
Photo : AP Caby
CABY Jean, François, Noël
Né le 8 décembre 1911 à Paris-4e ; domicilié à Villers-Bocage (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen (Calvados).
CABY Jean, François, Noël // Naissance : 8-12-1911 à Paris (Seine) ; Domicile : Villers-Bocage Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Fils unique d’un garde républicain et d’une couturière, Jean Caby passe son enfance à Paris dans le quartier du Marais jusqu’à l’âge de 15 ans. Son père quitte la gendarmerie et, sur les conseils du médecin de famille, décide de s’installer en Normandie. Le jeune garçon souffre en effet de rachitisme sévère. La famille Caby s’installe alors dans le Calvados et les parents de Jean ouvrent un salon de coiffure à Villers-Bocage, Grande Rue, en 1929. Après son mariage, le 3 juin 1935, avec Marcelle Marie, Jean Caby exerce aussi le métier de coiffeur, mais il est davantage attiré par le domaine de la radio. Devenu père d’une petite fille en 1939, il ouvre à Villers-Bocage, un magasin de radioélectricité. Puis il est mobilisé dans un régiment de réserve du 4e corps d’armée comme 2e sapeur-radio, et se trouve affecté à une compagnie de transmissions. Il acquiert, durant cette courte période, des connaissances techniques qui vont se révéler très utiles. Enfermé dans la poche de Dunkerque avec les restes de son unité, Jean Caby échappe à la capture en réussissant à traverser la Manche sur le paquebot Général Metzinger. Rapatrié depuis Plymouth sur le même navire, il débarque à Brest le 3 juin 1940. La retraite du 4e CA à travers la France le conduit jusqu’à Montpellier (Hérault), le 5 juillet, d’où il peut rejoindre le Calvados avec des papiers de démobilisation en règle. L’année suivante, la famille s’agrandit avec la naissance d’une deuxième fille.
Sous l’Occupation, cette activité très surveillée par les Allemands, attire aussi l’attention de la Résistance. Au printemps 1943, Jean Caby entre dans le réseau Alliance après avoir rencontré Georges Thomine, patron pêcheur de Port-en-Bessin, puis Marcel Coliboeuf, instituteur à Formigny. A partir de ce moment, celui qui se cache sous le pseudonyme de Emouchet devient un des agents les plus actifs du réseau. Disposant d’un poste émetteur, nombre de renseignements militaires sur les troupes d’occupation allemandes collectés dans la zone côtière interdite, sont transmis à Londres, en liaison avec Robert Douin, directeur du musée des Beaux-Arts de Caen. Jean Caby est arrêté le 17 mars 1944 par la Gestapo, avec sa femme Marcelle. Celle-ci est libérée après deux mois et 20 jours de détention à la maison d’arrêt de Caen, mais son mari est exécuté le 6 juin 1944 dans l’une des courettes du quartier allemand de la prison, avec 72 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : ; SHD-Vincennes GR 28P 3/71 ; Archives de Paris, 1911, naissances, 4e arr; AD 14, Villers-Bocage, Recensements : 1931-1936 ; Les 50 000 adresses du Calvados : 1929-1942 ; 9W70 : procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, du 2 mai 1945 ; supplément au Bulletin municipal Villers-Information n° 35, fév. 1983 ; AP : C. Caby, Campagne de guerre 1940 de Jean Caby » , sd, G. Caraes, Le réseau Alliance, Editions Ouest France, 2021
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 8-12-1911
- Paris, Seine
- Villers-Bocage, Calvados
- 17-3-1944
- Villers-Bocage, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




