CHARLES Raoul, Édouard

CHARLES Raoul, Édouard // Naissance : 27-11-1898 à Elbeuf (Seine-Inférieure) ; Domicile : Elbeuf Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 24-1-1943 à  ;  ; Décédé

Cet ouvrier décatisseur dans l’industrie textile a été mobilisé comme chasseur à pied pendant la Première guerre mondiale, puis en 1939-1940 au 31e Régiment régional. Il réside au 34 rue Proudhon à Elbeuf où il s’est marié en 1921 avec Camille Lebret, tisseuse. Le couple a un fils, Édouard, né en 1922.

Son arrestation par les polices allemande et française a lieu à son domicile le 22 octobre 1941, en pleine nuit à 1 heure ou 2 heures du matin, selon les témoignages. La cause principale de son arrestation est son activité au sein du Parti communiste dont il est le secrétaire local. En effet, depuis la signature du Pacte germano-soviétique, le gouvernement français a interdit le parti et toute forme de propagande. Les militants sont désormais des clandestins, « hors-la-loi » menacés aussi bien par la police française que par la police allemande, depuis le déclenchement de l’invasion de l’URSS par les armées du Reich, en juin 1941.

S’il ne cache pas ses opinions antiallemandes, il n’appartient à aucun mouvement de résistance. Il est de plus militant syndical CGT et secrétaire de l’Union locale d’Elbeuf. Dès le lendemain, il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne. À la suite d’une demande de remise en liberté, le commissaire de police d’Elbeuf consulté écrit le 27 octobre 1942 : « en 1934 il a été délégué à Paris, au Congrès du Secours rouge international... À plusieurs reprises, il a été candidat aux élections...notamment en 1928, 1932, 1935...I l y a tout lieu de croire que, remis en liberté, Charles reprendrait son activité communiste ». Raoul Charles est surveillé : inscrit au « carnet B », l’instrument de surveillance des suspects français ou étrangers.

Aussi le militantt reste-il détenu au camp allemand, le Frontstalag 122 jusqu’au 24 janvier 1943, date de sa déportation au KL Sachsenhausen. Il y arrive le 25 janvier (mle 59 352). Ce camp créé dès l’été 1936, est situé à Oranienburg, à 30 km au nord de Berlin. Raoul Charles est affecté au Kommando de Heinkel, usine de l’entreprise aéronautique Heinkel Flugzeugwerke située à Germendorf, localité limitrophe d’Oranienburg où les détenus fabriquent des bombardiers. Ce camp annexe est construit dans l’enceinte même de l’usine. Les conditions de travail extrêmement dures ne sont pas étrangères à la maladie qui emporte Raoul Charles en mars 1944.

Son nom figure sur une plaque commémorative située dans le hall d’entrée de la mairie d’Elbeuf.

Sources : SHD- Caen : 21P435228 ; AD76 : 51W412 ; Amicale de Sachsenhausen ; territoires-memoire.be, memorialgenweb.org

Jean-François Maillard