
PETITCOLAS Pierre
Né le 7 mars 1897 à Ville-sur-Illon (Vosges) ; domicilié à Rouen (Seine-Inférieure) ; déporté le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen ; rescapé.
PETITCOLAS Pierre // Naissance : 7-3-1897 à Ville-sur-Illon (Vosges) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 24-1-1943 à ; ; Rescapé Mochuna Allemagne
Fils d’un couple d’instituteurs, Pierre Petitcolas devance l’appel et s’engage à 17 ans lors de la Première Guerre mondiale. Grièvement blessé en 1916 dans la Somme, il n’a pas démérité et finit la guerre avec le grade de lieutenant.
De retour à la vie civile, il reprend ses études à Nancy et en sort avec un diplôme de docteur ès sciences, ce qui lui permet d’exercer la profession d’ingénieur chimiste. C’est probablement son métier qui l’incite à venir dans la région rouennaise où l’industrie chimique s’avère un secteur particulièrement dynamique.
En 1927, il se marie à Rouen avec Marcelle Bourayne et vit désormais 2 rue Pouchet.
Il prend la direction du laboratoire de recherche de la Compagnie française des matières
colorantes, devenue Francolor-Kühlmann, une société mixte franco-allemande dont la production est étroitement surveillée,
notamment pour les produits intermédiaires pour la fabrication d’explosifs. Avec ses
collègues ingénieurs Antoine Lebeurier
qui est parfaitement bilingue, René Roe
et un certain Sureau, il écoute clandestinement Radio Londres et monte un petit réseau
clandestin de résistance qui rédige, imprime et distribue tracts et communiqués quotidiens
au sein de l’usine informant sur l’avancée de la guerre : « Le résultat […] fut qu’un
seul de nos ouvriers demanda à partir comme volontaire en Allemagne, alors que dans
d’autres usines de notre groupe (…) un très nombreux personnel accepta de travailler
à l’I.G. Farben
» explique Pierre Petitcolas .
Mais, accusé de tenir des propos hostiles à l’Allemagne et suspecté de gaullisme, l’ingénieur est arrêté par le capitaine Eckert Heinz de l’Abwehr le 19 octobre 1942 et envoyé sans jugement dans les geôles du Palais de justice de Rouen où il reste interné jusqu’au 20 janvier 1943, enchaîné pendant douze jours aux pieds et aux mains sur le pavé de sa cellule et brutalisé. En vue de sa déportation dans un camp de concentration sur le territoire du Reich, il est transféré au camp de rassemblement de Compiègne, au Frontstalag 122 de Royallieu, puis avec ses deux collègues d’Oissel, il fait partie du convoi qui part pour le KL Sachsenhausen (mle 58 784) le 24 janvier 1943.
Spécialiste mondialement connu des fibres artificielles, il refuse de mettre ses connaissances de chimiste au service des Nazis, et est envoyé au Kommando Heinkel qui exploite au travail forcé plus de 6 000 déportés pour la fabrication d’avions de combat. Le 28 août 1944, Pierre Petitcolas est transféré à Halberstadt, un Kommando du KL Buchenwald (mle 75 259) qui produit des ailes d’avions pour les usines Junkers. Fuyant l’avancée des Alliés, les SS font évacuer le camp à pied le 8 avril 1945. Au terme de cette terrible marche forcée, Pierre Petitcolas est libéré à Mochuna, le 22 avril 1945.
À son retour en France, il retrouve un poste aux usines Kühlmann de Oissel puis est recruté par l’Institut chimique de Rouen pour le laboratoire de recherche. Membre de l’Académie des Sciences et Belles Lettres, il s’éteint à Rouen, âgé de 80 ans.
Sources : SHD-Caen :21P659 003, SHD Vincennes : 16P471998; « Témoignage », Société d’Histoire de Oissel ; Sachso, au cœur du système concentrationnaire, 1982.
Catherine Voranger
Mots-clés :
- 7-3-1897
- Ville-sur-Illon, Vosges
- Rouen, Seine-Inférieure
- 19-10-1942
- Rouen, Seine-Inférieure
- Rouen, Palais de justice, Seine-Inférieure
- Compiègne, Royallieu, Oise
- Sachsenhausen (58784)
- Heinkel (58784)
- Buchenwald (75259)
- Halberstadt (75259)
- 22-4-1945
- Mochuna, Allemagne




