
LECONTE Louis, Edmond, Eugène
Né le 19 septembre 1889 à Maisons-Alfort (Seine) ; domicilié à Caen (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à la maison d’arrêt de Caen.
LECONTE Louis, Edmond, Eugène // Naissance : 19-9-1889 à Maisons-Alfort (Seine) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Issu d’un milieu social aisé, Louis Leconte passe une grande partie de son enfance et de son adolescence à Allemagne (renommée Fleury-sur-Orne dans le Calvados en 1916), avec son frère cadet Robert, né en 1901. Après le certificat d’études primaires, et quatre années de collège, le jeune Louis entre dans le monde du travail comme employé de commerce, puis comme employé de banque.
Louis Leconte épouse, le 11 août 1915, à Caen, une institutrice, Jeanne Artu, 22 ans, fille d’un employé de commerce qui ne tarde pas à lui donner deux enfants, Suzanne, née le 3 janvier 1917, et Paulette, le 21 avril 1918. Libéré de ses obligations militaires, le père de famille s’installe, avec femme et enfants, à Caen, 89, Rue du Vaugueux. Il a retrouvé son poste d’employé de banque à la Société normande de banque et de dépôts, au 20 de la rue de Geôle. Le 8 septembre 1923, la famille s’agrandit encore avec la naissance d’une troisième fille, Jacqueline. Jeanne Leconte, la mère des trois fillettes doit alors s’arrêter de travailler pour élever ses enfants. Lorsque les deux aînées ont atteint l’âge de l’adolescence, elle reprend son poste d’institutrice à la Société métallurgique de Normandie (SMN) à Mondeville. Le père de famille gagne bien sa vie, si bien que les filles peuvent suivre des études secondaires au lycée.
En 1942, sa fille Paulette parvient à obtenir un poste de standardiste à la préfecture du Calvados. Cependant, ce que ne sait pas son père, c’est qu’elle est aussi entrée dans un réseau de renseignement qui travaille pour les Anglais, le réseau Arc-en-Ciel. Après l’exécution d’un traître français, le 3 mai 1944, redoutable auxiliaire de la Sipo-SD de Caen, l’Abwehr, le service de contre-espionnage de la Wehrmacht, dépêche deux de ses agents à Caen. En l’espace de trois semaines, ceux-ci parviennent à entrer en contact avec un membre du réseau, Raymond Pauly, qui, les prenant pour de vrais résistants, leur fournit suffisamment de renseignements pour leur permettre de localiser la plupart des agents caennais de son organisation. Jean Héron, Paulette Leconte, identifiés, réussissent à fuir à temps, mais les parents de la résistante sont tous les deux arrêtés en représailles, par la Sipo-SD, le 26 mai, et incarcérés à la maison d’arrêt de Caen. Le 6 juin 1944, Louis Leconte est exécuté dans l’une des courettes du quartier allemand, avec six autres membres du réseau Arc-en-Ciel et 66 prisonniers, pour la plupart membres de la Résistance. Jeanne Leconte, sa femme, est libérée, le 7 juin au matin.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : AD94 : Maisons-Alfort, naissances 1888-1889 ; AD14 : Caen, mariages, 1915 ; Caen ; naissances 1917-1918, 1923 ; décès, tables décennales, 1933-1942 ; Fleury-sur-Orne, recensements, 1896-1911 ; Caen, recensements, 1921-1936 ; subdivision de Caen, classe 1903, fiche matricule militaire n°1152, 6J/98 : Archives P. Héron, née Leconte
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 19-9-1889
- Maisons-Alfort, Seine
- Caen, Calvados
- 26-5-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




