ORANGE, Henri, Paul, Camille

ORANGE, Henri, Paul, Camille // Naissance : 14-2-1905 à Le Havre (Seine-Inférieure) ; Domicile : Lisieux Calvados () ; Repression : Déporté le 27-1-1944 à  ;  ; Rescapé Dora Allemagne

Issu d’une famille havraise modeste et nombreuse de sept enfants, Henri Orange appartient à l’Église méthodiste et étudie la théologie. Son père est conducteur de tramway au Havre. Ses études terminées, Henri Orange est nommé pasteur en région parisienne, à Montreuil, puis dans la Drôme, à Bourdeaux et enfin, à Lisieux en 1938. Il s’installe avec son épouse et leurs deux filles âgées d’un et six ans au 26 rue Guizot. Le pasteur se montre profondément pacifiste et membre actif du Rassemblement Universel pour la Paix, un mouvement œcuménique, né en 1936 lors du Congrès universel pour la paix. Le 2 septembre 1939, lors de la déclaration de guerre à l’Allemagne, il est mobilisé et part à Grenoble rejoindre son régiment. Son épouse, durant la « drôle de guerre » et avant de connaitre l’exode, accueille des réfugiés et une petite fille juive à Lisieux. Démobilisé et de retour chez lui, le pasteur Orange va rapidement rejoindre un premier réseau de résistance puis celui créé par le docteur Hautechaud , de Fervaques (Calvados). Le pasteur entraîne avec lui des paroissiens de son église réformée, notamment la prédicatrice laïque Gaëtane Bouffay , boîte aux lettres du réseau. L’organisation relève du réseau Jean-Marie Buckmaster, relevant du SOE (Special Opérations Executive) britannique, elle s’étoffe et s’implante dans une grande partie du pays d’Auge. L’étendue de la paroisse du pasteur justifie ses déplacements dans la zone côtière interdite, ce qui lui permet de recueillir des renseignements et de multiplier les contacts. Il possède également des informateurs dans les administrations locales et prend en charge, avec son épouse, des réfractaires au STO.

Une série d’évènements, en septembre 1943 – notamment un attentat manqué contre un collaborateur de Trouville, une opération de parachutage allié, la dénonciation du docteur Hautechaud et l’infiltration de deux agents de l’Abwehr – va déclencher de nombreuses arrestations qui conduisent au démantèlement du réseau.

Le 5 octobre1943, la Gestapo arrête le pasteur Orange à son domicile lexovien ainsi qu’une vingtaine de résistants qui sont ensuite transférés à la prison de Caen. Certains sont jugés et six d’entre eux sont fusillés à Rouen. Un autre meurt sous la torture de la Gestapo à Caen.

Le 24 janvier 1944, le pasteur est transféré au camp de rassemblement de Compiègne, puis déporté dans le convoi du 27 janvier 1944 à destination de Buchenwald. En déportation, Henri Orange passe de camp en camp. En premier lieu, celui de Buchenwald (mle 44 866), puis il est envoyé au KL Dora le 13 mars 1944 où il travaille dans divers Kommandos : Wieda et Osterhagen. Le 7 avril 1945, il quitte Wieda en train et s’évade. Il échappe ainsi au massacre de Gardelegen où les Allemands fusillent et brûlent des déportés dans une grange. Il est rapatrié le 12 mai 1945 à Lisieux mais retrouve sa ville en ruines, bombardée par les Alliés dans la nuit du 6 au 7 juin 1944. Epuisé et malade, il décède en 1947. Une rue porte son nom à Saint-Désir de Lisieux (Calvados).

Sources : Bad Arolsen : ID 6748379 ; SHD-Vincennes : 16P450985, 28P4379 25, 28P1184 ; J. Guérin, « Henri Orange, 1905 – 1947, Pasteur et résistant », SHPN, Bull. n° 43, fév. 2008, p. 3-9 ; G. Fournier, « Il y a 50 ans, le pasteur Orange rentrait de déportation », Bulletin de liaison et d’information des Archives du Calvados, n° 5, 1995 ; T. Marchand, « Des protestants dans la Résistance, autour du pasteur Orange (Lisieux) », SHPN, Bull. n° 7, mars 2022, p. 15-21 ; Visages lexoviens (1940-1945), 2023, p. 105-137.

Thierry Marchand