De Ratisbone, le 4 Fevrier 1683.
Les trois Colléges de l’Empire sont occupez depuis quelques jours, à délibérer sur vn nouveau Decret que la Commission Impériale communiqua le 27 du mois dernier, aux Directeurs des Colléges. Il contient que l’
Empereur
approuve la conclusion des Estats de l’Empire sur les questions préliminaires, dont le résultat est qu’on négociera par écrit avec le
Comte de Crécy
Plénipotentiaire de France : et que Sa
Majesté Impériale
leur recommande en mesme temps, de délibérer sur le point de la seureté publique. Le Collége Electoral persiste dans sa conclusion, qui est d’asseurer la paix de l’Empire, en acceptant les propositions du
Roy Tres Chrétien
: apres quoy et ensuite, on pourra délibérer sur le point de la seureté publique, et prendre les moyens les plus convenables pour s’opposer aux entreprises des Infidéles.
Le Collége des Princes est toûjours d’avis qu’on traite de la paix, conjointement avec le point de la seureté publique, et qu’on reprenne la négociation qui a esté interrompüe à Francfort, par le départ des Ambassadeurs de France. Le Collége Electoral déclare au contraire, que la discussion des interests différents de plusieurs Princes, demandée avec tant d’instance par les Ministres d’Austriche doit estre proposée dans vn autre temps. Mais qu’elle ne peut avoir lieu dans les circonstances présentes : et que si l’
Empereur
veut qu’on entre en négociation comme il l’a déclaré par ses derniers rescripts, et terminer à l’amiable ses différents avec la France, il est nécessaire que ses Ministres travaillent plûtost à lever les difficultez qui peuvent retarder vne paix si nécessaire pour le repos de l’Allemagne, qu’à en faire naistre de nouvelles, sur l’espérance incertaine de quelques conditions plus avantageuses que ne paroissent celles qui ont esté proposées de la part du
Roy Tres Chrestien
. Quelques Ministres ont essayé de terminer ce différent des deux Colléges supérieurs : mais l’vn et l’autre persiste dans son avis, et n’a encore pris aucune résolution contraire à ses premiéres conclusions.