SMILOVIC Dezider, dit Désiré

SMILOVIC Dezider, dit Désiré // Naissance : 9-3-1905 à Krompachy (Empire austro-hongrois) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 22-6-1942 à  ;  ; Rescapé Mühldorf Allemagne

De nationalité tchécoslovaque depuis l’effondrement de l’empire des Habsbourg, Dezider Smilovic quitte sa région natale en 1924 pour chercher du travail en France. Après avoir été garçon de café, marchand forain en confiserie et manœuvre lors de ses séjours à Paris, au Havre (Seine-Inférieure) et dans l’Eure, il s’installe en septembre 1931 à Rouen. Il y vit de son commerce ambulant en bonneterie, qu’il exerce de manière plus sédentaire, à partir de 1938, dans un stand loué rue Grand-Pont. En 1934, il séjourne momentanément dans son pays d’origine et y épouse sa compatriote Hermina Majbruchova , qui s’établit alors avec lui à Rouen. Le couple n’a pas d’enfant.

Pendant la guerre, Dezider Smilovic est engagé volontaire et combat en France de janvier à octobre 1940, dans un régiment de marche tchécoslovaque. Mais dès son retour, il est contraint de se faire recenser comme Juif avec son épouse. Lors de la rafle de 77 hommes juifs de 18 à 54 ans dans la région de Rouen, organisée par la Gestapo de Paris avec l’aide de la Sipo-SD régionale, il est arrêté le 6 mai 1942 à son domicile du 48 rue aux Ours. C’est la police française qui vient le chercher à 21 h 30, après le couvre-feu. Avec les autres victimes de la rafle, il est interné à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen, secteur allemand, puis transféré le 12 mai au camp de Drancy.

Déporté dans le convoi no 3 du 22 juin 1942 à Auschwitz, il y est sélectionné pour le travail forcé sous le matricule 41 138. Il est transféré à Varsovie vers la fin de l’année 1943, puis le 6 août 1944 à Dachau (mle 87 610), dans le complexe concentrationnaire duquel il est affecté une semaine plus tard au camp de Mühldorf. La profession reportée sur sa fiche de détenu est conducteur de véhicules, une mention qui lui a peut-être sauvé la vie. Libéré en mai 1945, il est rapatrié le 21 par Mulhouse (Haut-Rhin). Réinstallé à Rouen à son retour, alors que son épouse n’a pas survécu à la Shoah, il est naturalisé Français en 1947.

Son nom, avec le prénom « Dezida » tel qu’il figure sur la liste du convoi de déportation, est gravé sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arolsen ; AD76 : 3352W2, 51W170, 22W/Z27867 ; ressources.memorialdelashoah.org, stevemorse.org/france, victims.auschwitz.org

Corinne Bouillot