BETOURNE-LANNOY André, Louis, Auguste

BETOURNE-LANNOY André, Louis, Auguste // Naissance : 14-6-1885 à Saint-Germain-le-Vasson (Calvados) ; Domicile : La Villette Calvados () ; Repression : Déporté le 23-5-1944 à Breslau (Pologne) ; Décédé

André Bétourné-Lannoy est issu d’un milieu très modeste. Son père était ouvrier agricole et sa mère, sans profession. Il n’a pas cinq ans à la mort de sa mère en 1890, et se trouve orphelin de père à l’âge de huit ans. Devenu jardinier, il épouse à Falaise (Calvados), le 18 mars 1910, une Bretonne, elle aussi sans famille, Louise Garell, qui gagne sa vie dans la cité de Guillaume le Conquérant comme femme de chambre. Mobilisé le 4 août 1914 au sein du 31e RIC, le soldat Bétourné est fait prisonnier à Maubeuge (Nord), le 7 septembre, mais parvient à s’évader peu après. Réformé en 1915, pour raisons de santé, il retrouve la vie civile avant la fin de la guerre. Le couple ne peut avoir d’enfant, mais il a la chance de pouvoir adopter, en 1933, une jeune fille, Yvonne, 13 ans, dont il a la garde depuis deux ans. A force de travail et d’économies, André Bétourné parvient à s’installer comme cultivateur, sur la commune de Martigny-sur-l’Ante (Calvados). Détenteur d’un fusil de chasse, il refuse de s’en dessaisir lorsque les Allemands ordonnent aux Français de remettre ce type d’arme dans les mairies ou les gendarmeries. Dénoncé, l’arme de l’agriculteur est retrouvée sous un tas de foin au mois de février 1942, dans sa ferme, à La Villette. Resté libre, le temps de connaitre la sentence, le tribunal de la Feldkommandantur 723 à Caen le condamne le 12 juin 1942 à la déportation en Allemagne. André Bétourné est interné le 4 juillet 1942 à la Maison d’arrêt de Caen, puis transféré à la prison de Fresnes (Seine). Soumis à la procédure NN (Nacht und Nebel qui vise à faire disparaitre, sans laisser de trace, tous ceux considérés comme « opposants » par le régime nazi en vue d’être jugés en Allemagne), le Calvadosien est déporté depuis la gare de l’Est à Paris, vers le Sonderlager Hinzert, puis transféré le 23 septembre 1942 à la prison de Wittlich. Après un an passé dans cette prison, l’état de santé fragile de l’agriculteur se dégrade rapidement. Le 27 septembre 1943, il doit à nouveau changer de lieu de détention pour la prison d’Untermassfeld d’où il est finalement extrait pour être conduit à la prison de Breslau le 20 janvier 1944, près de laquelle le tribunal spécial de la ville doit enfin statuer sur son sort. A bout de force, André Bétourné-Lannoy y rend son dernier soupir le 23 mai 1944.

Sources : Arolsen : 77622934 ; SHD-Caen : L-A 4686, dossier-statut DP ; AD14 : état civil, recensements, fiche matricule militaire ; FMD, Livre mémorial des déportés de France, tome III, 2004, p. 632

Gérard Fournier