De Ratisbone, le 29 Mars 1683.
Le 20 de ce mois, le Collége des Princes s’assembla : et le Député de l’Archevesque de Saltzbourg, vn des Directeurs, dit que ce Collége apres avoir examiné la derniére Conclusion du Collége Electoral, ne croyoit pas estre encore obligé à changer de sentiment. Qu’ainsi, il persistoit dans sa Conclusion du 26 Fevrier : et qu’il estoit d’avis qu’on devoit, avant toutes choses, délibérer sur le point de la seureté publique. Que cette délibération estoit d’autant plus nécessaire que l’Empire et les Provinces Héréditaires se trouvoient dans le péril inévitable d’estre attaquez par les Turcs, sans qu’il parust qu’on eust pourveu à ce qui estoit nécessaire pour les défendre contre de si püissans ennemis. Cette délibération du Collége des Princes ne fut pas donnée par écrit, selon la coûtume : mais elle fut communiquée de vive voix au Député de Mayence Directeur du Collége Electoral. L’Evesque d’Eychstet donna le mesme jour, au nom de la Commission Impériale dont il est le chef, vn écrit par lequel il exhortoit de la part de l’
Empereur
, les Ministres des Electeurs, Princes et Estats, de prendre les mesures nécessaires pour éviter des dangers si grands, si pressants et si évidents, puis qu’il n’y avoit pas vn moment à négliger. Le 22, le Collége Electoral apres avoir délibéré sur la réponse du Collége des Princes, conclut que comme on ne pouvoit plus douter du püissant armement des Turcs contre la Hongrie, il estoit juste de pourvoir à la seureté de l’Empire : mais qu’il falloit commencer à l’établir par la conclusion de la paix avec la France selon les propositions du
Roy Tres Chrestien
, pour se mettre ainsi en estat de s’vnir contre l’ennemi commun de la Chrestienté. Le mesme Collége Electoral a exposé les raisons qu’il a de persister dans ses précédentes conclusions. On a reçeu ici vn nouveau rescrit de l’
Empereur
, par lequel Sa
Majesté Impériale
représente aux Estats de l’Empire, le pressant danger dont il est menacé par les Infidéles.