
Photo : AP C.Ménochet
CAULET François, Marie
Né le 21 juillet 1905 à Lannebert (Côtes-du-Nord) ; domicilié à Vassy (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.
CAULET François, Marie // Naissance : 21-7-1905 à Lannebert (Côtes-du-Nord) ; Domicile : Vassy Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
François Caulet est le deuxième enfant d’un couple d’agriculteurs de Lannebert, village, situé à quelque 30 kms de Saint-Brieuc. Après son service militaire, effectué dans la Marine au 2e dépôt des équipages de la flotte, à Brest (Finistère) de 1925 à 1927, il signe un engagement dans l’armée et opte pour la gendarmerie. Le 26 novembre 1934, il épouse, Louise Le Couls, la fille d’un cultivateur de Rospez, village proche de Lannion. Bien noté par ses supérieurs, le gendarme Caulet monte vite en grade et est affecté au Havre (Seine-Inférieure), avec le grade de maréchal-des-logis-chef. Le couple obtient un logement de fonction à la caserne Eblé, rue de Strasbourg. C’est dans la grande ville normande que naît, le 15 août 1938, leur premier enfant.
Le 1er septembre 1939, le sous-officier Caulet est mobilisé et affecté au 22e Groupement de reconnaissance de corps d’armée (22e GRCA). Engagé dans les combats retardataires de Meurthe-et-Moselle, il est fait prisonnier par les Allemands à Xirocourt, le 17 juin 1940. Peu après, il part en captivité vers le Stalag III-A. Le militaire demeure dans ce camp de prisonniers du Brandebourg jusqu’au 23 août 1941, date de son rapatriement. François Caulet fait en effet partie des rares Français à bénéficier des accords entre le gouvernement Pétain et les Allemands concernant certaines catégories de prisonniers français.
En décembre 1941, le gendarme est nommé commandant de la brigade de Vassy, dans l’arrondissement
de Vire. Le brigadier Ménochet
, a sondé à plusieurs reprises son chef et, partageant les mêmes convictions, ils
ont pris la résolution d’entrer en résistance. Toutes les fois qu’ils l’ont pu, les
deux gendarmes ont fourni aux responsables locaux du mouvement OCM du canton de Vassy
les informations permettant aux réfractaires du STO de se mettre à l’abri.
Dénoncé par un collaborateur connu de Montchamp, François Caulet est arrêté, le 30 mai, dans les locaux de sa brigade. Son collègue Pierre Ménochet, l’est à son tour quelques instants plus tard. Emmenés au siège de la Gestapo 44, rue des Jacobins, à Caen, les deux gendarmes sont interrogés avec brutalité, puis incarcérés à la maison d’arrêt de la ville, dans des cellules séparées du troisième étage de la prison. Le 6 juin, dans l’après-midi, François Caulet et Pierre Ménochet sont tombés sous les balles allemandes, avec dix hommes des villages de Montchamp et de Saint-Charles-de-Percy, et 61 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Caen, 21P 249 316 et 723 602 ; AD22 : Lannebert, état civil, naissances, 1903-1905, recensements, 1906-1921 ; Rospez, état civil, naissances, 1909, 1166W/30 ; Archives MRDN ; J. Vico et J. Quellien, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 2004 ; B. Massieu, Les gendarmes dans la bataille de Normandie, Service de diffusion de la gendarmerie à Limoges, 2014.
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 21-7-1905
- Lannebert, Côtes-du-Nord
- Vassy, Calvados
- 30-5-1944
- Vassy, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




