LEHEU Pierre, François, Albert

LEHEU Pierre, François, Albert // Naissance : 3-6-1910 à Saint-Amand-des-Hautes-Terres (Eure) ; Domicile : Saint-Amand-des-Hautes-Terres Eure () ; Repression : Déporté le 11-11-1943 à  ; 24-5-1944 à Natzweiler (Bas-Rhin) ; Décédé

Pierre Leheu naît dans une famille d’artisan le 3 juin 1910 à Saint-Amand-des-Hautes-Terres. Son père, Albert est charpentier, et Suzanne Thuillier, sa mère, femme au foyer. Bien que presque majeur, Pierre Leheu est adopté par la Nation suivant le jugement du tribunal de Louviers du 2 mars 1931, sans doute suite aux décès de ses parents. Il se marie trois mois plus tard avec Simone Landon, originaire de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Seine-Inférieure. Pierre Leheu fait son service militaire en Syrie. À une date inconnue, le couple s’installe dans l’Eure où Pierre Leheu exerce divers métiers : d’abord charpentier comme son père puis exploitant forestier et bûcheron. En 1935, naît l’aînée d’une fratrie de trois enfants : Josiane, puis François en 1937 et Gérard en 1940.

Il est arrêté chez lui le 19 août 1943 par la police française mobile de Rouen alors qu’il nettoyait un révolver de 1916, donné par son père, qu’il avait omis de remettre aux autorités. Il avait aussi en sa possession des pièces d’un vieux fusil inutilisable. Il est remis aux Allemands le 2 septembre et interné à la prison d’Évreux du 16 septembre au 17 octobre 1943. Il reconnaît avoir tardé à rendre son arme aux gendarmes, avoir reçu et hébergé gratuitement des réfractaires au STO. Détenu à Paris dans la prison du Cherche-Midi du 18 octobre au 11 novembre 1943, le détenu est embarqué comme « NN ». Selon la procédure Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), le Reich décide de déporter ses ennemis qu’il juge en Allemagne avant de les incarcérer en prison ou dans des camps de concentration, dans le plus grand secret. Pierre Leheu est ainsi convoyé depuis la gare de l’Est vers le camp de concentration de Natzweiler-Struthof où il est immatriculé 5 992. Il meurt le 24 mai 1944 dans des circonstances inconnues.

Le sort s’acharne sur la famille Leheu. Leur fille Josiane, âgée de 9 ans est tuée lors d’un accident avec un convoi militaire sur la route nationale 13, le 8 janvier 1944 et son épouse, grièvement blessée dans les mêmes circonstances, décède aussi quelques temps plus tard.

Pierre Leheu et sa fille Josiane sont inscrits sur le monument aux morts de leur commune : « Décédés en 1944, 1939-1945 ».

Sources : SHD-Caen : 21P475173 ; AD27 : 72W5, 88W13 ; Francis Leheu, Vies brisées, les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, 2017, actu.fr

Bernard Bodinier