
Photo: SHD-Caen
MELUN Alex, Tsicou, Tzicu, Țicu
Né le 12 mars 1903 à Bucarest (Roumanie) ; domicilié à Sées (Orne) ; déporté le 12 août 1943 à Aurigny ; assassiné à Auschwitz.
MELUN Alex, Tsicou, Tzicu, Țicu // Naissance : 12-3-1903 à Bucarest (Roumanie) ; Domicile : Sées Orne () ; Repression : Déporté le 12-8-1943 à ; ; Décédé
Fils d'un urologue de Bucarest, Tsicou Melun a vingt ans lorsqu'il s'installe à Paris afin d'y poursuivre ses études à la faculté de médecine et à l'externat de l'AP-HP. Marié en 1930 à Lucienne, Marie, Louise Batt, Française, il obtient en 1932 le diplôme d’État permettant d'exercer comme médecin. Après quelques mois à Essai dans l’Orne, le docteur Melun s'installe définitivement en 1933 à Sées, avec son épouse et sa fille aînée, Lucienne, née le 22 janvier 1932 d’abord au 5 rue Conté, puis au 88 rue de la République à partir de 1941.
Pendant la guerre, la cessation de son activité est notifiée par l'Ordre des médecins dès juillet 1941, mais il obtient une dérogation en tant que praticien étranger en octobre 1942. Toutefois, le Conseil départemental de l'Ordre des médecins de l'Orne refuse son inscription au Tableau et oriente plusieurs enquêtes et contre-enquêtes de la Section d'Enquête et de Contrôle (SEC) de Rouen afin de le recenser comme « juif » et lui interdire l'exercice de la médecine.
En février 1943, le délégué régional de la SEC de Rouen prend directement l'attache du docteur Melun et l'invite à répondre à trois questions sur sa religion, son baptême et son éventuelle circoncision. En mai 1943, le directeur de la SEC en zone nord du Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ) ordonne de faire ajouter le docteur Melun sur la liste des Juifs du département de l'Orne. Au matin du 3 juin 1943, le docteur Melun est arrêté à son domicile. Il est interné le jour suivant à Drancy où il reçoit le matricule 21 719 et il est placé Escalier 7, chambre 3.
Son épouse est rapidement déclarée « aryenne » par le CGQJ qui lui remet le certificat de « non-appartenance à la race juive ». Il échappe ainsi temporairement à la déportation en vertu de son statut de « conjoint d’aryenne ». Le 12 juillet, il intègre le camp de travail de l’Organisation Todt de Carneville, près de Cherbourg puis la caserne Dixmude à Querqueville (Manche). Le 12 août, il est déporté vers la camp nazi de Norderney, sur l'île d'Aurigny, occupée par l’armée allemande et devient le matricule 198. Il fait partie du premier convoi des Juifs « conjoints d’aryennes » envoyés sur l’île anglo-normande. Sur place, ils sont astreints à des travaux de fortifications sur les chantiers de l’Organisation Todt.
Renvoyé sur le continent début décembre 1943 pour être réintégré à Drancy, il est de passage à Paris, le 4 décembre, dans le cabinet de Montandon pour y subir un examen ethno-racial. Malade et très amaigri, il est dirigé vers l'infirmerie du camp de Drancy et confie, dans la dernière lettre écrite à sa femme, préférer « la mort que de retourner au bagne d'Aurigny ». Deux semaines après sa réintégration à Drancy (mle 1 482), il est déporté par le convoi n°63 du 17 décembre 1943 à Auschwitz où il est vraisemblablement gazé dès son arrivée. Il laisse une épouse et huit enfants dont un petit garçon, François, né le 5 avril 1942.
Le nom de Melun est inscrit sur le mémorial national 1939-1945 dans le hall de l'Université Descartes (ancienne faculté de médecine) et sur une plaque commémorative apposée en 2004 à Sées. Son nom figure sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.
Sources : SHD-Caen : 21P515128 ; AD61 : 320 J (fonds Cornevin), 1895W1 ; AD 76 : 40W110, 54W5320 ; AN : AJ38 207, F/9/5782, F/9/5783 ; AP (Melun-Encinas): memorialdelashoah.org
Manuel Encinas de Munagorri
Mots-clés :
- 12-3-1903
- Bucarest, Roumanie
- Sées, Orne
- 3-6-1943
- Sées, Orne
- Drancy, Camp d'internement, Seine
- Cherbourg, OT, Manche
- Carneville, Manche
- Querqueville, Caserne Dixmude, Manche
- Aurigny, Nordeney (198)
- Drancy (1482)
- Auschwitz




