ALEXANDRE Lucien

ALEXANDRE Lucien // Naissance : 3-6-1877 à Paris (Seine) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 18-7-1943 à  ;  ; Assassiné

Issu d’une famille juive mosellane établie à Paris après 1871, Lucien vit d’abord en région parisienne où il devient employé de commerce. Installé à Lille (Nord)en 1902, il épouse cinq ans plus tard Jeanne Bloch dont il a deux filles, Alice née en 1908 et Simone née en 1911. Mobilisé en 1914, il est affecté durant toute la guerre aux transports et à la logistique. D’après un témoignage familial, il a été franc-maçon. Vers 1928, il s’établit à Rouen où il devient directeur commercial d’une succursale de la maison de vente « Alexandre », propriété de son oncle parisien. Quelque temps après le décès de son épouse en 1930, ilvit maritalement avec sa jeune domestique, Germaine Duvivier. Il l’épouse en janvier 1938 et de leur union naît Thérèse en mai. Lucien réside avec sa famille 79 rue Martainville, dans un appartement contigu au magasin de la place Saint-Marc, dont il assure la gérance jusqu’au début des années 1940. Confiant dans son pays qu’il est fier d’avoir servi, il se fait recenser comme Juif en octobre 1940 et ne cherche manifestement pas à quitter Rouen. Dans la nuit du 15 au 16janvier 1943, il est arrêté à son domicile par la police française, lors de la grande rafle des Juifs de Seine-Inférieure planifiée par la Gestapo de Paris en liaison avec la Sipo-SD régionale. Son épouse Germaine, non juive, n’est pas appréhendée, la petite Thérèse non plus. Lucien est conduit, avec les autres personnes arrêtées, au centre de regroupement de la rue Poisson à Rouen, où il est interné quelques heures avant d’être acheminé vers le camp de Drancy(Seine) (mle 18741). D’abord jugé non déportable parce que conjoint d’« aryenne », il est transféré le 9 mars au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). Mais le 12 juillet, il est retransféré à Drancy pour être déporté par le convoi n 57 du 18 juillet 1943 à Auschwitz. Il y est probablement gazé à son arrivée, le 23 juillet selon la date retenue à l’état civil. Arrêtée à Paris, sa fille Simone épouse Guéroult est elle aussi déportée sans retour à Auschwitz en 1944.

Son nom figure sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah.

Sources : Mémorial de la Shoah : F/9/5676, F/9/5750 ; SHD-Caen :21P 417 496 ; Archives Paris : D4R1949 ; AD76 : 3352W2, 54W5320, 6M686/728 ; EC (Paris, Rouen, Lille) ; Bottois, F., De Rouen à Auschwitz, p. 211-227, 317 ; Alexandre, Ph., Ma tribu plus que française, 2017 ; AP famille Arnaudas-Westphal ; memorialdelashoah.org ; gallica.bnf.fr.

Corinne Bouillot