De Madrid, le 5 Aoust 1683.
Le 26 du mois dernier, feste de Sainte Anne, la
Reyne Mére
qui en porte le nom, fut complimentée par les Ministres et par les Seigneurs et les Dames de la Cour qui estoient parez extraordinairement. Le Conseil d’Estat a fait vn Decret pour la réforme des Mercedes, ou pensions accordées depuis l’année 162 (?). Celles qui ne passent pas deux cens ducats et celles qui ont esté accordées aux veuves en considération des services de leurs maris, seront conservées pendant qu’elles demeureront veuves : et ces pensions seront continüées aux enfans lors que les méres se remarieront. Les pensions et les autres graces depuis deux cens ducats jusqu’à quatre mille, seront rédüites à la moitié. Les autres au dessus de quatre mille ducats, seront rédüites à quatre mille. Les survivances pour ces sortes de graces, accordées successivement à deux ou trois personnes, seront rédüites à vne seule. Il a aussi esté résolu de réformer les pensions et les appointements des Dames du Palais, et de la pluspart des officiers de la Maison du Roy : et les Conseils ont ordre d’examiner les anciens estats de la Maison du Roy, pour remettre les pensions et les gages sur le pied où ils estoient en l’année 1621. Le 30, le
Roy
eut vne indisposition qui l’a empesché de sortir pendant quelques jours : mais il est entiérement guéri. Le Marquis d’Osséra partit le 30, pour aller à son Gouvernement d’Oran. Le Duc d’Ossone, à cause de quelque excez qu’il a commis envers l’vn de ses
créanciers, a eu ordre de se rendre au Château de Ségovie, et de payer vingt mille ducats qui seront envoyez à Oran. On a eu avis que la flote d’Espagne, qui estoit partie de Cadiz le 13 de Iuillet, avoit paru à la coste de Malaga le 30 du mesme mois.