BLOCH Camille

BLOCH Camille // Naissance : 10-11-1867 à Epfig (Bas-Rhin) ; Domicile : Elbeuf Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 31-7-1943 à  ;  ; Assassiné

Camille est originaire d’une famille juive alsacienne ; ses parents sont Adam Bloch, commerçant, et Rose née Mauss. Après l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne en 1871, il s’est installé avec son frère Gustave à Elbeuf : sa présence y est attestée depuis au moins 1887, il est alors employé de commerce. Sur une liste électorale de 1913, les deux frères apparaissent comme marchands de drap et habitent ensemble rue Constantine. La fiche matricule militaire de Camille Bloch, mobilisé en septembre 1914 pour quelques semaines, signale qu’il a été « réintégré dans la qualité de Français ». Son parcours ressemble à celui de nombreux Juifs alsaciens patriotes qui ont choisi de quitter les départements annexés pour émigrer vers la France ; une partie de ceux qui travaillaient dans le textile se sont établis à Elbeuf pour son industrie drapière. Au moment du recensement des Juifs d’octobre 1940, Camille Bloch, dont le frère est décédé en 1936, est encore enregistré comme négociant en draperies. Il est célibataire et réside 6 rue Pierre Renaudel.

La grande rafle de Seine-Inférieure, qui doit « liquider le département de ses Juifs », frappe l’agglomération rouennaise et Elbeuf dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943. Elle est décidée et organisée par la section antijuive de la Gestapo de Paris avec l’aide de la Sipo-SD régionale, et exécutée par la police française. Cette nuit-là, Camille Bloch est arrêté à son domicile et conduit au centre de regroupement et d’internement de la rue Poisson à Rouen. Peu après, il est acheminé vers le camp de Drancy où il est interné sous le matricule 3248. Transféré à l’hôpital Rothschild de Paris, il est réintégré au camp de Drancy, d’où il est déporté dans le convoi no 58 du 31 juillet 1943 à destination d’Auschwitz. Alors âgé de 75 ans, il y est très probablement gazé à son arrivée, le 5 août 1943 selon la date retenue à l’état civil.

Son nom figure sur la stèle des Juifs déportés du cimetière Saint-Jean à Elbeuf et sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : SHD-Caen : 21P 426 688 ; AD76 : 3352W2, 1R29051, 3M72 ; AM (Elbeuf) : 4H-ELB136, ELB137 ; EC (Epfig) ; D. Chauvel, « La communauté juive et les synagogues à Elbeuf (1846 à 1911) », Bulletin de la Société de l’Histoire d’Elbeuf no 20, 1993 ; id., « Les Juifs elbeuviens déportés », ibid no 21, 1994 ; stevemorse.org

Corinne Bouillot