MECHBERG Rinka, dite Renée

MECHBERG Rinka, dite Renée // Naissance : 23-4-1896 à Broussilov (Russie) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 3-8-1942 à  ;  ; Assassinée

Lorsqu’elle est contrainte en octobre 1940 de se faire recenser comme Juive à Rouen, Rinka Mechberg y est établie de longue date. Elle a grandi dans une petite ville de la région ukrainienne de Jytomyr, rattachée alors à l’Empire russe, dans une fratrie de six enfants. Entrée en France en 1912 comme réfugiée russe pour y rejoindre son frère Samuel qui a fui le régime tsariste, elle s’installe à Rouen en 1915. D’abord manutentionnaire, elle devient contremaîtresse dans l’entreprise de confection Seiligmann & Cie que dirige Samuel. Elle habite à proximité de la manufacture au 87 rue Lafayette, sur la rive gauche de la Seine. À cette adresse vivent aussi d’autres membres de sa famille, visiblement très liés, parmi lesquels sa mère veuve qui décède en 1925. Célibataire, Rinka y réside encore avec sa sœur Lea  au moment où les troupes allemandes entrent dans Rouen.

Malgré le danger qui les menace en tant que Juives dans la France occupée, les deux sœurs Mechberg refusent de quitter Rouen, ignorant la mise en garde insistante de leur frère Samuel qui s’est réfugié en zone libre avec sa femme et ses enfants. Mais Rinka y est arrêtée avec Lea le 13 juillet 1942 par les autorités allemandes, comme le sont jusqu’au surlendemain d’autres Juifs dans les cinq départements normands. Incarcérée au Palais de Justice, elle en sort le matin du 16 juillet, avec Lea et 62 autres femmes juives qui ont été regroupées à Rouen, pour être transportée en camion à la gare d’où elle est conduite à Paris par le rapide de 8h37.

Détenue d’abord au Vélodrome d’Hiver, elle est transférée le 19 juillet au camp d’internement de Pithiviers (Loiret), avec une partie des victimes de la grande rafle parisienne. Affectée à la baraque 6, elle est déportée de Pithiviers avec sa sœur dans le convoi no 14 du 3 août 1942, qui transporte vers Auschwitz principalement des Juives étrangères arrêtées à Paris. Elle est probablement assassinée à son arrivée dans le centre de mise à mort.

Son nom est honoré sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arolsen, SHD-Caen : 21P2264918, Mémorial de la Shoah : F/9/5765 ; AD76 : 3352W2, 22W/Z12031, 22W/Z25508 ; EC (Rouen), AP (Messberg) ; Y. Couturier, Les Juifs en Normandie 1939-1945, p. 121-122, 237-291, F. Bottois, De Rouen à Auschwitz, p. 189 ; stevemorse.org/France, gallica.bnf.fr

Corinne Bouillot