POIGNET Roger, Théodore, Jules, Eugène

POIGNET Roger, Théodore, Jules, Eugène // Naissance : 22-5-1924 à Alençon (Orne) ; Domicile : Alençon Orne () ; Repression : Arrêté au sein du Reich le 8-10-1943 à  ; Rescapé Dachau Allemagne

Roger Poignet naît dans une famille alençonnaise de conditions modestes domiciliée au 59 rue des Tisons. Il est le fils de Marguerite Pavy et de Jules Poignet qui assure la subsistance du foyer avec sa petite entreprise de charronnerie. Sa mère décède peu après la naissance de sa sœur cadette Jacqueline en 1932. Lui et ses deux frères travaillent avec leur père dans l’atelier familial au 88 rue de Mamers.

Célibataire, Roger Poignet est requis le 4 février 1943 et dirigé dans l’Est de l’Allemagne à Plauen in Vogtland (Saxe) alors qu’il devait être embauché comme forgeron à Dresde d’après son contrat de travail. Il est affecté comme ouvrier métallurgiste à la V.O.M.A.G, une usine fabriquant des pièces de tanks. Il est logé avec ses camarades dans un camp de travailleurs étrangers ; le Lager Weissen Stein.

Roger Poignet est arrêté le 8 ou le 11 octobre 1943 par la Gestapo de Plauen pour sabotage et activité politique nuisant à l’ordre nazi. Il est victime d’une vague d’arrestations qui frappe six travailleurs français dont Henri Bunel et son camarade alençonnais Yves Le Carvenec . Ils sont accusés de sabotage, de rébellion et de refus de travail mais aussi d’insultes envers l’armée allemande et un officier SS. Ils auraient en effet agressé verbalement un Wallon engagé dans la Waffen-SS venu au camp encourager les travailleurs STO à le rejoindre sur le front russe.

Considéré comme un des instigateurs (Hetzer) de la rébellion, Roger Poignet est d’abord emprisonné à Plauen sous le statut de détention de protection (Schutzhaft) puis transféré le 24 février 1944 sur ordre de la Gestapo de Chemnitz au KL de Dachau (mle 64 226) comme ses camarades arrêtés avec lui. Les archives ne nous permettent pas de reconstituer l’itinéraire précis de Roger Poignet après son arrivée à Dachau. D’après sa sœur, il aurait témoigné après son retour de conditions de vie extrêmes dans d’anciennes mines de sel et d’une marche de la mort jusqu’au camp de Dachau avant sa libération le 29 avril 1945.

Ayant contracté la tuberculose pendant sa déportation, Roger Poignet est rapatrié le 17 mai 1945 dans un état de santé très dégradé. Affaibli et malade, il ne peut reprendre son travail aux côtés de son père.

Roger Poignet meurt le 18 octobre 1947 à Alençon. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune.

Sources : Arolsen ; SHD-Caen : 21P526625, 21P719581 ; EC (Alençon) ; AP : témoignage de Jacqueline Stumpf, 2021 ; bddm.org, memorialgenweb.org

Sébastien Beuchet