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POSTEL Roland, Félix, Jacques

Photo : AP James

POSTEL Roland, Félix, Jacques

Né le 22 juin 1919 à Saint-Pierre-du-Regard (Orne), domicilié à Caen (Calvados), exécuté le 6 juin 1944 à la maison d’arrêt de Caen.

POSTEL Roland, Félix, Jacques // Naissance : 22-7-1919 à Saint-Pierre-du-Regard (Orne) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé

Fils aîné d’un électricien, Roland Postel est âgé de quatre ans quand son père meurt électrocuté sur un chantier, le 19 mars 1923. Sa mère, 32 ans, doit élever, désormais seule, ses deux enfants en bas âge, Roland et sa sœur Paulette. Après l’obtention de son certificat d’études primaires, Roland Postel effectue toute sa scolarité à l’Institution Saint Joseph. En 1936, il obtient le Brevet élémentaire et, deux ans plus tard, il réussit le Brevet Supérieur, ce qui lui donne permet d’être nommé immédiatement enseignant dans cette institution.

La guerre contre l’Allemagne remet tout en question. Le 15 avril 1940, il est affecté au 94e dépôt d’infanterie à Angoulême (Charente), puis affecté, un mois plus tard, au 16e bataillon de chasseurs à pied à Limoges (Haute-Vienne). Le 30 novembre 1942, tout le bataillon est démobilisé et il regagne la Normandie.

De retour à Caen début décembre, la rentrée scolaire étant déjà largement entamée, Roland Postel se retrouve sans emploi. Cependant, il apprend, par son ancien condisciple à Saint-Joseph, Yves le Goff Lien interne, rédacteur à la préfecture du Calvados qu’un poste est vacant dans les bureaux de la 3e division chargée des affaires économiques et sociales. Sa lettre de candidature et la recommandation de Le Goff suffisent à le faire engager.

A la fin de l’automne 1943, son amie et collègue de travail à la préfecture, Paulette Leconte, l’invite à entrer dans le réseau de renseignement auquel elle appartient depuis près d’un an. Le réseau Arc-en-Ciel travaille pour les Britanniques. Sans le savoir, elle lui donne ce qu’il attendait impatiemment depuis sa démobilisation. Après la guerre, on retrouvera dans l’un de ses carnets intimes ces mots : « Des milliers d’hommes meurent en Sicile, en Russie…Où serais-je dans trois mois. Ma vie est vide d’événements. Qu’ai-je fait de beau et de bien dans ma vie ? Mais qui m’en donnera l’occasion ? » Roland Postel rejoint le réseau en décembre 1943. Son emploi lui permet de participer à la fabrication de faux papiers, et de pouvoir prévenir les résistants et réfractaires au STO recherchés.

Malheureusement, les bavardages et le manque de discernement d’un agent du réseau à Caen permet à l’Abwehr d’identifier et de localiser tous ses camarades de résistance. Le 23 mai, Roland Postel et Yves Le Goff sont arrêtés sur leur lieu de travail, à 16h45. Interrogés par un officier de l’Abwehr, puis livrés à la Sipo-SD, l’un et l’autre sont abattus dans une des courettes-promenoirs de la maison d’arrêt de Caen, le 6 juin 1944.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : AD14 : Caen, état civil, mariages, 1917 ; Hérouvillette, état civil, décès, 1923 ; recensements, 1921-1936 ; Bureau de Caen, 1R/644, Fiche matricule militaire n° 1498 ; 3348W/1 : maison d’arrêt de Caen, dossier d’enquête sur les prisonniers fusillés de juin 1944 ; 1166W/27 : fiches de renseignement sur Roland Postel, arrêté le 23 mai 1944 ; AD61 : Saint-Pierre-du-Regard, état civil, tables décennales NMD, 1913-1922 ; Le Journal de Caen, 22 mars 1923, Le Bonhomme normand, du 23 au 29 mars 1923 , Liaison St Jo, revue trimestrielle, nouvelle série, n°1, janv. 1960 ; AP James.

Gérard Fournier

Mots-clés :

Exécuté
  • 22-7-1919
  • Saint-Pierre-du-Regard, Orne
  • Caen, Calvados
  • 23-5-1944
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Maison d'arrêt, Calvados
Décédé
  • 6-6-1944
  • Caen, Calvados
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