BOULANGER Raoul, Jules

BOULANGER Raoul, Jules // Naissance : 3-8-1913 à Morville-sur-Andelle (Seine-Inférieure) ; Domicile : Saint-Denis-le-Thiboult Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 27-4-1944 à  ;  ; Rescapé Buchenwald Allemagne

Orphelin depuis que son père est mort au combat en1915, Raoul Boulanger est pupille de la Nation. Au hameau des Ventes à Saint-Denis-le-Thiboult, il exploite une scierie avec son frère Henri . Marié à Lucienne Luce , il a un fils, Francis, né en 1941. En 1940, il commence à creuser un souterrain sous sa maison, continuellement agrandi, pour servir de cachette. Début 1942, il crée avec son frère le maquis des Diables noirs, dont il est le chef, sous le pseudonyme de « Fantomas ». Il gère ainsi une vingtaine d’hommes, répartis en quatre groupes, et une nébuleuse de personnes impliquées. Ses hommes, des réfractaires ou des résistants, sont cachés dans le souterrain et opèrent de nuit, cagoulés. Il multiplie les opérations locales : vols de titres de rationnement, nombreux sabotages à l’explosif… En janvier 1943, il entre dans le réseau Buckmaster Jean-Marie puis Salesman en octobre 1943. La coopération de son maquis avec le SOE, pour lequel il est le lieutenant « Marceau », permet le déraillement d’un train de permissionnaires à Morgny en novembre 1943. En outre, il assure des liaisons avec Londres, l’organisation de parachutages de containers d’armes, cachés dans le souterrain, puis transportés à Rouen, moins sa quote-part.

L’arrestation de Claude Malraux , le second du réseau Salesman, entraîne des interpellations en cascades et conduit aux frères Boulanger.

Le 14 mars 1944, il est arrêté avec son frère sur la route du village par une cinquantaine d’hommes de la Gestapo. Il est conduit au Donjon puis interné à la prison Bonne-Nouvelle à Rouen, du 19 mars au 12 avril, avec des interrogatoires musclés à la Gestapo. Le souterrain et le stock d’armes sont finalement découverts le 15 mars par la police allemande mais les hommes ont pu s’enfuir. Son épouse est, quant à elle, arrêtée le 30 mars.

Le 12 avril 1944, le maquisard est transféré au camp de Royallieu, le Frontstalag 122 à Compiègne (mle 31 623). Le 27 avril 1944, il est déporté au KL Auschwitz (mle 185 142), dans le 3e convoi de non-Juifs. Puis le 12 mai 1944, il est redirigé vers le camp de concentration de Buchenwald (mle 52 703) où il est affecté à la carrière.

Raoul Boulanger survit à l’univers concentrationnaire. Il est libéré le 11 avril 1945 par les soldats de l’armée canadienne. Rapatrié le 29 avril, il arrive à Rouen le 1er mai 1945.

S’il retrouve son épouse, son frère meurt en déportation.

En souvenir de ses camarades du maquis, Raoul Boulanger fait édifier un mémorial du maquis des Diables noirs à Saint-Denis-le-Thiboult.

Il est décédé en 1982.

Sources : SHD-Caen : 21P627754 ; AD76 : 51W411, 51W425, 54W5363/10123 ; Fenêtre sur Tour, fév. 2014, archive orale ; EC (Morville-sur-Andelle), Rémy, La Résistance en Normandie, Éd. Saint-Clair, 1975, p.168-248 ; Bulletin de l’arrondissement de Rouen, févr.-mars 1969

Chantal Cormont