; Mémorial de la Shoah ; Famille Kraemer.

Thierry Marchand