
Photo : Archives MRDN
MARTIN Georges, Victor
Né le 16 avril 1905 à Parcé-sur-Sarthe (Sarthe) ; domicilié à Caen ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.
MARTIN Georges, Victor // Naissance : 16-4-1905 à Parcé-sur-Sarthe (Sarthe) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Issu d’une famille d’agriculteurs, Georges Martin est le deuxième enfant d’une fratrie de trois garçons. Le décès prématuré de leur père, le 28 octobre 1916, à l’âge de 44 ans, représente un choc pour les trois enfants. Après le certificat d’études, le jeune Georges cherche sa voie. Devançant l’appel sous les drapeaux, il s’engage le 2 janvier 1924 au sein du 150e régiment d’infanterie, puis est admis dans la gendarmerie, à compter du 24 septembre 1926. Alors qu’il est en poste à la brigade d’Alençon (Orne), il fait la connaissance d’une jeune modiste, domiciliée à Damigny (Orne). Son père est journaliste à l’Avenir de l’Orne, sa mère ne travaille pas. Ils se marient le 1er décembre 1928. Très bien noté, le gendarme Martin est promu maréchal des logis-chef, le 10 janvier 1932, et ce qui lui permet d’obtenir le commandement d’une brigade mobile d’intervention à Saint-Calais, dans le département de la Sarthe.
Le sous-officier se porte ensuite candidat pour entrer à l’école d’application de la gendarmerie à Versailles (Seine-et-Oise). Admis en octobre 1935, il en sort sous-lieutenant neuf mois plus tard, et est affecté à 10e Légion de la garde républicaine mobile, à Rouen. Promu lieutenant, il est nommé, en septembre 1937, commandant de la section de gendarmerie de Redon (Ille-et-Vilaine). C’est là que le surprend la mobilisation générale. Durant la campagne 1939-1940, il est nommé à la tête d’une section prévôtale auprès du grand quartier général aérien qui disparaît, avec sa dissolution, le 1er juillet 1940.
A nouveau affecté à Redon, Georges Martin refuse toute compromission avec l’occupant. Il s’engage, à partir de septembre 1943, dans les rangs de la Résistance où il se montre très actif. Exploitant au mieux les informations que lui permet d’obtenir sa position privilégiée d’officier de la gendarmerie, il mène une lutte active contre l’ennemi, en Ille-et-Vilaine. Muté dans le Morbihan, il poursuit son activité clandestine, avec l’aide de gendarmes des brigades rurales, contre le service du travail obligatoire (STO). Après l’arrestation du commandant Guillaudot, en décembre 1943, le lieutenant Martin n’est plus en sécurité. Suspect aux yeux des Allemands, il est muté dans le Calvados, le 8 février 1944, où il reçoit le commandement de la section de gendarmerie de Caen. Mais coupé des réseaux de l’Armée secrète, et placé sous la surveillance d’un chef d’escadron, partisan zélé de la collaboration, il n’est plus guère en mesure de poursuivre son action au sein de la Résistance. En exécution d’un ordre venu de Rennes, il est arrêté le 28 mai, par la Gestapo à la caserne de gendarmerie, rue Daniel Huet à Caen. Interrogé rue des Jacobins, il est incarcéré à la maison d’arrêt de Caen. Le lieutenant Georges Martin y tombe sous les balles allemandes, le 6 juin 1944.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : AM (Parcé-sur-Sarthe) ; AD72 :état civil, naissances, 1905 ; NMD, 1893-1902 , recensements, 1906-1911, subdivision du Mans, classe 1925, registres matricules militaires, Volume 2, matricule n° 630 ; AD61 : Damigny, état civil, TD, NMD, 1923-1932 ; recensements, 1926-1931 ; 3348W/1 ; J. Vico, J. Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 1994, 2004, Condé-sur-Noireau, 2004 ; B.Massieu, Les gendarmes dans la bataille de Normandie, Service de diffusion de la gendarmerie à Limoges, 2014
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 16-4-1905
- Parcé-sur-Sarthe, Sarthe
- Caen, Calvados
- 28-5-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




