BENASRA Isaac

BENASRA Isaac // Naissance : 15-12-1904 à Smyrne (Turquie) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 22-6-1942 à  ; 18-8-1942 à Auschwitz (Pologne) ; Assassiné

Isaac Benasra, qui a passé son enfance à Smyrne, arrive en 1924 en France et y fait venir sa fiancée Sarah Pardo. Le couple, juif de nationalité turque, se marie à Paris en 1927 et a une première fille, Mathilde, en 1928. Isaac, marchand ambulant, continue d’exercer sa profession à Rouen où il s’installe avec sa famille en 1931. Il y réside 3 place des Emmurées et vend de la bonneterie sur les marchés. La seconde fille du couple, Victoria, naît à Mont-Saint-Aignan (Seine-Inférieure) en 1933. En 1936, alors qu’il a déjà assuré à ses enfants la nationalité française par déclaration, Isaac Benasra dépose, pour lui et son épouse, une demande de naturalisation qui n’aboutit pas.

En février 1940, il est reconnu apte au service volontaire dans l’armée française, mais comme son épouse est décédée un an auparavant, il s’occupe de placer ses filles dans un orphelinat israélite de Neuilly (Seine) évacué à Crocq (Creuse). Celles-ci sont encore recensées comme Juives à Rouen, avec lui, en octobre 1940 ; peut-être ne partent-elles en zone libre que peu après. Resté seul, Isaac Benasra est sommé en mars 1941 de placer l’affiche « entreprise juive » sur son étal, prélude à l’interdiction d’exercer son commerce.

Lors d’un déplacement à Paris, il est arrêté dans la rafle dite « de Drancy » des 20-25 août 1941, qui frappe plus de 4200 hommes juifs. À son arrivée le 21 à Drancy, où rien n’a encore été prévu pour l’hébergement des internés qui y sont parqués dans le plus grand dénuement, il est signalé qu’il n’a sur lui ni carte d’alimentation ni tickets de pain. Il passe de longs mois dans ce qui devient alors un camp de transit avant la déportation. Le 22 juin 1942, il est déporté par le convoi no 3 à Auschwitz, où il est astreint au travail forcé sous le matricule 40703. Sa mort est enregistrée au bloc 20 (« hôpital » du camp) le 18 août 1942. Ses filles, prises en charge par l’OSE au Château de Chaumont (Creuse), échappent à la Shoah.

La mémoire d’Isaac Benasra est honorée sur la stèle des morts en déportation de la synagogue de Rouen et sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Archives Auschwitz ; CDJC : F/9/5679 ; SHD-Caen : 21P 423 311 ; AD76 : 3352W2, 22WZ11611 ; EC (Paris) ; M. Laffitte et A. Wieviorka, À l’intérieur du camp de Drancy, 2015, p. 21 et s ; gfh.org.il, ose-france.org

Corinne Bouillot