LEVI Alfred

LEVI Alfred // Naissance : 1-6-1915 à Bebra (Allemagne) ; Domicile : Montebourg Manche () ; Repression : Déporté le 20-11-1943 à  ; 25-2-1945 à Buchenwald (Allemagne) ; Assassiné

D’origine allemande, Alfred Lévi fuit son pays à la suite de la restitution de la Sarre où il habitait à l’Allemagne en 1935. Il se réfugie dans le Cotentin où il épouse en 1937 Andrée Anfray, une jeune habitante de Montebourg. Le couple a trois filles, Jacqueline, Yvette et Danielle, nées en 1939, 1942 et 1944. La famille Lévi vit 27 rue des Juifs à Montebourg où Alfred travaille comme maçon (ou manœuvre, ouvrier agricole ou encore livreur selon les sources). Bien que surveillé en 1939 par les autorités française parce que ressortissant allemand, Alfred Lévi est en réalité apatride depuis que les lois de Nuremberg (septembre 1935) l’ont privé de sa nationalité d’origine. À partir de l’automne 1940, il est soumis aux mesures antisémites mises en place par Vichy et l’occupant.

Alfred Lévi est arrêté le 11 octobre 1942 à son domicile par les gendarmes de la brigade de Montebourg au cours de la deuxième rafle organisée contre les Juifs de la Manche. Elle conduit à l’arrestation de 18 personnes, toutes étrangères, à l’exception des enfants naturalisés et d’une Française bientôt relâchée. Alfred Lévi est conduit à la prison de Cherbourg puis au camp de Drancy le 27 octobre 1942. Son statut de « conjoint d’aryenne » le protège temporairement d’une déportation vers l’est. Le 9 mars 1943, il est conduit dans le Loiret, d’abord au camp de Beaune-la-Rolande puis, après sa fermeture en juillet 1943, à Saint-Péravy-la-Colombe. Il est ensuite affecté aux anciens magasins de meuble Lévitan, rue du Faubourg Saint-Martin à Paris (10e), où sont triés les biens spoliés aux Juifs en vue de leur expédition en Allemagne.

Le 9 novembre 1943, Alfred Lévi réintègre le camp de Drancy (mle 3 816). Il est déporté dans le convoi n° 62 composé de 1 200 personnes quittant la gare de Bobigny pour la Pologne le 20 novembre. À l’arrivée à Auschwitz, Alfred Lévi fait partie des 241 hommes sélectionnés pour le travail forcé. Il y reste jusqu’à l’évacuation du camp. Le 26 janvier 1945, il est enregistré au camp de Buchenwald (mle 122 841) où il trouve la mort peu après, le 24 février 1945.

Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Montebourg et de Cherbourg. Il figure aussi sur le Mémorial des victimes manchoises de la Shoah à Cherbourg et sur le monument départemental honorant les victimes de la répression nazie à Saint-Lô. Il est enfin gravé sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (4e).

Sources : Arolsen : SHD-Caen : 21P477151 ; AD50 : Les Juifs de la Manche sous l’Occupation, 1940-1944 (en ligne) ; stevemorse.org ; memorialdelashoah.org ; memorialgenweb.org

Arnaud Boulligny