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BIZÉ René, Gaston, Henri, Maurice
Né le 19 septembre 1921 à Montchamp (Calvados) ; domicilié à Montchamp ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.
BIZÉ René, Gaston, Henri, Maurice // Naissance : 19-9-1921 à Montchamp (Calvados) ; Domicile : Montchamp Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
René Bizé est l’aîné des trois enfants de Clément Bizé, 33 ans, et de Georgette Fauvel, 26 ans, tous deux natifs de Montchamp. Vivant du revenu d’une petite exploitation située au lieu-dit La Fosse, le chef de famille complète ses revenus comme bouilleur ambulant, au début des années 1930. Après l’école primaire, le jeune René loue ses services comme domestique de ferme, à l’instar de nombreux garçons de son âge.
René Bizé n’accepte pas la défaite de 1940 et refuse la collaboration avec l’Allemagne
que prônent le régime de Vichy et les partis collaborationnistes. Avec son cousin
Alexis Lair et quelques amis d’enfance, comme Roger Auvray
et Camille Lamoureux
, il forme, au cours de l’année 1943, un petit groupe de résistants. Réfractaires
au service du travail obligatoire, ils se réunissent de temps en temps dans les bois
de Montchamp ou des communes voisines. Ils y esquissent un vague entraînement militaire,
avec les armes que certains d’entre eux ont récupérées sur le bas-côté des routes
au moment de la débâcle de juin 1940. Malheureusement, ces jeunes manquent de discrétion
et de discernement. A Montchamp, un indicateur de la Gestapo, un jeune de leur âge, Roland Carpentier les a repérés et dénoncés. A Saint-Charles-de-Percy,
un collaborateur notoire, Fernand Margueritte, qui ne cache pas son appartenance au
Parti populaire français de Jacques Doriot, principal parti de collaboration, les
a aussi identifiés. Son assassinat par la Résistance, le 31 janvier 1944, la découverte
de plusieurs containers d’armes sur la commune de Montchauvet, à la lisière avec celle
de Montchamp, et les dénonciations de Carpentier entraînent une vaste rafle au cours
des deux dernières semaines du mois de mai. René Bizé est arrêté le 23 mai, chez son
patron, agriculteur, au village de la Faînière. Alexis Lair et Camille Lamoureux connaissent
le même sort, de même que six autres personnes. Dans les jours qui suivent, trois
autres vagues d’arrestations font encore neuf autres victimes, toutes suspectées par
la Gestapo d’appartenir à la Résistance.
Au siège de la Gestapo à Caen, René Bizé et Alexis Lair sont particulièrement martyrisés par Carpentier qui participe, en personne, aux interrogatoires. Incarcérés au troisième étage de la maison d’arrêt de Caen, les deux cousins tombent, le 6 juin 1944, sous les balles allemandes avec dix autres résistants affiliés à l’OCM du canton de Vassy. Ils figurent ainsi parmi les 73 prisonniers massacrés, ce jour-là, sur ordre de la Gestapo.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Caen : 21P426165 ; AD14 : Montchamp, état civil, NMD, 1913-1922, recensements 1926-1936, 1166W/30 ; J. Vico et J.Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 2004 ; G.Fournier, La Résistance en Suisse normande, 2018
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 19-9-1921
- Montchamp, Calvados
- Montchamp, Calvados
- 23-5-1944
- Montchamp, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




