
LAUVRAY Bernard
Né le 1er septembre 1916 à Évreux (Eure) ; domicilié à Évreux ; déporté le 28 juillet 1944 à Neuengamme ; décédé le 19 février 1945 à Wedel.
LAUVRAY Bernard // Naissance : 1-9-1916 à Evreux (Eure) ; Domicile : Evreux Eure () ; Repression : Déporté le 28-7-1944 à ; 19-2-1945 à Wedel (Allemagne) ; Décédé
Bernard Lauvray est un fils de notable. En effet, son père, Léon Lauvray, ancien combattant de la Grande Guerre, ingénieur agronome de formation, se lance en politique et devient député de l’Eure de 1928 à 1932 puis sénateur en 1938. Membre de l’Alliance démocratique, président de la Chambre d’agriculture de l’Eure, il est connu pour avoir refusé de se rendre à Vichy signer les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Sa mère, Germaine Bonviolle, est mère au foyer mais il semble qu’elle aussi partage les idées de son mari puisque les parents et leurs deux fils, Hubert et Paul, aident régulièrement Bernard Lauvray dans ses actions résistantes. Au moment où se déclare la guerre, en tant qu’étudiant en pharmacie, il rejoint la 3e section des infirmiers militaires à Rouen et est affecté dans différents hôpitaux, à Saint-Quentin, Caen et Nantes avant d’être démobilisé, en juin 1940 dans le Lot-et-Garonne. Il poursuit ses études à Paris, résidant alternativement au 14 rue de la Préfecture à Évreux ou dans sa chambre d’étudiant. Diplômé de la faculté de pharmacie en février 1942, il exerce comme interne à l’hôpital de la Salpêtrière mais, en ses temps troublés, la pharmacie ne figure plus au premier plan de ses préoccupations…. Il démissionne de son poste d’interne pour se consacrer entièrement à la Résistance.
C’est à cette époque qu’il se lie avec un étudiant en médecine Vic-Dupont, un des fondateurs du mouvement Vengeance, qu’il rejoint pour développer le mouvement en Normandie. Sous les alias de « Narcisse » ou de « Noé », Bernard Lauvray, en collaboration avec le mouvement Ceux de la Libération, met sur pied des formations paramilitaires dont il prend la direction. Le mouvement se développe dans toute la région. Au début de l’année 1943, il quitte les groupes d’action pour organiser le sous-réseau de renseignements Turma-Vengeance dont il est l’un des chefs régionaux à la fin de l’année 1943. Véritable pilier de la résistance dans l’Eure, il recrute aussi bien pour le renseignement que l’action, le parachutage comme le sauvetage de parachutistes. Il étend ainsi le réseau vers l’Anjou, le Nivernais et la Champagne.
Mais à partir l’automne 1943, infiltrées par la Gestapo, plusieurs têtes de Turma-Vengeance tombent. En effet, Bernard Lauvray est dénoncé par Max Dumas, un agent gestapiste lié aux Amis du Maréchal et la Gestapo de la rue Mallet-Stevens, à Paris. Arrêté dans sa mansarde au 7e étage du 100 de la rue d’Alésia (14e), il assiste à la perquisition de son domicile par cinq policiers allemands et deux acolytes français qui saisissent des documents compromettants. Interné à la maison d’arrêt de Fresnes, mis au secret dans la cellule 27, sans doute après de nombreux interrogatoires, le jeune étudiant est convoyé le 11 juillet 1944 vers le centre de rassemblement de Compiègne-Royallieu (mle 44 867), point de départ vers les camps de concentration du Reich. Il quitte les lieux le 28 juillet pour le camp de Neuengamme où il arrive après trois jours d’un voyage éprouvant. Immatriculé 39 470, il est utilisé comme travailleur forcé au Kommando de Wedel qu’il rejoint en novembre 1944. Dès le mois de décembre, il tombe gravement malade et est soigné à l’infirmerie de la prison d’Ohlsdorf à Hambourg. De retour au Kommando au début du mois de février, il ne survit que quelques jours. Il décède le 19 février 1945.
Son nom figure sur deux plaques commémoratives dans sa ville natale, à l’hôtel de ville et au lycée Aristide Briand d’Évreux.
Sources : SHD-Caen : 21P473432 ; C. Guyotjeannin, « En souvenir du jeune pharmacien Bernard Lauvray », Revue d’histoire de la pharmacie, 2000, p. 117-119, La résistance en Ile de France, cédérom, 2004, Héros et martyrs de l’Eure, p. 27.
Françoise Passera
Mots-clés :
- 1-9-1916
- Evreux, Eure
- Evreux, Eure
- 16-1-1944
- Paris, Seine
- Fresnes, Prison centrale de Fresnes, Seine
- Compiègne, Oise (44867)
- Neuengamme (39470)
- Wedel (39470)
- 19-2-1945
- Wedel, Allemagne




