MORUE Renée, Berthe

MORUE Renée, Berthe // Naissance : 27-12-1921 à Elbeuf (Seine-Inférieure) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 18-4-1944 à  ;  ; Rescapé Holleischen Tchécoslovaquiee

Sa mère, célibataire au moment de la naissance de Renée, l’enregistre à l’état civil sous son seul nom : Jacquemain. Son père, Ernest Morue reconnaît l’enfant, un an et demi plus tard, le 20 août 1923. Et enfin, Renée est légitimée par le mariage de ses père et mère le 30 mai 1925.

Quand l’Occupation allemande commence le 10 juin 1940, Renée Morue, célibataire, est ouvrière en filature ; elle habite un quartier déshérité de Rouen, au 27 rue Martainville. Après le bombardement de la ville lors de la Campagne de France, le quartier se vide d’une partie de sa population, car les destructions sont nombreuses. Mais les plus pauvres sont condamnés à rester sur place, alors que le travail et l’argent manquent. Femme isolée et sans ressources, Renée Morue se livre alors à la prostitution.

Elle est arrêtée pour cette raison par la Feldgendarmerie. La Feldkommandantur 517 la condamne le 21 août 1943 à deux mois (ou trois mois selon le fichier de Brinon) de prison au motif qu’elle serait un agent contaminateur, en invoquant la sécurité sanitaire et l’atteinte à l’intégrité de l’armée allemande… Elle est d’abord incarcérée à Rouen, puis à la prison centrale de Poissy (Seine-et-Oise), en banlieue parisienne. Pourquoi reste-elle en prison ? Les archives ne livrent rien à ce sujet. Mais, quoiqu’il en soit, la jeune femme est ensuite internée au fort de Romainville (Seine) à partir du 2 mars 1944 (mle 4433). Enfin, elle est déportée de Paris au KL Ravensbrück le 18 avril. Elle arrive au camp de concentration le 22 avril 1944 (mle 35 436) puis elle est déplacée le 4 juin et affectée au Kommando d’Holleischen le 6. Située sur le territoire de l’actuelle République tchèque, l’usine Metalwerke Holleischen (GmbH II) fabrique des munitions. Les détenues sont internées dans les dépendances d’une grande ferme dont portes et fenêtres ont été barricadées de fil de fer barbelé et de clôtures électrifiées. Le Kommando dépend du camp de concentration de Flossenbürg mais les déportées sont administrées par le KL Ravensbrück jusqu’à la fin du mois d’août 1944. La jeune femme est officiellement transférée au camp de concentration de Flossenbürg le 1er septembre 1944 (mle 50 805).

Renée Morue, très amaigrie, résiste malgré tout à l’univers concentration et au travail forcé jusqu’à sa libération le 5 mai 1945 par les partisans tchèques. Elle est rapatriée le 20 mai par le centre de Longuyon (Meurthe-et-Moselle).

Elle décède à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) le 15 juillet 1972.

Sources : Arolsen, SHD : 27P6210 ; asso-flossenburg.com

Hervé Arson